température d'été
aimable et vent juste un peu plus fort qu'un souvenir...
mettre en marche carcasse
paresseuse, qui se prétend courbatue, charrier trois robes, quatre
draps, sous ciel radieux, dans la lumière qui perce l'ombre des rues
pour l'adoucir en haut des façades
le potier a récupéré et
installé son établi et puis s'en est allé
les festivaliers sont
remplacés par des paquets de mon âge, écouteur dans l'oreille,
suivant des jeunes femmes qui brandissent de minuscules étendards et
leur donnent des miettes d'histoire en parlant dans une petite boite
et, il n'y a plus trace
d'affiche, sauf dans les petites rues que j'aime prendre.
Ma carte bleue est arrivée
mais, j'aurais dû m'en douter, doit être refaite – ce qui
demandera dix jours, ai pris un peu d'argent pour un marché et pour
reconstituer la somme dépensée pour deux des concerts du tremplin
jazz (juste deux parce que la Fnac ne voulait pas de chèque et que
je n'avais pas assez de liquide sur moi pour davantage, ce qui est ma
foi très bien ainsi...)
lourde, profonde sieste,
aller jeter aux remparts un mois de bocaux de sauces et confitures,
et deux grands sacs de papiers divers,
interroger crâne, et le
risquer dans la lecture de la consigne donnée la semaine dernière
par François Bon pour son atelier d'été,
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4197
tenter d'y penser en arrosant, sortir une de ces photos des retours
nocturnes que j'ai conservées parce que sont ratées, mais que ne les
jette pas... et ne pas en tenir compte, préférer le jour... partir le long d'une rue
avec plein d'idées en tête, qui ne sont pas venues au bout de mes
doigts emportés par la rue, relire, grimacer, envoyer, et aller lire
les contributions des participants (ce que me garde bien de faire
auparavant, de crainte d'être dissuadée de me lancer)
aller
perdu dans la ville
la
rue devant soi comme une perspective sans fin, et il en est de même
en se retournant, l'hésitation avant le choix, et puis avancer,
continuer, interrogation se perdant au rythme des pas, au rythme des
portes, des fenêtres, de la parenté entre les façades et de leurs
différences, dans une absence de lumière, sous ciel lourd, juste à
la limite de la menace, boursouflures rondes sous boursouflures
grises, qui mangent la vigueur des rayons, la rue, les façades, et
puis juste au début le trottinement d'un pigeon, et c'est de pouvoir
le suivre sans trop freiner que se découvre la faiblesse, oiseau
bourgeois en costume d'un roux raffiné, mais il s'est envolé, est
parti, s'est posé sur une corniche, et plus rien que le souvenir de
cette rencontre, et la pierre, le macadam, ce ciel tueur de lumière,
ombre, vie, la petite fièvre qui vient s'installer dans le crâne,
comme un commentaire, monotonie rompue par deux façades sombres, à
gauche, trois façades sombres, quasi noires, à droite, comme des
notes de musique, avant des teintes douces en dégradé d'ocre et de
jaune et avec elles l'impression que vient du point où la
perspective rapproche les deux lignes de fuite en angle aigu, là
devant, une décoloration de l'air, une humidité imaginée, la
certitude que le fleuve est là, certitude qui lutte contre la
tentation de se retourner, la crainte de casser l'espoir - oui la
fatigue et cet idiot désarroi justifient le mot espoir pour marquer
l'issue possible – de casser l'espoir, donc, qui monte, en trouvant
même sensation, alors continuer, raffermir pas vers cette idée
d'humidité, un trou entre les maisons sur la droite, un arrêt, ce
n'est qu'une impasse d'où sort un chien vers lequel tendre une main
mais il s'en va trottant vers le fond, indifférent, ne voyant autre
présence que son but, un peu plus loin, quand ne se distingue plus
sa queue redressée, des branches qui dépassent d'un mur, et même
une grappe de fleurs inconnues, toutes le sont de toute façon, ou
presque, un sourire bref, et puis un malaise, un souvenir, déjà
vues ces branches, ces fleurs, et d'ailleurs voilà de nouveau, une
centaine ou un millier de pas plus loin, et juste à ce moment les
tempes se mettent à battre, les deux façades sombres à gauche, les
trois façades sombres à droite, presque noires, et la certitude
qu'il ne peut y avoir d'issue que devant, ou derrière, et qu'il n'y
en aura pas.
3 commentaires:
Aime ton texte et je vais le garder pour relire tranquillou
merci, mais si tu as le temps (nombreux et souvent plus complexes et riches) devrait aller faire un tour sur les autres textes en suivant le lien
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4197
Les idées viennent en marchant.
Enregistrer un commentaire