m'en suis allée ce matin,
vers la gare, sous ciel bleu profond, dans tiédeur quiète de l'air,
dans l'été adouci
et m'en suis revenue avec
billets pour un saut de puce à Toulon et petite moisson de livres,
réduite parce que le tas diminue très lentement, suis lectrice passionnée souvent, mais volage, en ces jours, et parce que ne puis davantage
pour le moment…
et puis dans l'après midi
ai rouvert ma petite provision de photos ramenées de chez Lambert,
perplexe devant le nombre de choses, belles ou intéressantes
(certaines aussi, illustratives, mais que, désolée, j'apprécie
moins, comme les troubadours ou des impossibles à
photographier, ou des vraiment trop mal captées, ou des tu te
souviens de tout ce que tu as pris ? en
approchant de la fin, ou des rejets personnels), que j'ai, que
je vais négliger, faussant l'idée que l'on peux avoir de
l'exposition, et devant mon incapacité à relier images, oeuvres, et
facettes de la vie de la création de Chéreau.
Alors juste, pour
commencer, parce que là c'est évident, je suis sûre de moi, une
partie de ce qui, dans la grande galerie, accompagnait la reine
Margot et l'affiche montrant
Isabelle Adjani dans sa grande robe blanche maculée de sang,
Anselm
Kiefer, encore, pour mon plus grand plaisir, avec les
reines de France,
un
détail d'une grande photographie prise par Etienne Pottier de Balkan
baroque, performance de Marina
Abramovic - invitée à la Biennale de Venise en pleine
guerre à Sarrajevo, toute de blanc vêtue, elle gravit une montagne
d'ossements sanguinolents. Plus elle se hisse péniblement, plus la
robe se couvre de sang.(Eric
Mézil)
un
portrait de Charles IX par François Clouet et charretée pour le
cimetière une des gravures des désastres de la guerre de
Goya.
Saint Sébastien soigné
par Irène de Francesco Cairo
suivis,
venant comme peuvent, glanées dans les salles sans que je les
rapproche d'une pièce, d'un opéra, d'un film, des images, avec,
juste pour le plaisir, pour faire le lien avec Chéreau, des phrases
extraites de certains des textes du catalogue…
les
têtes coupées en tissu – Heads - d'Erez Israeli gisant
devant les Marat de Yan Pei Ming, qui figuraient, chacun dans
une cellule, lors de l'exposition de la prison.
Patrice Chéreau m'a
poussé vers des personnages, il a eu très vite besoin de noms, les
a cherchés dans les nécrologies de journaux ou dans le bottin.
Nous nous sommes retrouvés avec ces noms, comme des enveloppes
vides, qu'il fallait remplir (Hervé
Guibert – les escarpins rouges dans
La Piqûre d'amour et autres textes - parce
que j'avais oublié de l'évoquer, lui et l'homme blessé – avec, entre autres, manuscrit de ce texte et photos de Cannes)
les drapeaux de
Léon Coignet et la barricade lithographie
de Manet.
les cannibales de
Goya (découverte pour moi, avec cannibales dépeçant
leurs victimes, deux petits tableaux au musée de
Besançon)
….
Nous discutions donc
des corps, de la mort et de la déchéance physique, de Lucien Freud
et de Bacon, de l'hyperréalisme de certains photographes
contemporains... Nous nous demandions combien d'adeptes des arts
visuels aujourd'hui s'intéressent au corps et à ses exigences : au
corps plutôt qu'à l'esprit et aux idées ; au corps en soi, dans
son relatif isolement. - Hanif
Kureish - En filmant «Intimité» dans
Dreaming and Scheming – Reflections on Writing and Politics
femme à la bougie,
combat entre le taureau et le cheval Picasso
– dessin – 24 juillet 1934 - et
La Cuadrilla –
Miquel Barcelo
Untituled – Adel
Abdessemed (2014) devant Mare nostrum photos
(1962/2015) de René Cleiz à partir d'images d'archives du Fonds
Chéreau
La violence de son
siècle n'avait pas défiguré en lui la lumière, les totalitarismes
n'avaient pas désespéré sa soif d'utopie, et il trouvait dans
l'art l'antidote idéal à l'absurdité du monde marchand. Dans toute
son oeuvre, ses doubles et ses fantômes nous rappellent que l'on
peut espérer sans espoir, qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait un
objet pour qu'il y ait une quête, que le désir ne peut être avili
par les nouvelles formes de domination.. Olivier Py
She Never Told Her Love
– Henry Peach Robinson 1857
Kerze n°511/1 de
Gerhard Richter 1982
Il était
particulièrement sensible au mouvement de la lumière, à son
rythme, sa durée. La nuit n'est nuit que si elle succède au jour,
dans un temps théâtral à inventer. Le geste de sa main
accompagnait l'arrivée de l'obscurité ou l'inverse, la modification
d'une teinte, le passage d'un nuage ou le surgissement d'un éclat.
Indications à la fois impressionnistes et musicales avec lesquelles
nous construisions ensemble sur le vif des répétitions –
Dominique Bruguière à propos
de leur travail commun, notamment pour Phèdre et Elektra
The Morgue de
la superbe série d'Andres Serrano
Gisant fusain
d'Adel Abdemessed
Tu es le vent. Je
t'avais donné cette phrase que tu avais fait tienne – j'en suis
encore si heureux -, elle me revient comme une force que sait aussi
donner le silence : l'avenir, c'est du désir, pas de la peur. Je
t'écris - Thierry Thieû Niang
et,
sous les combles – le petit escalier a gardé sa peinture vert
clinique et ses sentences -, en souvenir d'une visite faite avec
Chéreau de l'exposition de la collection à la Villa Médicis, Eric
Mezil a installé sous le rampant, face à une série de photos de Nan Goldin, dans
le couloir, l'installation de Claude
Lévêque, le néon sans fin glissant dans Il Grottone qu'il adorait
car les illusions les plus simples l'ont toujours guidé sur scène
pour faire voyager le public.
Redescendre,
et, après une évocation de Ceux qui m'aiment prendront le train
avec le songe de Joseph de Georges de La Tour et la photo
par Nan Goldin de deux garçons dormant dans le train qui s'en va vers
Avignon, c'est un passage de miroirs menant à la jonction en béton
(assez brutaliste vue de l'extérieur) vers l'ancienne école d'art
dans l'hôtel voisin, que j'ai parcourue à grands pas, aussi grands
que me le permettait la fatigue qui commençait à me gagner, avec
ses salles totalement retaillées et une partie des oeuvres de la
collection. En ai ramené quelques images que je garde pour un autre
jour.
7 commentaires:
Beau retour sur l'expo Patrice Chéreau... Olivier Py sait montrer ce qu'il entend aussi mettre en scène.
oui, il a rempli le contrat : rendre hommage, brièvement et bien
À propos des Trois drapeaux :
http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=451
merci
j'en apprends toujours avec toi
Merci pour les drapeaux !!
..et personne ne parle de ta robe azur ..alors...
ai répondu à ta question sur la mouette.
merci, je vais voir
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