Je me suis retournée dans
la grande-rue pour un adieu à la cathédrale, et suis partie parallèlement à la colline,
hésitant un instant à
visiter une exposition de dessinateur dans la chapelle du grand
couvent (Bénédictines – 17ème) mais avec si peu de conviction
que j'ai poursuivi
avec un arrêt souriant au
nom et au charme d'une petite rue faite pour moi,
jusqu'à la porte
d'Avignon, seul vestige de fortification, et, à côté, au Musée
archéologique qui occupe la chapelle de l'ancien Hôtel Dieu, dans
laquelle j'ai passé le nez, mais guère plus – un jour où n'étais
pas vraiment en veine de visite, et puis je m'étais intéressé la
veille à la famille Jouve, aux collections etc...
http://www.musee-archeologique.org/hotel-dieu/fr/presentation-du-musee
et j'étais plus intéressée par l'autre musée de la ville.
Alors, après m'être un
moment baignée de vent et de soleil devant la place, suis revenue
sur mes pas jusqu'à la rue Castil Blaze (à gauche sur le plan) le
bâtiment à arcade des dominicains
et, faisant le tour de la
Carrière (la carriera est la rue en provençal, et c'est le nom qui
a été donné dans le Comtat aux îlots de logements – une rue à
l'origine – réservés aux juifs, l'équivalent du ghetto)
http://www.cavaillon.org/juif-comtadin/fr/la-carriere
j'ai suivi la rue Hébraïque, jusqu'à la synagogue, le balcon
longeant la salle de prière au premier étage, puis passant sous la
voute, j'ai attendu
devant la façade sur la
rue Chabran et sa douce tour, avec un très sympathique couple
étranger (parlaient français avec un léger accent, étaient grands
et beaux comme des gens du nord, un peu plus jeunes que moi) qu'il
soit seize heures, que la jeune femme chargée des visites ouvre sa
petite boutique billetterie (moi j'avais déjà mon billet depuis ma
visite éclair à l'Hôtel Dieu) et que la visite commence
par la salle de prière
réservée aux hommes, ses couleurs tendres, son baroque exubérant,
cousin de celui des églises de l'époque (architecte : une des
professions interdites aux juifs d'alors) et son agencement inhabituel et typique du Comtat, avec aussi cette salle
basse, boulangerie et salle de prière réservée aux femmes, comme à
Carpentras, les communautés, très réduites au moyen-âge, ayant
plus que triplé sans que l'espace réservé s'accroisse – le
plancher, très mince, et pas tout à fait jointif, permettant au son
de circuler d'une salle à l'autre, au point que les conversations
féminines entraînaient la protestation des dignes pères de
famille. Beaux échanges de questions, réponses, suppositions,
étonnement pour le couple plus au courant que moi des rites devant
la disposition étrange des lieux
http://www.cavaillon.org/juif-comtadin/fr/la-synagogue,
interrogation, devant la taille du fauteuil d'Elie perché sous le
plafond en attente de son éventuelle venue, sur son utilisation pour
les circoncisions – devaient se pratiquer à domicile sur des
enfants très jeunes par souci de discrétion et pour éviter qu'ils
soient raptés et baptisés, selon la jeune femme – échanges si
sympathiques et vifs que n'ai guère insisté sur les photos
et que je les ai
splendidement loupées (seul surnageaient à la rigueur le sol et la
table à pétrir le pain azyme) dans la salle basse, beaucoup plus
émouvante, un peu comme une chapelle romane, surtout nos petites
chapelles à une nef, qui parle plus immédiatement recueillement,
instinctivement, qu'une nef gothique ou plus encore une église
baroque.
Salle basse dans laquelle
des panneaux montrent les fouilles (abandonnées actuellement) dans
une cave privée où se trouve le Mikvé
http://www.cavaillon.org/juif-comtadin/fr/le-bain-rituel
et où sont exposés les quelques objets, les livres, de la
collection réunie et quatre ou cinq dalles de l'ancien cimetière
(si vous désirez cliquer à gauche à partir de
http://www.cavaillon.org/juif-comtadin/fr/presentation
et pour un résumé de l'histoire de la restauration et du musée (la
synagogue n'étant plus en service) sur Wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Synagogue_de_Cavaillon
(la jeune femme a un petit
espoir de nouvelles découvertes grâce à une réfection de
canalisations d'évacuation dans la rue)
et, comme mon but premier
était satisfait, comme je commençais à avoir fortement envie de
repos, suis revenue en flânant par la rue du Commerce, la rue
Poissonnière avec, après une jolie cour, son trottoir couvert, en
longeant à nouveau l'hôtel de ville, en hésitant devant des cafés,
en m'arrêtant devant des
détails, en goûtant la lumière sur la peau simple des maisons, en
admirant un groupe de muriers,
vers la gare, le train
et Avignon qui, soudain,
m'a semblée éminemment Ville.
9 commentaires:
Merci pour cette belle visite, il n'y a pas que du melon à cavaillon !
Heureusement, il reste des synagogues et des lieux qui furent fréquentés avec foi et peut-être espoir en l'avenir...
mais celle-ci n'est plus que souvenir sans piète ni Torah
Un bel reportage ensoleillé d'histoire.
J'aime cette rue - sa dénomination s'entend - de l'Oubli.
Merci. Je n'avais fait que passer en cette ville. Regrets.
Emue de remettre ces images en souvenir très présent par tes commentaires courts et pointus comme j'aime! cela fait du bien
Merci Belle Dame
Une autre ville, si proche
et dont je ne connais rien.
Merci pour cette ballade dans cette partie des villes (quartier Juif)
qui est si souvent d'une unité très forte (et pour cause, il devait pouvoir être bouclé et n'avait donc souvent qu'une seule issue)
et ces photographies qui en rapprochent.
grand merci à toi
J'ai honte d'avouer que je n'ai jamais pris le temps de visiter Cavaillon, je n'ai fait qu'y passer.
pas de raison d'avoir honte..
moi il m'a fallu dix ans pour céder à une vague envie de découvrir les décors baroques des synagogues de Carpentras et Cavaillon (et pour la première n'avais pas cherché à connaître les horaires)
et du coup ce qu'il y a autour… et puis avais besoin de bouger un poco, pas trop
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