commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, septembre 27, 2015

Jour agréablement creux dans l'entre deux

ciel bleu clair, voiles blancs déchiquetés, douceur qui s'attarde
les plate-bandes de la ville se racontent des histoires de jungle
mais je me dis que temps il est, vraiment de faire muter ma penderie.. en descendant, mettant nez dans housses…
Les rues de la ville sont sillonnées par des cornacs suivis, en cette saison, de groupes de petits vieillards – ma foi, il y en a un qui tient le coup - de mon âge, et je me dis qu'il n'est pas bien de rapter l'image de ses semblables.. mais le fais
Et pour continuer à ne pas tenir compte des ordres ou remontrances que me donne, je baisse les bras, ce jour encore, devant le programme garde-robes, et me plonge dans un polar.. jusqu'à vouloir, le soir, extirper quelque chose de mon crâne pour Paumée et réaliser que, non, vraiment pas…
Alors je récupère un parasol, je le plante, je demande qu'on lui imagine un autre cadre, et recopie ma contribution – je prends conscience de son côté laborieux, tant pis, j'assume – à la proposition n°7 – distensions du temps – de l'atelier d'été de François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4219
Elle regarde le café liégeois, cuillère en suspens, mais ses yeux, involontairement, dérivent, même si elle se veut neutre, vers la droite, le bout du quai, la préfecture maritime qui n'existait pas, là, dans son enfance, quand la suprême récompense était d'aller manger des glaces chez celui qui est, selon son correspondant, le fournisseur de ce café où elle est venue – parce que tu verra, ce serait bien que tu sois là à ce moment... le moment restant flou, comme l'éventuel événement ou incident – elle cherche, tâtonne vers le souvenir : quel était son choix à l'époque, se souvient juste qu'elle refusait la bananasplit parce que depuis toujours elle déteste ça, la banane, et d'ailleurs le lien est coupé, c'était à l'angle d'une petite rue, dans la ville - est-ce que ces immeubles sur le port existaient.. elle se souvient de la controverse les concernant, mais n'arrive pas à décider si elle était antérieure à leur édification.. une chose certaine la mairie n'était pas là, et les cariatides de Puget étrangement plaquées maintenant – un maintenant déjà ancien, mais elle ne sait plus à quel point - sur ce cube, flanquaient encore la porte de l'arsenal. Elle ne veut pas guetter ce qui viendra peut-être, d'ailleurs en réalité elle s'en moque un peu, elle refuse attente ou appréhension, elle n'est là que pour se conformer, et puis pourquoi pas. Des mots indistincts roulent sur l'eau jusqu'à elle, annonce, ordre, sortant d'un haut-parleur sur l'un des bateaux de la marine, dans la darse voisine. Elle prend sa cuillère, la coupe de glace doit être maintenant à la température qu'elle aime, commençant à être contaminée par l'air ambiant. Elle plonge la cuillère vers le fond de la tulipe de verre, la glace au café est encore un peu trop ferme, petit agacement, souvenir du plaisir, sur le port de Bandol, de la superposition d'un granité café, cristaux à la limite du liquide, d'une crème glacée à la vanille et de la chantilly, du jeu entre les textures et de leur mélange, de l'idée des amis qui viendraient le soir manger sa bouillabaisse. Elle remonte légèrement dans le verre, cueille un peu de vanille, la cuillère émerge en évitant la chantilly à garder rituellement pour la fin, elle ralentit, elle arrête presque son geste parce que soudain c'est une de ces fins d'après-midi à la petite terrasse du Publicis de Saint Germain des Prés, la dégustation distraite d'une coupe Ras-le-bol, ou plutôt le jeu consistant à effriter les boules de glaces sans que se rompe l'équilibre des meringues, yeux sur les voitures qui s'arrêtent au feu, démarrent, tournent vers la rue Bonaparte, sans les voir, dans un temps neutre qu'elle a décidé d'arrêter pour rendre interminable cette vacance gagnée en fin de semaine sur le déroulement solitaire des jours de travail. La cuillère atteint sa bouche, la glace à la vanille est étonnamment bonne, parfumée, elle en goûte lentement la saveur en regardant s'élargir la bande d'eau libre entre le quai et une vedette chargée de touristes. Elle risque un coup d'oeil sur la gauche, revient à la glace.

9 commentaires:

Marie-christine Grimard a dit…

Merci pour la dégustation et les derniers goûts de l'été, laissons les manteaux dormir encore un peu ...

Brigetoun a dit…

oh les manteaux j'en ai deux de pendus au milieu des teeshirt et blouses larges pour laisser circuler le vent - mais manquent les chandails

Dominique Hasselmann a dit…

Le temps est en effet une guerre... de sécession.

Brigetoun a dit…

et qui n'en finit pas

arlette a dit…

Roule la boule de glace en avalanche d'instants connus et reconnus de Bandol à St Germain Mon délice était "Le Mont Blanc" vanille et crème de marron, meringue
Plus jamais retrouvé ce goût là

Brigetoun a dit…

délice des soeurs parce que j'avais quatre dégouts (ai gardé) viande, marron, banane, semoule

jeandler a dit…

"la cuillère en suspend " et le temps revient comme en boucle, incertain mais précis, tandis que déliquescente la crème Chantilly s'affaisse doucement et s'écroule, le temps passé s'évaporant, et que reste-t-il à la fin pour les petits oiseaux que le vent emporte ?

Brigetoun a dit…

la tuile ou la crèpe bretonne s'il y en avait, et éventuellement les amandes ou noisettes

Gérard a dit…

Il y a la queue devant les douceurs de la Dame Blanche.