ciel
bleu clair, voiles blancs déchiquetés, douceur qui s'attarde
les
plate-bandes de la ville se racontent des histoires de jungle
mais
je me dis que temps il est, vraiment de faire muter ma penderie.. en
descendant, mettant nez dans housses…
Les
rues de la ville sont sillonnées par des cornacs suivis, en cette
saison, de groupes de petits vieillards – ma foi, il y en a un qui
tient le coup - de mon âge, et je me dis qu'il n'est pas bien de
rapter l'image de ses semblables.. mais le fais
Et
pour continuer à ne pas tenir compte des ordres ou remontrances que
me donne, je baisse les bras, ce jour encore, devant le programme
garde-robes, et me plonge dans un polar.. jusqu'à vouloir, le soir,
extirper quelque chose de mon crâne pour Paumée et réaliser que,
non, vraiment pas…
Alors
je récupère un parasol, je le plante, je demande qu'on lui imagine
un autre cadre, et recopie ma contribution – je prends conscience
de son côté laborieux, tant pis, j'assume – à la proposition n°7
– distensions du temps – de l'atelier d'été de François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4219
Elle regarde le café
liégeois, cuillère en suspens, mais ses yeux, involontairement,
dérivent, même si elle se veut neutre, vers la droite, le bout du
quai, la préfecture maritime qui n'existait pas, là, dans son
enfance, quand la suprême récompense était d'aller manger des
glaces chez celui qui est, selon son correspondant, le fournisseur de
ce café où elle est venue – parce que tu verra, ce serait bien
que tu sois là à ce moment... le moment restant flou, comme
l'éventuel événement ou incident – elle cherche, tâtonne vers
le souvenir : quel était son choix à l'époque, se souvient juste
qu'elle refusait la bananasplit parce que depuis toujours elle
déteste ça, la banane, et d'ailleurs le lien est coupé, c'était à
l'angle d'une petite rue, dans la ville - est-ce que ces immeubles
sur le port existaient.. elle se souvient de la controverse les
concernant, mais n'arrive pas à décider si elle était antérieure
à leur édification.. une chose certaine la mairie n'était pas là,
et les cariatides de Puget étrangement plaquées maintenant – un
maintenant déjà ancien, mais elle ne sait plus à quel point - sur
ce cube, flanquaient encore la porte de l'arsenal. Elle ne veut pas
guetter ce qui viendra peut-être, d'ailleurs en réalité elle s'en
moque un peu, elle refuse attente ou appréhension, elle n'est là
que pour se conformer, et puis pourquoi pas. Des mots indistincts
roulent sur l'eau jusqu'à elle, annonce, ordre, sortant d'un
haut-parleur sur l'un des bateaux de la marine, dans la darse
voisine. Elle prend sa cuillère, la coupe de glace doit être
maintenant à la température qu'elle aime, commençant à être
contaminée par l'air ambiant. Elle plonge la cuillère vers le fond
de la tulipe de verre, la glace au café est encore un peu trop
ferme, petit agacement, souvenir du plaisir, sur le port de Bandol,
de la superposition d'un granité café, cristaux à la limite du
liquide, d'une crème glacée à la vanille et de la chantilly, du
jeu entre les textures et de leur mélange, de l'idée des amis qui
viendraient le soir manger sa bouillabaisse. Elle remonte légèrement
dans le verre, cueille un peu de vanille, la cuillère émerge en
évitant la chantilly à garder rituellement pour la fin, elle
ralentit, elle arrête presque son geste parce que soudain c'est une
de ces fins d'après-midi à la petite terrasse du Publicis de Saint
Germain des Prés, la dégustation distraite d'une coupe Ras-le-bol,
ou plutôt le jeu consistant à effriter les boules de glaces sans
que se rompe l'équilibre des meringues, yeux sur les voitures qui
s'arrêtent au feu, démarrent, tournent vers la rue Bonaparte, sans
les voir, dans un temps neutre qu'elle a décidé d'arrêter pour
rendre interminable cette vacance gagnée en fin de semaine sur le
déroulement solitaire des jours de travail. La cuillère atteint sa
bouche, la glace à la vanille est étonnamment bonne, parfumée,
elle en goûte lentement la saveur en regardant s'élargir la bande
d'eau libre entre le quai et une vedette chargée de touristes. Elle
risque un coup d'oeil sur la gauche, revient à la glace.
9 commentaires:
Merci pour la dégustation et les derniers goûts de l'été, laissons les manteaux dormir encore un peu ...
oh les manteaux j'en ai deux de pendus au milieu des teeshirt et blouses larges pour laisser circuler le vent - mais manquent les chandails
Le temps est en effet une guerre... de sécession.
et qui n'en finit pas
Roule la boule de glace en avalanche d'instants connus et reconnus de Bandol à St Germain Mon délice était "Le Mont Blanc" vanille et crème de marron, meringue
Plus jamais retrouvé ce goût là
délice des soeurs parce que j'avais quatre dégouts (ai gardé) viande, marron, banane, semoule
"la cuillère en suspend " et le temps revient comme en boucle, incertain mais précis, tandis que déliquescente la crème Chantilly s'affaisse doucement et s'écroule, le temps passé s'évaporant, et que reste-t-il à la fin pour les petits oiseaux que le vent emporte ?
la tuile ou la crèpe bretonne s'il y en avait, et éventuellement les amandes ou noisettes
Il y a la queue devant les douceurs de la Dame Blanche.
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