Paumée, je sais, j'avais
décidé que tu resterais fermé. Que, si l'envie me venait de revenir
occuper un petit coin d'internet ce serait dans un nouveau cadre.
Mais voilà, suis incurable et depuis deux ou trois jours l'envie me
revenait (peut-être sans que la publication quotidienne soit une
obligation) et je t'ai inventé des petits frères (le plus abouti
avait nom opus incertum mais
bof ! Sans te comparer avec une paire de pantoufles – d'ailleurs je
n'aime pas ça – je préfère me retrouver dans ton espace, m'est
confortable, sécurisant.
Alors
ma foi je te reviens... si c'est ridicule, j'y suis habituée..
aimais même cela en ma jeunesse, dans le souci d'être vue. Et me
suis couchée hier décidée à m'en aller vers plusieurs endroits
ouverts dans la ville au nom du patrimoine, un peu plus excitants que
ceux qu'aime et connais, avec dans mon sac un appareil photo, d'où,
quel que soit l'intérêt pour autre que moi de la récolte,
l'évidence de les poser ici.
Réveil
douloureux, renoncement, et puis les nausées s'espaçant peu à peu,
m'en suis allée vers l'ancien tri postal, ce lieu qui a déjà
depuis plusieurs années une belle vie, projets, efforts, espoirs se
mariant, tentant de se combiner, tentant d'advenir, de devenir
possible, friche encore en cours, et que j'avais découvert la
veille, me plongeant, sans sauter un mot, une photo, un rapport, dans
le site regroupant le projet (assez ancien
pour être avancé, encore fragile : trouver financement pour l'achat
du foncier, même si Réseau Ferré de France est extrêmement
modéré dans sa demande, arriver à faire fonctionner les diverses
organisations, déterminer le statut etc.. si vous le désirez jetez
un coup d'oeil à partir de la colonne de droite pour suivre l'évolution du projet et les différents articles pour les spectacles, repas, concerts, réunions, arrivées d'associations, résidences, vente aux enchères etc. qui constituent le passé déjà assez riche de ce qui voudrait ne pas rester utopie et que j'aurais peut-être suivi si je lisais un peu plus la presse locale)
http://tripostal.over-blog.com
(et bien entendu, au risque de submerger les quelques vaillants
fidèles qui retrouveraient le chemin de Paumée, malgré ce que
j'écoutais, ce que je disais, et l'intérêt que j'y prenais, trop
de photos ai prises)
Négliger l'Oratoire, Calvet, le musée Requiem, la collection Lambert qui attendaient leurs visiteurs, franchir les remparts..
Quelques pas et, derrière
le Grand Hôtel, en arriver à ce qui fut le tri postal, derrière
les voies, au bout des quais.. (terrain de 66 370 m2, dans le secteur
protégé par les Monuments historiques – bâtiment sur trois
niveaux, trois plateaux de neuf cents mètres carré chacun, hauteur
sous plafond de cinq mètres), la cour et une partie du rez de
chaussée étant occupée depuis une dizaine d'années par le CASA
(collectif d'association des sans-abris) après plusieurs autres
implantations, qui y a créé la villa Médicis lieu
d'hébergement mais aussi de rencontres
Les personnes ayant des
pratiques addictives (alcool et produits divers) sont acceptées, ce
qui induit une possibilité (inscrite dans la charte, donc parlée et
discutée) de consommation individuelle (sans prosélytisme et
compatible avec la vie du groupe). Cette action, qui dans un premier
temps revêt un caractère expérimental, ne se situe pas seulement
sur le registre de l’insertion, mais se veut davantage un espace
communautaire porteur, évolutif, s’autorégulant en fonction des
rythmes et désirs de ses occupants. En dehors du simple fait d’y
trouver chaleur et stabilité, la Villa Médicis est un espace
d’initiative, faisant appel à l’inventivité et projets de
chacun, à la recherche d’un équilibre pour vivre et agir
qui a rejoint le HAS (Habitat alternatif social de Marseille)
Entrer dans la cour, en
passant entre le bâtiment du tri et la cabane qu'a installé, au
moment de son étude de faisabilité en 2014, étude financée par
l'ANAH et la ville d'Avignon (le rapport remis le 24 avril 2015
http://www.perou-paris.org/pdf/Actions/FaireLeTri_PEROU-NAC_avril2015),
l'équipe constituée par le NAC (notre atelier commun) et le PEROU
(pôle d'exploration des ressources urbaines)
et retrouver les quelques
personnes désireuses de suivre les explications de deux
responsables, auprès de la cuisine en plein air, équipée à partir
d'éléments et meubles (des sièges aussi, de différents modèles,
et en très bon état) récupérés à Marcoule lors d'un des
réaménagements par le CEA (ils sont partagés entre le plaisir de
l'aubaine et l'indignation de voir jeter aussi facilement des
équipements), écouter les échanges en promenant mes yeux…
et puis visiter, avant d'aborder le bâtiment du tri, qui est surtout à l'état de promesse, l'accueil
de nuit (pour une douzaine de personnes) installé dans des algecos
libérés par le CASA
gravir moi
aussi je vous aime et
pénétrer, accueillis par l'un des panneaux de Joris Brantuas,
artiste en résidence, dans l'impressionnant espace du rez-de
chaussée (projet : un atelier/bidouille de création et fabrication,
bricolage, artistes, etc.. se prolongeant dans la cour, la plateforme
CASA/HAS et, au fond la cité des bébés
une crèche
accueillant un tiers d'enfants handicapés)
et
visiter, dans un angle, le musée des
sans abris qui
s'y est installé, avec de mini-installations regroupant un ou
plusieurs objets choisis par un sans-abri et le texte qu'ils lui ont
inspiré,
comme, entre autres, cette
assiette, son contenu et le texte de Denis
et ce petit animal rose
foncé choisi par Janine et son petit texte intitulé Hippopotame
rose
Je suis une petite
hippopotame rose,
toute douce.
J'ai été offerte à
Cléo par une copine de galère
partie vers d'autres
horizons.
Peut-être un peu plus
roses.
Je représente la
tendresse, la douceur, dont chacun et chacune a besoin.
Dans ce monde de
brutes, de la rue.
Monter
vers le superbe et lumineux espace du 1er étage où avaient lieu
l'ouverture des sacs postaux débarqués du train et le tri du
courrier
Il est
prévu un grand espace pour des spectacles mais pas uniquement, et
une zone de bureaux pour les associations. Bureaux qui sont déjà
pour certains installés dans des petits espaces bricolés, le fond
étant occupé par l'entreposage de matériel et mobilier divers et,
provisoirement, par le travail d'une jeune plasticienne qui manquait
de place.
De
nouveau l'escalier, vers le deuxième étage,
qui,
étant celui des bureaux, est déjà cloisonné, et dont la hauteur
est réduite par un faux-plafond, en partie déposé pour une mise
hors d'eau urgente
Brigetoun
s'est faite frémissante, arpentant ce qui doit devenir des
logements, des idées venant, se modifiant, partant, floues, comme
l'est encore le projet qui est en partie conditionné par la source
des financements à trouver (la mairie ne pourra financer le gros
chantier d'aménagement... son soutien est actuellement
enthousiasmement moral, et elle n'envisage pas – à leur grand
regret – de trouver, au moins pour le moment, la beaucoup plus
modeste somme demandée par Réseaux ferrés de France pour acquérir
le bâtiment)
Plaisir
du balcon, de la vue sur les voies (hé oui)
et
passer dans la cabane pour m'inscrire afin d'être avertie des
activités et, d'éventuellement, dans la mesure de mes forces, être
petite main quand le pourrais.
Retour, plaisanteries avec vendeuses de Cotelac, déjeuner rapide
avec des projets de conférence et lecture pour l'après-midi,
projets lâchement abandonnés pour que carcasse en finisse avec son
caprice.
Paumée,
je te promets, sincèrement pour le moment, d'être moins prolixe si
je continue.
14 commentaires:
nous aussi on vous aime
MERCI
Grand merci pour ce retour !
welcome !
"se voir récidiver sans fin, cela vous rempli d'aise" (Molloy)
Plaisir de pouvoir te relire. Article très intéressant. Merci.
On s'y attendait quand même...
Finalement, l'abandon du tri postal créée de l'art. La lettre n'est pas morte !
j'avais suivi les déboires de CASA à la recherche d'un lieu il y a dix ans, mais suis passée à côté de cet endroit qui regroupe sous leur égide les amateurs de récupération alimentaire, une fanfare d'amateurs assidus, un atelier de réparation de vélo, des utopistes de tous poils
vais tenter de suivre un peu, faute de pouvoir être utile
Magnifique!
ah quelle belle surprise de vous relire à nouveau !
merci pour eux
Je venais tous les jours ....MERVEILLE de te retrouver
Espace ami pour les ...utopistes bel article Merci
Une remontée en apnée.
Oui, on retient son souffle pour atteindre les hauts-fonds.
merci
Bon Jour du retour
mh
Pour ton retour tu n'as pas fait semblant
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