Jeudi, ciel clair la
plupart du temps avec quelques nuages et une petite averse dans
l'après-midi, froid s'installant... Brigetoun s'est faite petite
vieille cloîtrée,
rangement, repassage,
lutte avec sol, balayage de la cour, grattage des cadeaux des pigeons
jusqu'à me retrouver cassée en deux, main plaquée sur le dos, un
peu sous la taille... et continuer le jour entre discussion du budget
assaisonnée de tri de photos prises au Cloître Saint Louis et
parcours à la suite des pérégrinations de Charles Dickens, le
voyageur sans commerce
Le petit oiseau et moi
nous étions séparés aux environs de quatre heures du matin,
lorsqu'il était descendu à Arras, où il était attendu à la gare
par deux chapeaux ecclésiastiques, ayant un aspect ornithologique
tout à fait adapté et l'air de corbeaux.
Or
donc, pour continuer avec mon incursion, mercredi, dans le Parcours
de l'art, au premier étage du cloître Saint Louis, ai retrouvé, au
début de la grande salle, le travail de Christine Tchouhadjian, déjà
rencontré au Centre Européen de Poésie
http://brigetoun.blogspot.fr/2015/10/pour-les-yeux-et-les-oreilles.html
avec
ses colonnes de papiers en écorce, ou ses souches feuilletées de
mots
mais
aussi des cocons, pressés jusqu'à devenir presque unicolores,
plantés sur des branches
Plus
loin, dans la salle, les yeux rencontrent, avec un recul instinctif
mâtiné de curiosité, un grand cône noir, comme un tas de
poussière de charbon et débris
et, bien entendu, me suis
approchée, le refus heurté s'effaçant devant la douceur légèrement
comique de cette forme, me suis penchée, ai vu un entrelacs de
minuscules lanières, me semblait-il, un peu ternes, mais si pressées
que donnaient l'impression d'une surface grenue, vernissée, un fouet
de lanière émergeant près du sommet, comme une écharpe barbare
jetée sur une épaule, et puis ces pieds qui émergeaient et la
petite note rose des ongles.
Aller vers le mur,
chercher, trouver un cartouche qui dit Céline Cadaureille, Fantôme,
cuir bois et pieds moulés
et
là, contre le mur, entre les fenêtres, il y avait une série de
petites sellettes portant des formes arrondies, vaguement sensuelles,
des idées de seins, de ventres, piquées de cabochons, enserrés de
lanières comme des bondages, piquées d'épingles comme un chignon,
déformées par des pinces à linge que je retrouve sur son site
http://www.celinecadaureille.fr/oeuvre/je-taimemoi-non-plus/
avec cette légende
Série en faïence
tournée, rassemblant des gestes d’une tendre cruauté et
présentant divers accessoires. Parodies et pratiques SM sur vases et
pots de potier.
et,
dans les textes de critique reproduits
L’alliance de
matériaux contradictoires dans leur nature et leur aspect confère à
l’objet un caractère ambigu, oscillant entre la chaleur des
entrailles et l’inertie de la sculpture, entre l’offrande d’un
corps s’ouvrant dans son organicité et l’agressivité de sa
défense. (Michel
Métayer) ou Refusant tout effet de
sublimation – ce qui n’empêche pas l’impeccabilité –
l’artiste crée une œuvre de défi et de challenge constant face
aux lois des hommes. L’artiste ne leur fait pas de cadeaux. Elle se
sert de l’art et de l’humour contre la mort et le drame.
(Jean-Paul
Gavard-Perret)
En
face, sur le mur qui sépare la salle du couloir, entre les arcades,
se succèdent les belles photos (dont j'ai totalement loupé la
capture, les cadrant à la va comme je te pousse, faute de regarder
ce que faisait mon appareil)
de
Françoise Hillemand (Paris) http://www.fh-photographie.com
(me suis promenée dans sa galerie d'où une vague envie, que
réaliserai peut-être, d'aller voir ses photos de voyage exposées à
la librairie-salon de thé «l'Ami Voyage... en Compagnie» mais pour
une raison inconnue l'endroit m'a toujours intimidée)
Sur
le catalogue … exprimer le souvenir
d'un paradis, la nostalgie de l'avoir quitté. Arraché à un moment
de bonheur, on repense avec mélancolie à ces doux instants qui
s'éloignent... Etait-ce un rêve ou une réalité ?
Le
fond de la salle est dédié à Pauline Le Duc (Toulouse) http://www.paulineleduc.com
avec cette grande chute blanche cotonneuse qui attire les yeux
(et
là, jeudi, en me levant pour aller boire une gorgée de thé et
prendre un bonbon à la réglisse plutôt qu'un cigare je vois que ma
cour est trempée, il a plu... bon reviens au fond de la galerie du
cloître) s'approcher, suivre des yeux, avec le plaisir de la matière
les boudins de mousse, laine et fils de Rhizome
Sur
le mur extérieur, où j'ai trouvé l'indication de son nom, elle
expose une série de petites encres (rouge) sur papier (blanc)
intitulées espaces internes
idées d'organes et, pour moi, séduction..
Je questionne à la
fois le rapport entre la matière et la forme, ainsi que l’évolution
et l’hybridation des matières, un peu comme une métaphore du
vivant. Comme l’idée de «vivant» est très vaste, j’axe mon
travail sur l’idée de fragment, je ne cherche pas à faire quelque
chose qui soit illustratif.
Par exemple, le motif
«veineux» est assez récurent dans mon travail, c’est aussi un
motif propre à tous les genres vivants. On le retrouve dans les
feuilles, les racines, les veines, les vaisseaux d’un corps… Je
propose souvent un jeu de regards sur des choses familières qui
peuvent provoquer un effet d’attraction/répulsion, ou du moins une
tension (fragment d'un entretien
sur son site)
et
puis, en revenant sur mes pas, cette composition très élaborée de
plumes gisant en un riche amas qui dit tendresse, chaleur et aussi
abandon, et de petites branches mortes qui en jaillissent, ou qui les
auraient accrochées, transpercées.. et j'ai presque cherché autour
de moi les troncs d'un boqueteau. Cette
pièce s’adapte à chaque installation à une nouvelle branche
d’arbre créant ainsi un «organisme» dont la forme évolue dans
le temps.
Enfin,
dans le couloir, face aux carrés, aux couleurs de Ségolène Perrot,
sont exposées entre les arcades une première série de photos de
visages aux yeux clos, comme immergés, oeuvres de Amaral &
Barthes (Audrey Barthes et Michel Amaral, première présence
masculine à cet étage, Marseille) http://www.barthesamaral.com
Armand
& Barthes qui exposent aussi à la Livrée de Viviers (je devrais
vraiment y aller) et que j'ai retrouvés, avec des photos sur fond
bleu clair, mouvant comme de l'eau, de visages fixant le spectateur,
au deuxième étage, létage qu'au risque de faire fuir par ce
ressassement, je garde pour demain... le temps de prendre décision
devant des photos navrantes.
6 commentaires:
Espère que le mauvais vent glacé ne l'emportera pas .... (Com)
Dans cet univers insolite Merci pour le tout détaillé
Merci pour la visite, on croit y être!
Merci pour toutes les photos, écorces, veines, racines, portraits et surtout pour les mots !
Vraiment, on trouve tout, à Avignon !
euh ! ça dépend, du moins dans le centre, pour des vis, du produit pour nettoyer les fers à repasser etc.. pas si facile - sourire
de l'insolite pour le moins
Enregistrer un commentaire