J'avais cru comprendre que
nous devions avoir temps radieux, ai pourtant endossé mon ciré
parce que, après douche et deux tasses de café, j'étais un rien
frissonnante, mal entrée dans la lucidité que demande un jour neuf,
et, plus encore quand me suis sortie sous ciel blafard, me sentais un
peu fluctuante.. avançais roulant un peu sur mes pieds qui avaient
choisi l'option enflés, dans l'imprécision de mon regard que je
pensais endormi.. jusqu'à ce que, à l'horizon de la rue Saint
Agricol le clocher de Saint Pierre et son évanouissement me dise
brume (malheureusement il ne
sait pas parler vietnamien, j'aime la poussière de pluie ou mura bui - traduction trouvée sur mon "mur" Facebook - évoquée
par Arnaud Maïsetti
http://arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article1591).. et j'ai continué d'un pas rassuré et raffermi vers les
halles.
Les cèpes étaient
somptueux, ai découvert avec curiosité la rondeur des amanites de
César, les kakis éclataient de rouge,
mais j'en suis restée
sagement aux reinettes, au céleri rave, au vert sage des Louise
Bonne et aux patates... ai réservé ma gourmandise à un quart de
coulommiers au bord de l'abandon et un morceau de bleu des Causses
bien gras.
Comme, devant la lippe et
l'oeil méprisants du Saint Pierre, me suis contentée d'un filet de
lieu noir et de quelques sardines de notre mer…
Le monde se faisait plus
net, mais toujours très blanc, sur le chemin du retour, ai tenté de
me persuader que les chalets en quelque chose comme du bois verni que
des gars couvraient de tôle ondulée peinte en brun en pur plastique
étaient un tout petit peu moins laids que la version blanche de
l'année dernière, ai repensé avec la nostalgie de l'âge aux Noëls
de mon enfance où eux et les sapins enguirlandés n'étaient pas
encore venus du nord nous coloniser (me sens vieille réactionnaire
par moments) et suis rentrée me préparer un trop gros déjeuner,
avant de sortir un moment dans la cour, de constater que, comme par
miracle, le bleu régnait au dessus de moi, de redresser un pot, de
rentrer, de m'attabler..
Passionnant, n'est-il pas
?
10 commentaires:
Passionnant comme peut l'être la vie avec toutes ses couleurs et le gris en fait partie aussi...mais le bleu revient toujours !
toujours un petit animal en moi qui a peur que non (non ce n'est plus vrai)
Le marché d'Avignon ne mégote pas sur les couleurs...
quoique patates, cèpes et sardines donnent dans la retenue raffinée
La brume cache souvent merveilles ou vilenies
Le bleu révèle la vérité des couleurs en majesté
OUI, passionnant !
Passionnant! suis même repassée pour lorgner encore une fois les belles oronges oranges si rares dans nos forêts et si délicieuses...
n'en avais jamais vu
..tu as mis ton ciré pour aller à la pêche aux poisson
avoir toujours la bonne tenue (zut ça ne se fait pas)
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