marchant dans petit vent
frais sous notre ciel mouvant mais radieux, dans les rues aux
feuilles plus ou moins balayées, et la joliesse d'une petite isolée,
devant le béton de quelques immeubles, devant les façades claires
et les murs dégradés ou portant traces anciennes, devant nos
pierres usées et belles, pensais à nouveau Beyrouth.
Je porte en moi beaucoup
de pas dans les rues de Paris, des matins de cafard, des
contemplations jamais rassasiées, et je ne connais pas Beyrouth
Ai une certaine tendresse pour les libanais, leur élégance, même un peu forcée, leur civilité et leur civilisation, leur courage tranquille, leur humour et leurs douleurs sans cesse renaissantes (enfin c'est comme ça que je les vois) mais je réalise que finalement n'ai jamais rêvé Beyrouth, jamais de cette rêverie vague qu'appellent les noms de Damas, de Bagdad, d'Ispahan, d'Alep... je crois, du fond de mon ignorance en quête, qu'elle est trop jeune pour que son nom se soit chargé de légendes, qu'elle n'a que l'histoire
Ai une certaine tendresse pour les libanais, leur élégance, même un peu forcée, leur civilité et leur civilisation, leur courage tranquille, leur humour et leurs douleurs sans cesse renaissantes (enfin c'est comme ça que je les vois) mais je réalise que finalement n'ai jamais rêvé Beyrouth, jamais de cette rêverie vague qu'appellent les noms de Damas, de Bagdad, d'Ispahan, d'Alep... je crois, du fond de mon ignorance en quête, qu'elle est trop jeune pour que son nom se soit chargé de légendes, qu'elle n'a que l'histoire
Alors, à l'aide
d'internet, ai passé une partie du jour, quand n'écoutais pas
(aurais pas dû) ce qui se disait à l'assemblée, à m'imaginer un
Beyrouth qui présente sans doute autant de vérité que le Paris que
nous renvoient certains hommages...
un Beyrouth maquillé en
carte postale, poncifs, guides résumés... et souvenirs d'actualités
cruelles
et que je ponctue d'images cueillies sur mon chemin, en hommage de mon petit Avignon, puisque ne veux pas voler d'images, et que c'est d'ici que je rêvais à Beyrouth
et que je ponctue d'images cueillies sur mon chemin, en hommage de mon petit Avignon, puisque ne veux pas voler d'images, et que c'est d'ici que je rêvais à Beyrouth
Or donc
Ce serait 1975, ce serait
la guerre des cent jours, ce serait le siège par les Israéliens en
1982, ce seraient les attentats contre les bases américains et le
Dakar, ce seraient les combats tous azimuts, la guerre des camps, le
général Aoun,
Ce serait la
reconstruction
Ce serait 2006
Ce serait la résilience
des libanais
Ce seraient toutes les
destructions, attentats, reconstructions (et la métamorphose que
les promoteurs ont fait subir, pour la plus récente, à la ville,
comme un peu partout, au grand dam des vieux beyrouthins si j'en
crois ce que j'ai lu)
Ce serait, là, le 12
novembre, Bourj-el-Barajneh et le pire attentat depuis 1990, venant
après ceux de 2013 et de juin 2014
Ce serait la corniche, et
de loin, ignorante, je crois que c'est elle qui me fait rêver le
plus
Ce serait la cuisine, les
festivals, les théâtres, les cinémas, les galeries de la ville et
de Saifi, les musées le Musée National, le Musée Sursock qui vient
de rouvrir
ce seraient les belles
maisons anciennes comme la Maison Rose
ce serait Gemmayzeh
ce seraient les
restaurants, les cafés, les boutiques d'Hamra
ce seraient les nuits de
la rue Monnot
ce seraient les gens, les
quartiers populaires, et encore un peu, semble-t-il, la possibilité
de fumer
ce seraient les
beyrouthins que voyais revenir louer des studios à Paris (en même
temps qu'un à New-York pour les plus riches) quand la situation
redevenait intenable, et puis qui repartaient parce que c'est leur
ville, ce serait leur courtoisie, leur humour un peu désespéré
ce seraient toutes proches
les anciens villages, les petites villes devenues banlieues
Ce seraient les arméniens,
les palestiniens de Bour Hammoud et ses souks, ses écoles,
l'université
Ce serait Chiyah où la
foule a remplacé les vergers d'agrumes,
Ce seraient les camps bien
sûr
Ce serait Harat Hreik, les
mosquées, l'église et le Hezbollah
Ce serait le Mont-Liban et
Sin-El-Fil, Baada et la Présidence
Ce seraient tous les
artistes de cette ville et ceux qu'ils nous ont donnés, tous ceux
dont mon ignorance se tait devant leurs noms mais aussi André
Chedid, Wajdi Mouawad, Amin Maalouf, et Ibrahim Maalouf dont je ne
sais s'il a un lien familial avec l'écrivain, Samir Kassir, André
Bercoff, Fayrouz bien sûr, Raymond Khoury, Salah Stétié, Léa
Salamé... et ce seraient tous les anonymes, riches et pauvres
et ce serait la Dahieh à
qui demandons pardon parce que 28 heures d'écart mais les «morts
kilométriques» - et pourtant ce serait l'Orient le Jour mettant à
sa une la même terreur, les mêmes larmes ce
que n'ont point fait nos journaux, du moins je le crains (mais au
fait qu'en sais-je, peut-être, espérons, l'hommage s'est-il glissé
sans trop de discrétion dans certains
et
ce serait vous remercier, ô vous les libanais pour ceci (entre
autres articles)
http://www.slate.fr/story/110099/attentats-beyrouth-paris
3 commentaires:
Le dernier attentat de Beyrouth, oui, on en a peu parlé, mais on ne sait plus où donner de la tête en ce moment.
le mort kilométrique
mais certains libanais se sentent un choya discrédités (surtout par FB qui n'a pas eu l'idée de l'application donnant nouvelles des "amis", j'avoue que pour Pars j'ai apprécié)
Le Liban... ne disions-nous pas qu'il était la Suisse du Moyen-Orient ?
Les légendes ont la vie dure. De l'autre côté du miroir.
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