M'en suis allée vendredi
soir, après avoir découvert, lu, le texte de François Vinsot, et
avoir préparé sa publication, m'en suis allée à l'heure où la
nuit commence à s'installer vers le théâtre du Chêne noir pour
assister à un spectacle - que j'avais déjà vu, en 2012, pendant le
festival à la Bourse du travail, que j'ai retrouvé avec un plaisir
confortable mais réel – adapté, mis en scène et joué par Paul
Fructus d'après les travailleurs de la mer de
Hugo
retrouvé
la sobriété et la force de son jeu, retrouvé la musique de Patrick
Fournier à l'accordéon et Jean-Louis Morel au piano
et
comme mon souvenir tout de même un peu flou gommait les éventuelles
nuances d'interprétation, je reprends la vidéo de présentation de
2012
et dans la nuit
installée suis rentrée, ai regardé des sottises, ai attendu de
mettre en ligne le texte de François Vinsot, de lire les premiers
vases (et de les aimer), de dîner, d'entrer dans la paix du sommeil.
Pour diverses raisons, ou
sans raison, étais d'humeur boueuse ce samedi.. et en attendant la
musique du soir, ai passé le jour avec la musique sortant de la
boite et la redécouverte du livre de Hugo, que n'avais pas relu en
entier depuis si longtemps que ne suis pas certaine de l'avoir déjà
fait, retrouvant, au début, avec l'atmosphère du village (breton
mais sauf la rudesse apparente de l'océan pourrait être de notre
sud) pour poser le personnage de Gilliatt et sa mauvaise réputation
– venu d'ailleurs, fils sans père, ne cherchant pas une fille,
n'allant pas à l'église, presque riche ou pas pauvre... et cela,
entre autres tares
Il arriva que Gilliatt
fut surpris saignant du nez. Ceci parut grave. Un patron de barque,
fort voyageur, qui avait presque fait le tour du monde, affirma que
chez les tungouses tous les sorciers saignent du nez. Quand on voit
un homme saigner du nez, on sait à quoi s’en tenir. Toutefois les
gens raisonnables firent remarquer que ce qui caractérise les
sorciers en Tungousie peut ne point les caractériser au même
degré à Guernesey.
Aux environs d’une
Saint-Michel, on le vit s’arrêter dans un pré des courtils des
Huriaux, bordant la grande route des Videclins. Il siffla dans le
pré, et un moment après il y vint un corbeau, et un moment après
il y vint une pie. Le fait fut attesté par un homme notable, qui
depuis a été douzenier dans la Douzaine autorisée à faire un
nouveau livre de Perchage du fief le Roi. (moi
j'ai fort goût depuis toujours pour Hugo)
et
puis toute la richesse du texte (devriez tenter) mais pas tout, juste
la moitié environ, et me suis arrêtée, après la chute du
garde-côte, à la réponse que fait le capitaine Gervais à Clubin
Si c’était moi, je
ne partirais pas. Capitaine Clubin, la peau des chiens sent le poil
mouillé. Les oiseaux de mer viennent depuis deux nuits tourner
autour de la lanterne du phare. Mauvais signe. J’ai un storm-glass
qui fait des siennes. Nous sommes au deuxième octant de la lune ;
c’est le maximum d’humidité. J’ai vu tantôt des
pimprenelles qui fermaient leurs feuilles et un champ de trèfles
dont les tiges étaient toutes droites. Les vers de terre sortent,
les mouches piquent, les abeilles ne s’éloignent pas de leur
ruche, les moineaux se consultent. On entend le son des cloches de
loin. J’ai entendu ce soir l’angélus de Saint-Lunaire. Et puis
le soleil s’est couché sale…
Mais
comme ma ville, même plongée dans la nuit, ne présentait aucun de
ces dangers, m'en suis allée sans crainte vers l'opéra, un concert
symphonique dirigé par Patrick Davin (grande silhouette élégante,
et, ne l'avais jamais vu diriger, un pur régal pour cette façon
d'exprimer, au besoin et besoin ressent souvent, comiquement, par
chaque geste de ses grandes mains, de ses longs bras, de son corps
dansant, gestres destinés à l'ensemble ou à musicien, et on
imagine que l'expression du visage est à l'unisson, par chaque pli
de sa queue de pie, chaque inflexion du corps, les sentiments, la
musique)
avec
l'ouverture de Peter Schmoll de Weber, pas merveilleux mais
intéressant, solennité, piquotement du hautbois, malaxage de la
masse sonore, tambourinements, mélange d'harmonie et de moment de
laideur
avant
l'arrivée de Fanny Clamagirand (jeunesse, charme, assurance, talent)
et de son Matteo Goffriller (luthiste vénitien dont, je l'avoue,
j'ignorais l'existence, de 1700, au merveilleux son) pour une belle
interprétation du tant, trop, entendu concerto pour violon de
Tchaïkovski, sa musique entre larmes et joie naïve, la force
implacable du destin, le calme un peu plat du second mouvement dont
elle a fait un ravissement et l'entrain, la joie dansante de
l'allegro final. Ovations…
et
plaisir grand, après l'entracte, de Schubert et de la symphonie n°4
en mineur et donc dite tragique
(qui ne fut créée qu'après sa mort) et ma foi même si Brahms
disait que les symphonies de jeunesse de Schubert étaient sans
grande valeur artistique et qu'elles ne
devaient pas être publiées, mais seulement conservées avec piété
et peut-être rendues, accessibles grâce à des copies, même
si ce n'est pas ce que je préfère de lui,
je
m'installe avec plaisir dans l'écoute et pas seulement par piété,
parce que tout ce que donne Schubert est aimable à mes oreilles,
parce que la fièvre de l'allegro laisse place à une force
conquérante, perce que l'adagio débute en douce consolation et
retrouve, après l'inquiétude, le recueillement, parce que le finale
est un patchwork qui mêle délicieusement la fantaisie naïve, la
danse, à un rappel d'inquiétude.
Applaudissements,
sympathie salle/chef d'orchestre, rires
et en
sortant, le bruit discret de l'animation sur la place du palais et
les très artificielles étoiles qui dansaient sur l'ouverture du
téléthon.
8 commentaires:
La musique est nécessaire
vitale
(même si, hier soir, il y avait deux portiques, pas du genre Palmyre, à l'entrée de la Philharmonie 2, ex-Cité de la musique),
et tant pis pour ceux qui ont les oreilles bouchées et le cerveau en capilotade.
nous c'était plus bonhomme, deux des ouvreurs et qui plaisantaient avec nous (mais regardaient tout de même, quoique dans mon cas avec une rapidité vexante)
je ne sais pas si c'est ce besoin mais il y avait une belle communion et écoute pour laquelle le chef d'orchestre nous a remercié (disant, ce qui n'est pas faux, que c'est une des qualités du sud)
De la musique avant toute chose...
"De la musique avant toute chose,
"Et pour cela préfère l'Impair
"Plus vague et plus soluble dans l'air,
"Sans rien en lui qui pèse ou qui pose."
Itou chez Berling et adieu aux joyeux rassemblements devant le théâtreetretrouvailles des habitués ..mais salle très comble pour Machbeth ( notes )avec un Dan Jemmett en grande forme
très décontractée ici la pause cigarette et la circulation entre groupes en fête
Pour sur
l'intelligence de la musique finira par pénétrer un peu dans ma boite en calcium si je continue à fréquenter ce lieu.
...étais d'humeur boueuse ? je cherche, je cherche...et je m'enlise !
comme le faisais en vague maussaderie
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