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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, décembre 25, 2015

Petites vieilles et petits vieux - suite

Dans l'avant petit-jour, ai fait place pour les santons, et comme toujours les bonnes femmes regroupées ont appelé la mater qui vieille sur l'ordinateur.
Et après douche, friction, grattage crâne et bas du dos, ai entrepris le rite crèche.
En sortant mon petit peuple, en tentant de les photographier par groupes, les ancêtres ou approchant d'abord, les jeunes et du mitan de vie ensuite, en les massacrant aussi - étaient pudiques - avais vague envie de chercher des vieillards littéraires dans ma mémoire.
Et pour les hommes est venu, tout de suite, Nestor, mais finalement, en reprenant l'Iliade et l'Odyssée j'ai découvert que sa drue sagesse qu'aime tant se manifestait surtout dans ses discours, admonestations, accueils, et qu'il y avait peu d'indications sur son apparence. Juste, ou presque, ceci, au début de l'Iliade
devant eux se leva Nestor au doux parler, le clair orateur des Pyliens, dont la langue laissait couler une voix plus douce que le miel. Il avait vu deux générations déjà disparues d'hommes mortels, qui étaient nés avant ce temps et avaient été nourris avec lui dans Pylos toute divine. Il régnait parmi ceux de la troisième... (traduction Louis Bardollet)
Pour les femmes, celle-ci, qu'ai toujours aimée, malgré tout, dans les Géorgiques de Claude Simon
Et une fois par mois, la vieille dame (la vieille veuve toujours habillée de noir, au visage de bougie, perpétuellement éplorée, perpétuellement larmoyante, aux corsages ténébreux fermés sous les vieux tendons, les flasques replis de vielle peau, par le même camée ovale où se détachait sur un fond parme comme une blancheur de linceul ou d'ossements la draperie flottante, ectoplasmique et mousseuse de quelque tambourinaire pompéienne et qu'elle semblait porter par une sorte de fidélité comme une relique profane transmise de génération en génération depuis peut-être avant l'Empire, suspendant paradoxalement en place de la traditionnelle croix de grenats aux cous flétris de successives aïeules l'équivoque et éolienne évocation d'hétaïres ou de danseuses aux corps à peine voilés et gravés en taille douce…)
S'imposaient ensuite Baudelaire, les tableaux parisiens dans les Fleurs du mal et...
Il n’était pas voûté, mais cassé, son échine
Faisant avec sa jambe un parfait angle droit,
Si bien que son bâton, parachevant sa mine,
Lui donnait la tournure et le pas maladroit

D’un quadrupède infirme ou d’un juif à trois pattes.
Dans la neige et la boue il allait s’empêtrant,
Comme s’il écrasait des morts sous ses savates,
Hostile à l’univers plutôt qu’indifférent.
(les sept vieillards)
ou, venant juste à la suite
Ces monstres disloqués furent jadis des femmes,
Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus
Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des âmes.
Sous des jupons troués et sous de froids tissus

Ils rampent, flagellés par les bises iniques,
Frémissant au fracas roulant des omnibus,
Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,
Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus
(les petites vieilles)
s'imposaient, et en outre étaient faciles à trouver puisque publiés par publie.net http://librairie.publie.net/fr/ebook/9782814501508
Il y a aussi, bien sûr, évidents, le vieil homme et la mer et Miss Havisham dans les grandes espérances de Dickens.. mais j'avais la flemme de les chercher, le billet s'allongeait par trop.. vous laisse le soin de choisir vos petits vieux et petites vieilles, et quand s'est présenté à ma mémoire, venu je ne sais comment, pas encore vétuste, encore moins vénérable, mais légèrement chenu, Casagrande en son château de Quelle, j'ai pris l'Iris de Suse de Giono au début.. même si je savais qu'il intervenait bien plus tard dans le récit, et suis tombée, quand Tringlot monte de Toulon vers la montagne, sur un passage qui tant me plaisait que j'ai entrepris de le recopier pour http://brigetoun.wordpress.com et que j'en suis restée là.
Si m'avez suivie, soufflez, c'est fini.

9 commentaires:

Marie-christine Grimard a dit…

MERCI !!!
Et bon Noël à vous chère Brigitte :-)

Brigetoun a dit…

et grand merci à vous
pour ces voeux, votre passage et vos billets lumineux

lanlanhue a dit…

quels beaux santons ainsi que les textes qui les accompagnent, c'est un monde parallèle que vous nous ouvrez. Belle journée à vous Brigitte.

Brigetoun a dit…

merci - pour vous et les vôtres aussi

mémoire du silence a dit…

C'est très beau
Beau et bon Noël à vous

Dominique Hassselmann a dit…

En fait, vous avez fait une sorte de film d'animation...

Joyeux Noël en compagnie de ce "petit peuple" tout pacifique !

Brigetoun a dit…

grand merci à vous
suis femme à côté des traditions et donc amoureuse d'elles (un peu, quand choisis)

Anonyme a dit…


c'est vraiment très chouette à contempler tout ce petit peuple !!
Et vos explications jointes ;-)
Je pense à la l'opération dépoussiérage :-)

Bon Noël Brigetoun :-)

Flore

Gérard a dit…

Des santons très honorés de ta plume.