En contrepoint à tous les
deuils qui s'affichent (avec raison) à travers le monde, j'ai appris
une mort discrète, ce matin, sur le mur Facebook de l'ami Michel
Benoît, celle de Paul Bley https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Bley
et un échantillon de ce qui a fait ma bande son via YouTube ce matin
en passant le
faubert, en pensant, avec mon éternel esprit de contradiction, alors
que j'avais fermement décidé hier matin de renoncer à croire que
je pouvais manier des mots et oser en encombrer l'internet, à une
petite histoire que j'ai envoyé à la maison témoin
http://www.maisonstemoin.fr/2016/01/15/une-visite/
(en oubliant un t, merci au gentil correcteur) et à un oloé qui est
resté en suspens dans l'air.
Et, dans la
nuit, ai grimpé une fois encore la petite côte vers l'opéra pour
écouter un concert symphonique, ma curiosité et mon attente
éveillées.
Curiosité pour le
première partie et la création de la symphonie n°1 Dualités
de Lionel
Ginoux (dont je découvre combien il est présent, et pas uniquement
dans la région http://lionelginoux.com/actualite/)
curiosité qui s'est muée en attention passionnée et grand plaisir.
Lionel Ginoux nous a
expliqué, en quelques mots, que pour cette commande de l'orchestre,
pour sa première symphonie, il avait regardé jusqu'à s'en
imprégner une chorégraphie de Sidi Larki Cherkaoui in
memoriam parce
que Partir du mouvement de la danse,
c'est trouver l'inspiration dans le mouvement du corps et dans le
déplacement à l'intérieur de l'espace scénique. Et
qu'il en a tiré l'idée du magnétisme, de ces corps qui
s'approchent, se repoussent sans jamais se toucher, de l'énergie, du
dualisme qu'il a retenu comme titre, dualisme entre ancien et
contemporain, entre dissonance et consonance, et des longues lignes.
J'ai
beaucoup aimé – noté, en piochant dans ce qui me revenait,
pendant l'entracte – ne me souciais pas d'affronter le froid, la
queue pour l'ouverture des sacs et manteaux en arrivant m'avait
suffisamment gelée -
le
début si ténu qu'il est presque imperceptible, la longue ligne
calme mais nourrie de petites interventions discrètes des
instruments, de relais, la longue montée fluctuante, la brusque
intervention d'un mouvement plein de heurts et d'échos – du rideau
ondulant à la tapisserie de laquelle peu à peu certains fils
émergent, se dessinent sur la mosaïque des tons – plus loin
tendresse et acidités – toujours plus loin (l'ensemble constitue
une demi heure de musique ininterrompue, de mouvements ou éclairages
s'enchaînant, les heurs eux mêmes étant annoncés par un élément
du calme antérieur) un orage fortissimo, une cavalcade de forts
martèlements mats percée de cris aigres, avant une longue phrase
apaisée ponctuée de quelques raclements, les cordes frottées et le
délicieux chant du hautbois accompagné par les notes hautes des
cors, un peu plus tard des aubes sur un ruisseau que viennent
troubler des ordres des cymbales, ce moment un peu avant la fin où
seules interviennent les percussions se répondant, une longue phrase
des altos joués dans les graves etc..
beau,
construit, plein de facettes, et toujours tenu.
et comme je suis bien
consciente qu'avec ce galimatias je ne peux donner une idée de ce
que j'ai entendu (j'espère qu'elle sera reprise et enregistrée)
juste pour le plaisir un échantillon, même si très différent, de
sa production
et donc après
l'entracte dans mon oloé du second balcon
la belle messe
en si de Schubert (à vrai dire la seule parmi les six qu'il a
composé que je connaisse)
le long et beau
kyrie andante con molto, avec l'alternance entre choeur et
solistes, et l'effacement de l'orchestre,
l'allégresse
du gloria, la force de l'entrée du choeur, la dentelle des
cordes, l'adoramus des
solistes, le retour du choeur avant le gratias chanté
par les solistes et l'agimus tibi du
choeur etc... (très belle ligne du Domine Deus Agnus Dei
de la soprano)... la montée aigüe
des soprani et la fugue des basses pour cum sancto
la
beauté simple du Credo etc....
mais
j'avoue que là, une petite déception (que je semble être seule à
avoir ressentie)
Si
j'ai aimé les voix des solistes et l'équilibre des timbres
spécialement Daphné Touchais, la soprano, dont je ne sais si elle a
la puissance nécessaire pour un opéra mais qui, là, était
parfaite, une voix sans aigus perçants, claire, fruitée, presque
éthérée – bien aimé aussi le mezzo chaleureux d'Aurore Ugolin
qui intervient plus rarement, Jérome Billy ténor à la voix ronde
et la basse de Geoffroy Buffière, si donc je les ai bien aimé, le
choeur symphonique Avignon-Provence que j'avais déjà entendu et
aimé cette année m'a déçu jusqu'à le trouver presque laid
parfois (seulement cela venait certainement de quelque chose en moi,
sais pas, le reste du public était enthousiaste.
Salut
et retour avec cette petite perplexité.
9 commentaires:
Merci de ne pas nous avoir privé de concert !
et un très grand merci pour votre passage
J'avais entendu l'info et je me suis souvenu que j'avais un 33 tours de sa femme, Carla...
Ai du mal avec les voix... Ta curiosité est toujours bien partagée
dans ma grande ignorance je ne savais pas qu'il avait une femme (je savais très très peu d'ailleurs, me suis souvenue du nom et suis partie en recherche
Sans perplexité pas de recherche y compris en musique.
Savoir et connaissance sont deux choses différentes bien que voisines.
aucun perplexité pour la musique créée ; longtemps que n'avais pas été aussi bien dans une musique contemporaine
non ma perplexité était dans mon déplaisir en entendant le choeur et dans les applaudissements
Régal Paul Bley et les photos qui accompagnent.
merci à toi
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