On dirait qu'après avoir
traversé, lentement, avec des arrêts, pour regarder ou parce que la
conversation demandait une pause, marchant sur un sentier pavé de
bois, la zone où il a été décidé de sauvegarder le milieu humide,
ils ont débouché sur la plage qui s'étire, ni trop étroite ni
démesurément importante, le long de l'isthme qui s'est formé il y
a plusieurs siècles pour faire de l'île de Sépet la presqu'île de
Saint Mandrier
dans le plaisir de la
trouver vide.. Petite vieille n'y était jamais venue, la plage des
Sablettes en plein été représentant pour elle, pour beaucoup, le
comble de l'entassement populaire, des corps étalés entre lesquels
slalomer – oui, là, sa forte tendance au snobisme lui est
constitutive, forgée par l'enfance, la jeunesse, le choix évident
de la plage dite de la pyramide, qui n'existe plus maintenant,
recouverte par les plages créées depuis maintenant si longtemps
qu'elles semblent éternelles, du temps de la petite bande de galets
au bas du raidillon caillouteux, pisseux, vertigineux, entre les
plantes de garrigue et rochers, quand elle, ses frères, soeurs,
amis, y dégringolaient au bas de chez eux, dédaignant la petite
plage du Lido offerte à tous, refusant, pour elle du moins,
l'épreuve qu'était la traversée, avec maillot et complexes, de la
terrasse du fort Saint-Louis sous l'oeil des amis et parents... -
mais là en hiver, sous le ciel incertain, c'était presque un retour
à la nature simple, à l'enfance, un écho des Blancs Sablons
Il n'y avait que le sable
humide où s'enfonçaient les talons de ses bottes, la mer se
gonflant, comme un grand corps onduleux, les vagues se formant, se
brisant et la caresse posée sur le sable, l'imperceptible
hésitation, le retrait de la frange dentelée et délicate.
Il y avait l'illusion de
pouvoir deviner sur le long estran l'ébauche d'une marée
Il y a eu surtout le
spectacle du petit garçon dessinant, guidé par conseils et
compliments, à grands traits de baton maladroits, le
bateau-puissant, mot qui désigne, c'est évident, un de ces bateaux
mus de l'intérieur par un trépidement qui secoue les corps et lance
la coque vers le large, et non par la puissance du vent appliquée
sur une toile.
9 commentaires:
Aujourd'hui le bateau-puissant ne devrait pas manquer de vent,..
Ces plages que l'on croit éternelles pourraient bien être balayées de nouveau d'un revers de tempête, malheureusement.
Mais les souvenirs resteront...
elle a la force de la jeunesse - un peu plus de quatre cent ans
Après "les plages d'Agnès" (Varda), celles de brigetoun : pour aboutir en beauté au bateau échoué - mais pas déchu.
Dominique, bateau soluble dans l'eau
La mer infiniment renouvelée pour toi ...et les souvenirs aussi
longtemps qu'elle est surtout souvenir pour moi
souvenirs et si bel appel au large
...on dirait ..un avis de tempête
oh ! on en était loin
Enregistrer un commentaire