commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, février 16, 2016

Lundi avec le tiers.livre

réveil très tardif et pas vraiment lucide
la maladie du sommeil sévit au premier étage d'une petite maison d'Avignon, derrière la porte en face sur le palier
émerger difficilement et sans grande envie de..
coincer la porte fenêtre que le mistralounet veut ouvrir, et ramasser les feuilles (les platanes sont inépuisables) qui ont voleté jusqu'à la cuisine
vaquer – déjeuner – trouver encore un peu de sommeil qui traîne
et puis, espérant que le crâne fonctionne à peu près, tenter de répondre à partir d'idées qui flottaient dans mon esprit en ouvrant le billet, en lisant les contributions – sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec les textes, me suis bornée à les admirer – à la proposition de François Bon la bande son ça se raconte aussi http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4132 (si l'accès est libre aux non-abonnés, devriez l'être) avec mon pauvre petit vocabulaire qui ne m'aide pas pour caractériser les sons..
et puisque mon crâne ne trouve vraiment rien à noter sur cette journée, avant d'aller voir un épisode de plus du feuilleton d'Arte à partir de lettres, livres, journaux intimes de tous pays pendant la guerre de 14-18, je recopie ma contribution, dans la série, «outils du roman» à penser directement en terme de structure http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4293 (et j'en ai profité pour lire les dernières contributions)
1
si j'étais une potière, je chercherais inlassablement la forme parfaite, pas pour l'élégance ou pas directement, un peu pour l'honnêteté – ne pas laisser mes mains farder de fantaisie leur maladresse naturelle – plus simplement parce que c'est le seul but admissible, arriver à obtenir l'ampleur juste proportionnée de la courbe d'une cruche, l'harmonie entre la largeur et la hauteur d'un vase tube, la tension des lignes, et la forme qui serait la plus aimable aux mains auxquelles sont destinés les objets – je partirais en quête de la meilleure argile, du meilleur bois, je chercherais la meilleure température de cuisson, la couverte la plus mate sans ostentation, tous les gestes les plus humbles, les plus simples mais avec le petit espoir tremblant de les sublimer par l'évidence de l'oeuvre achevée.
2
si j'étais potière, une fois que j'aurais imposé ma production aux plus proches, je la confierais à mon amie pour sa boutique, rejoignant son écurie de céramistes et potiers, et j'insisterais, si ce n'est pas son premier réflexe, pour qu'elle l'installe au fond, ou sur un côté, à distance des merveilleuses fleurs translucides de l'une, des recherches de matière bourrues et chatoyantes de l'autre, par humilité un peu – persuadée que je suis qu'avant d'en arriver à leur art elle, lui, se sont imposé le long effort de posséder parfaitement les bases de la technique – ou plus sincèrement par humilité affichée, pour leur confronter l'artisanat le plus pur, avec le secret désir qu'après l'admiration devant ces réussites, cette fantaisie, les visiteurs restent devant mes objets comme devant une évidence. Mais c'est avec sincérité, et un rien d'avidité, que j'interrogerais les artistes, que je tenterais de comprendre les techniques employées, l'intention, le désir qui les ont guidés.
3
Ils seraient donc là, ces pots, ces vases, ces coupes, dans leur sobriété parfaite, simples mais uniques, avec la proposition faite aux éventuels acheteurs de prendre le temps d'un échange, d'un dialogue pour que leur objet ne soit pas celui qui est là, devant eux, mais celui qui leur correspondrait, dont la forme, la teinte, la ligne résulteraient de leur désir tel que nous le découvririons ensemble, et, parents entre eux, ils seraient tous différents, tels que, par delà, malgré, leur fragilité, ils deviennent leurs compagnons discrets au long de leurs jours.
4
Et je regarde mes mains, et je touche l'orgueil insensé de mon rêve, et je pense à notre goût pour le butinage, à notre goût pour la nouveauté, l'éclat, et je réalise l'irréalité absolue de ce projet.

9 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Ou comment le projet irréel devient réalité sur le tour de l'imagination...

Brigetoun a dit…

le tout est d'y croire (et de temps à autre tout de même tenter de passer à l'acte)

Marie-christine Grimard a dit…

Laisser les mains pétrir la glaise et être étonné par ce qui vient de naître sous ses yeux !

arlette a dit…

Belle proposition et créativité de l'esprit

Anna Urli-Vernenghi a dit…

Tout pareil. Je me borne à admirer les textes. Là, le vôtre

Phil a dit…

Je me demande si vous ne venez pas de dire quelque chose sur une sagesse qui serait un état d'équilibre intérieur parfait entre la matière et l'esprit. Mais c'est dire tout autant entre conformisme et liberté, les passions et l'amour ... Sage sujet d'écriture.

Brigetoun a dit…

faisons comme pouvons

Gérard a dit…

tu ne pétris plus la glaise ?

Brigetoun a dit…

j'en ai de la vieille… pas très envie.. et puis il fait bien trop froid