jour froid et beau, jour
des luttes pour les droits des femmes (en sympathie inactive)
jour de réveil tardif de
l'esprit et grommeleux du corps
ménage, France Musique,
lectures par bribes, projet fait sous réserve de l'accord
carcasse.., projet auquel j'ai renoncé (frissons de petite fièvre -
bon, une nécessité absolue m'aurait mise en état de marche, mais
ce n'était pas le cas – partie remise pour la fin de semaine je
pense)
Alors puisque j'étais du
genre moule endormie sur son rocher, recopie, en contre-pied, un
ancien ce serait paru chez les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com
Ce serait –
50 – un départ
Ce serait un week-end en
mouvement, une de ces dates où le désir ou l'obligation de
migration, de plus ou moins grande importance, sont, par convention
et quasi officiellement, partagés par la plupart.
Une de ces dates où il
est si délicieux de rester tranquillement chez soi, en ayant
l'impression, de surcroit, d'être vaguement résistant.
Ce ne serait pas un train
prestigieux, ce ne serait même pas un TGV, mais leur contraire.
Ce seraient quatre ou cinq
voitures allant tranquillement d'un nom à l'autre, le long du Rhône,
quatre ou cinq voitures débordantes de paquets, valises, téléphones,
ordinateurs, vieillards, bébés et individus d'âges intermédiaires.
Ce serait debout, à côté
d'une série de sièges occupés, un groupe qui regarderait, ou
verrait simplement, sans y faire attention, chaque fois que les yeux
se lèveraient au dessus des livres ou écrans, où l'image
trouverait le chemin de la conscience, se succéder, au dessus des
bagages entassés le long des vitres, des cultures, des haies de
cyprès perpendiculaires à la marche du train et au lit des vents,
des cabanes ou des villas, quelques fermes dans le lointain, et le
feston des collines bornant la plaine.
Il y aurait un ancien
jeune, crâne ras, blouson de cuir réellement usé, un dragon tatoué
sur une main, perdu dans les percussions qui filtreraient de l'embout
fixé dans son oreille, celle qui ne portait pas d'anneau, et sa
bouille ronde qui s'était faite gracieuse quand il s'était levé
pour laisser sa place à une femme avec bébé, en affirmant d'une
voix où chantait un peu d'ail, de soleil, de rochers sur la mer,
«c'est pas grave».
Il y aurait, entre Arles
et Miramas, immobiles, impassibles, statufiés, deux travailleurs
saisonniers d'outre Méditerranée, visages gris et secs, rides sans
âge, et les quelques mots rapides qu'ils échangeraient.
Il y aurait une belle
jeunesse, moulée dans son blouson, son short en jean sur un collant
de laine, tournant le dos aux valises, aux garçons qui passaient
d'un voiture à l'autre, s'appelant, riant, pour parler à sa copine
qui, elle, était assise. Il y aurait la grâce presque enfantine de
son visage, et leur dialogue qui passerait des garçons, d'autres,
pas de ceux qui passaient et qu'elles ignoraient - d'ailleurs elles
n'avaient, cela devait être évident, pas entendu l'appréciation
lancée par le petit blond tout à l'heure – qui passerait donc de
garçons ou des niaiseries de journaux people à la joliesse de leurs
impressions sur un spectacle vu avec leur classe.
Il y aurait une petite
vieille, qui s'était affichée comme telle, le temps qu'un autre
ancien jeune, plus maigre que son voisin actuel, mais par ailleurs
semblable, s'occupe gentiment de sa valise, il y aurait donc une
petite vieille préservant en elle le plaisir de retrouver un peu de
sa famille, s'inquiétant vaguement, parce qu'elle ne savait faire
autrement, du petit retard, puisqu'elle avait peu de temps à
Marseille pour changer de train, et tentant de se choisir une ferme,
une maison, pour y loger ses rêves.
9 commentaires:
La lecture, ce voyage immobile...
Soignez-vous bien !
sans doute oubli (mais n'étais pas certaine) de la petite chimie nécessaire le matin
et une immense envie de dormir ces temps ci
Partir et revenir ou pas : that is the question !
Dominique… sourire
On peut toujours rêver, une liberté que personne ne peut nous disputer.
Les trains ne sifflent plus dans la campagne : enroués qu'ils sont.
trop distingués pour crier
[Ne pas partir
c'est
mourir un peu
au grand voyage]
---
Un plaisir
que de recevoir ces
rediffusions
grand merci doublement
pour votre indulgence
pour l'avoir déjà lu chez les cosaques
Belle page !! mais une épreuve à chaque fois ce temps du voyage , ce temps suspendu ce" vide - médian " dirait Cheng
Atchoum !à toi
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