matin où vaquer, me
battre avec le nettoyage d'un miroir, fauber pour s'échauffer,
couper deux mèches par devant pour tenter d'égaliser ma coiffure
anarchique, et en venant à bout d'un petit tas de repassage, écouter
avec délice (oui) une vidéo d'interprétation d'airs sérieux et à
boire de Lambert par les Arts florissants et le Jardin des voix de
William Christie, avec Anna Reinhold en robe rouge
parce qu'après
un très court sieston (avais déjeuné très lentement, plongée que
j'étais dans la revue du Quart Monde) me suis préparée, pensant,
navrée à la mort d'Harnoncourt,
à partir à 16
heures 30 dans la lumière froide de ce dimanche, vers Saint Pierre,
restant dans le baroque (même si c'en était une facette assez
différente de son répertoire)
Trouver une chaise (une
demie, mais en sympathie discrète avec l'homme qui débordait un peu)
sur le côté, et me préparer à écouter Anna Reinhold (qui a chanté
plusieurs fois au Concertgebouw d'Amsterdam et au Concertus Musicus) et Thomas Dunford,
luthiste, (qui a joué avec à peu près tous les ensembles de musique
baroque) dans un programme d'airs de cour et d'opéra des musiciens
de Louis XIV
une première
partie qui pouvait presque être une petite histoire
Ma bergère
est tendre et fidèle(Michel
Lambert) – entrée (de
Cybèle) et espoir si cher et doux (tous
deux de Lully – Atys) – puis s'enchaînant un prélude
(lent, doux, réservé, bref) et
une musette (Robert de Visée), auprès du feu on fait
l'amour (Lambert avec petit
sifflement désinvolte et gai du luthiste sur les dernières mesures)
– avant un nouveau prélude très
court pour que passe ce temps (Robert de Visée) laissez
passer la nuit (Sébatien Le
Camus) et une chaconne (ondulante
avec charme de Robert de Visée) et pour finir les longues phrases
mélodieuses et convaincues mais non sans malice (Anna Reinhold
arrive à habiter discrètement, par des sourires du visage et de la
voix, les airs) quand une âme est bien atteinte
Plaisir
de constater que l'entracte n'était pas, et que la seconde partie
s'enchaînait après quelques minutes de silence comme un sas, pour
un regard plus mélancolique,
avec
voix humaines de Marin Marais qui n'étaient que musique
pleine de compoction, avec de petits accents étouffés - Atys est
trop heureux et la plainte italienne (étirée et pleine
de clarté, avec des roucoulements de colombe) de Lully – une
sarabande (jolie façon d'avancer immobile pour faire jonction) de
Robert de Visée s'enchaînant avec ombre de mon amour de
Michel Lambert – avant la mélodie simple le doux silence de nos
bois d'Honoré d'Ambruis, comme une pause, et vos mépris
chaque jour de Lambert
pour finir.
saluts
et puis deux bis,
l'entrain
de Dowland, la malice merveilleusement ornée d'un défi amoureux de
Frescobaldi
retour,
juste au moment où le ciel pensait à l'imminence du crépuscule.
Et,
parce que l'avais aimée le matin, une petite vidéo, la mezzo, le
luthiste, dans d'autres musiques, très autres, quoique (plus une
toute jeune voix)
4 commentaires:
Toujours attentive au souffle maîtrisé de la voix
Merveille
ce matin l'hommage sur France Musique à Harnoncourt : une suite de plaisirs dans les mots et les musiques - donne toujours
Oui, Harnoncourt, je dois encore avoir en 33 tours son interprétation toute vivace des "Quatre saisons" de Vivaldi, un de mes premiers disques classiques !
je pense que nous avons tous, enfin ceux qui aiment la musique, des souvenirs de lui (mais moi pas de disque, d'ailleurs n'en ai plus que de récents)
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