commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, avril 11, 2016

Dimanche bleu et la mer de Ritsos

haut le bleu calme
où ne court plus le mistral
l'air se fait tendre
lavage cheveux, aspirateur, cire, faubert
et longue plongée dans la beauté de la marche de l'océan de Yannis Ritsos (à travers la traduction d'Anne Personnaz du moins, le texte grec m'étant inacessible, me l'aurait été je pense même si une petite guerre avec une nonne professeur de latin ne m'avait privé de l'étude du grec ancien), dans la houle, la puissance, les sourires de la mer, sa pérennité, dans la peine et la colère aussi, qui n'est pas que celle des marins et des enfants grandis dans l'odeur de la mer. Troisième livre écrit (en 1939), sous la dicature de Metaxàs, après l'autodafé, devant les colonnes du temple de Zeus olympien, de son Epitaphios (plainte de la Vierge devant le corps de son fils) écrit après une répression sanglante, troisième livre adressé à l'idiotie de la censure.
Long poème qui commence par
Nocturne port
lumières noyées dans les eaux
visages sans mémoire et sans suite
éclairés par les projections passagères des navires lointains
et puis engloutis dans l'ombre du voyage
voiles obliques avec lampions du rêve suspendus
comme les grandes ailes fendues des anges qui ont péché
les soldats avec les casques
au milieu de la nuit et du charbon
des mains meurtris comme le pardon tard venu...
qui s'achève par
Soleil, soleil
qui teint de sang la mer
nu je m'abandonne à ta flamme
pour éclairer les yeux des hommes

Mes frères
écoutez votre voix, ma voix
écoutez le chant du soleil et de la mer.
La mer en son immensité de visages, d'humeurs ou de voix, la mer de l'enfance
Nous avions le jardin au bord de la mer.
Par les fenêtres glissait le ciel
et la mère assise
sur le tabouret bas
brodait la campagne du printemps..
la mer de la jeunesse
au dehors des fenêtres les douces notes de guitare de la brise
le visage lumineux de l'éclaircie
dans la mémoire blanche de l'été
avec un faisceau mauve d'ombre
oblique sur la joue veloutée
et dans le lyrisme, le souffle du poème, passent l'attente de Laërte et l'arrivée d'Ulysse
comme il arrivait nu de la mer
doré des eaux d'aurore
vigueur dressée dessinée dans le cadre du soleil
et passent, même aux temps de l'enfance, les adieux
avec des petits caïques en bois
dans les anses bleues
qui avaient la senteur des adieux
la descente du jour, en écrivant au sang les horizons et le souvenir
les navires perdus, les attentes des femmes, le poids de la religion, l'appel de la mer
Demain nous déracinerons les croix
du cimetière marin
pour chantourner des barques d'enfant
pour tailler dans les stèles funéraires
des statuettes de la beauté et de la mer

les ports, les fonds de ports la nuit, les filles, et tous ceux qui manquent
Accablé à en mourir
je vois le ciel désert
et je salue un grand nuage
et je suis comme un petit agneau chagrin
qu'on a abandonné seul..
l'exil loin de la mère, de la mer
Petits enfants silencieux et surpris
aux cils salés
nous passons apeurés dans les grandes cités
au pied des hôpitaux à l'odeur de sommeil et de sueur…
et tant et tant de choses.. amenées, reparties, avec l'océan et la vie.
Cueillis :
la tendre sagesse des larmes - les parades d'astres dans la mémoire de mouettes endormies – le vent qui crucifiait / les ailes sensuelles des oiseaux – le vêtement bleu ciel de la prière - les yeux doux des oiseaux – le son paisible du reflux de l'eau / pas assourdis des pécheurs dans le sable / dans les barques dorment les enfants – l'odeur du sperme du dieu qui veille – le ravissement de la nuit / où les enfants pèchent les étoiles / dans des caïques tout blancs -
et
nous, beaux et insoumis
à jamais nous voyagerons
là-bas, dans les forêts argentées de la lune...
sans connaître dieu
sans trouver dieu
ou
Des captifs attachés aux ancres
dans la lueur écarlate
un anneau
serré au cou de l'horizon... etc...

7 commentaires:

arlette a dit…

Merci Amie, pour ce texte magnifique et puissant d'évasion que tes photos familières donnent encore plus de beauté
Beau coup de fouet en ce matin vaseux

Brigetoun a dit…

et grand merci à toi d'être passé dans mon petit désert

annaj a dit…

Merveilleux texte où se fondent la simplicité de la vision et la révolte

Gérard a dit…

Mon bleu vendéen ce soir n'a rien à envier au tien......et toc

Brigetoun a dit…

ravie pour toi

Dominique Hasselmann a dit…

Les photos sont à la hauteur - ou au sommet - du texte...

Brigetoun a dit…

un échelon en dessous peut-être.. mais pas plus bien entendu