haut le bleu calme
où ne court plus le
mistral
l'air se fait tendre
lavage cheveux,
aspirateur, cire, faubert
et longue plongée dans la
beauté de la marche de l'océan de
Yannis Ritsos (à travers la traduction d'Anne Personnaz du moins, le
texte grec m'étant inacessible, me l'aurait été je pense même si
une petite guerre avec une nonne professeur de latin ne m'avait privé
de l'étude du grec ancien), dans la houle, la puissance, les
sourires de la mer, sa pérennité, dans la peine et la colère
aussi, qui n'est pas que celle des marins et des enfants grandis dans l'odeur de la mer. Troisième livre écrit
(en 1939), sous la dicature de Metaxàs, après l'autodafé, devant
les colonnes du temple de Zeus olympien, de son Epitaphios
(plainte de la Vierge devant le
corps de son fils) écrit après une répression sanglante, troisième
livre adressé à l'idiotie de la censure.
Long
poème qui commence par
Nocturne port
lumières noyées dans
les eaux
visages sans mémoire
et sans suite
éclairés par les
projections passagères des navires lointains
et puis engloutis dans
l'ombre du voyage
voiles obliques avec
lampions du rêve suspendus
comme les grandes ailes
fendues des anges qui ont péché
les soldats avec les
casques
au milieu de la nuit et
du charbon
des mains meurtris
comme le pardon tard venu...
qui
s'achève par
Soleil, soleil
qui teint de sang la
mer
nu je m'abandonne à ta
flamme
pour éclairer les yeux
des hommes
Mes frères
écoutez votre voix, ma
voix
écoutez le chant du
soleil et de la mer.
La mer
en son immensité de visages, d'humeurs ou de voix, la mer de
l'enfance
Nous
avions le jardin au bord de la mer.
Par
les fenêtres glissait le ciel
et
la mère assise
sur
le tabouret bas
brodait
la campagne du printemps..
la mer
de la jeunesse
au dehors des fenêtres
les douces notes de guitare de la brise
le visage lumineux de
l'éclaircie
dans la mémoire
blanche de l'été
avec un faisceau mauve
d'ombre
oblique sur la joue
veloutée
et
dans le lyrisme, le souffle du poème, passent l'attente de Laërte
et l'arrivée d'Ulysse
comme il arrivait nu de
la mer
doré des eaux d'aurore
vigueur dressée
dessinée dans le cadre du soleil
et
passent, même aux temps de l'enfance, les adieux
avec des petits caïques
en bois
dans les anses bleues
qui avaient la senteur
des adieux
la
descente du jour, en écrivant au sang les horizons et le souvenir
les
navires perdus, les attentes des femmes, le poids de la religion,
l'appel de la mer
Demain nous
déracinerons les croix
du cimetière marin
pour chantourner des
barques d'enfant
pour tailler dans les
stèles funéraires
des statuettes de la
beauté et de la mer
les
ports, les fonds de ports la nuit, les filles, et tous ceux qui
manquent
Accablé à en mourir
je vois le ciel désert
et je salue un grand
nuage
et je suis comme un
petit agneau chagrin
qu'on a abandonné
seul..
l'exil
loin de la mère, de la mer
Petits enfants
silencieux et surpris
aux cils salés
…
nous passons apeurés
dans les grandes cités
au pied des hôpitaux à
l'odeur de sommeil et de sueur…
et
tant et tant de choses.. amenées, reparties, avec l'océan et la
vie.
Cueillis
:
la tendre sagesse des
larmes - les parades
d'astres dans la mémoire de mouettes endormies – le
vent qui crucifiait / les ailes sensuelles des oiseaux –
le vêtement bleu ciel de la prière - les yeux doux des oiseaux –
le son paisible du reflux de l'eau /
pas assourdis des pécheurs dans le sable / dans les
barques dorment les enfants – l'odeur
du sperme du dieu qui veille – le ravissement de la nuit
/ où les enfants pèchent les étoiles / dans des caïques tout
blancs -
et
nous, beaux et insoumis
à jamais nous
voyagerons
là-bas, dans les
forêts argentées de la lune...
sans connaître dieu
sans trouver dieu
ou
Des captifs attachés
aux ancres
dans la lueur écarlate
un anneau
serré au cou de
l'horizon... etc...
7 commentaires:
Merci Amie, pour ce texte magnifique et puissant d'évasion que tes photos familières donnent encore plus de beauté
Beau coup de fouet en ce matin vaseux
et grand merci à toi d'être passé dans mon petit désert
Merveilleux texte où se fondent la simplicité de la vision et la révolte
Mon bleu vendéen ce soir n'a rien à envier au tien......et toc
ravie pour toi
Les photos sont à la hauteur - ou au sommet - du texte...
un échelon en dessous peut-être.. mais pas plus bien entendu
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