journal du premier mai, le
principal vient après
Réveil tardif et
calamiteux... ai retapé comme pouvais Brigetoun et suis partie, en
retard, tenter d'accompagner le cortège syndical, parce que sais pas
vous mais moi les grandes idées de l'Europe, et de notre gouvernement
obéissant avec une complaisance quasi joyeuse, sur le travail, ça ne
passe pas..
Ciel noir d'un côté,
ciel en mouvement de l'autre, dans un bon petit début de mistral
presque glacial. Croisé des touristes aux visages ternes et corps
emmitouflés et me sentais de plus en plus totalement épuisée…
Alors les ai rejoints, les
ai accompagnés un petit moment, me suis assise brusquement sur un
plot, et suis rentrée tout doux dans l'antre
en saluant les premières
trouées bleues que le bouleversement des nuages créait.
Déjeuner (sans doute un
peu trop), sommeil, bagarre avec les objets qui, bien entendu,
m'avaient déclaré la guerre, et puis en tentant d'ignorer le
désordre de carcasse, le désordre que le grand souffle du vent
mettait dans la cour en balayant avec belle violence le ciel (mais
les nuages chassés revenaient avec constance, eux ou leurs frères),
ai cherché, comme le fais depuis deux jours, comment remercier tous
ceux qui ont bien voulu se promener (sans doute fort longuement, avec
un courage admirable) dans Paumée pour en tirer Dixit Paumée
http://librairie.publie.net/fr/ebook/9782371771512/dixit-paumee
Dire déjà merci à
Christine Jeanney l'inspiratrice, dire aussi le plaisir de retrouver
dans chacun des cut-up le ton, la marque, de son auteur Peut-être
simplement les recenser, dans l'ordre (et si j'ai quelques
préférences, nous sommes ainsi faits, pour les résultats, éviter
de les mettre en avant, la reconnaissance étant la même devant
chacune des facettes du cadeau), avec une petite citation, qui
forcément sera trahison.
Christine
Grimard, et son quotidien plein de fantaisie
fantaisie
née joliment du rapprochement de fragments
Chute du vent.
Quête de moutarde au
pastiset cigares
Redescendue vers
l’antre
les deux
cut-up de Lucien Suel
choix de
contraintes d'où sortent deux longues tirades qui lui ressemblent
incipit de
l'automne et de la renaissance
Il était prévu de la
pluie,
En picorant le jour,
Matin,
sur mur et vigne
écoutez
mes derniers mots
je garde cela
paresseusement pour un ou deux billets à venir.
j’expulse.
et je retiens mon
souffle
le
cut-up d'Elizabeth Legros Chapuis
qui
s'est consacrée à la lumière
ciel blanc, bleu
emplumé, opale, blanc traversé de lumière
soleil mort, chaleur
égarée en chemin
chemin de lumière
éblouissant mes yeux à peine éveillés
le
cut-up d'Anita Navarrete-Berbel
qui
transfigure mes mots en les reprenant
ciel bleu
nourri de rose
deux de “Angels in
America”
deux de Lear
un duo de belles ourses
brunes
souriant aux arbres en
fleurs
le
cut-up de Piero Cohen Hadria
en
retrouvant le plaisir de le suivre comme toujours
sous
ce presque masque
en me réveillant, en
roulant hors du lit, ai réalisé que je devais abandonner mon projet
pour ce jour : derrière la gare maritime invisible, le tri postal,
derrière les voies, au bout des quais deux garçons dormant dans le
train qui s’en va vers Avignon et sa gare secouée par des rafales
de mistral (encore lui – non
ça c'est Brigetoun ce soir soule du bruit qu'il fait le satané
mistral)
le
cut-up de Luc Comeau-Montasse
cut-up
de photos ? Ne sais si c'est lui
virtuose
texte à écouter et à lire
Mes yeux se sont
enfoncés si souvent dans un nuage, perdus dans les replis d’un
ciel doucement translucide qu’ils y ont vus des secrets jusque-là
ignorés, que je ne saurais décrypter de ma raison, mais devant
lesquels je me sens Une. (aurais
bien aimé avoir écrit cela)
le
cut-up d'Anna Jouy
qui
n'en est pas vraiment un
mais
qui m'a fait le grand honneur et plaisir
de
reprendre des poèmes publiés dans Brindilles chez Laurent Margantin
l’eau comme une
estompe
sur les traits de
pastels tumultueux du ciel
unifie et reproduit en
lissant.
comme une opale,
de la violence légère
au camée
le
cut-up de Jan Doets
malicieux
et surréaliste
une nuit
d'été
Les chèvres frais
commençaient à se faire rare mais les premières bintjes, belles et
sans les blessures qu’elles arboreront dans quelques mois,
commençaient de se réveiller d’une sieste en équilibre instable
et de se dire ai rien à dire en se faisant légèrement plus
insistantes. (Oui les bintjes de
La Haye ont tous les talents et font la sieste)
le
cut-up de Marie-Noelle Bernard
qui
heureusement n'a pris qu'une infime partie de mes allusions à
carcasse
pour
les faire s'entrechoquer joyeusement
à contre
carcasse
Carcasse était
d’extrême mauvaise humeur, ces jours-ci déteste la foule et me le
fais savoir. Envie faible, entre deux assoupissements, emmener
carcasse en lui prêchant le calme....
le
cut-up de Christine Jeanney
prêtant
à Paumée sa fantaisie et sa sensibilité
juste
courtoisie
pour la première fois,
ici, il m’arrive de regarder ce qui m’entoure autrement que comme
un prolongement de moi
apprendre à découvrir
ce qui était dans cette belle lumière, trier les sons pour
découvrir ceux qui m’étaient musique, tenter, maladroitement, de
toucher moi aussi
mais
j'ai honte en prélevant un passage, parce qu'elle a si gentiment
assemblé de longues phrases ou des paragraphes de Paumée que, la
citant, je me cite
le
cut-up de Sabine Huynh
créant
à partir de minuscules notes une superbe évocation musicale
musique,
musique.. et plaisir grand
inventif
pour piano seul
passage doux et calme
quelques déchirures
d’un bleu très pâle
et de musique
de l’antre
le
cut-up d'Anh Mat
en
un tissage
qui
m'a semblé fraternel
ces petits
éclats intacts
les bateaux ne dansent
pas, c’est le vent qui les fait danser eux et la mer en jeux de
forces qui s’opposent et s’accordent, l’iode m’agresse, l’air
sur mes lèvres a saveur de sel, une promesse de vent rode, l’eau
est devenue indistincte, mes jambes, mes hanches suivent son
déroulement devant mes yeux, le mouvement entraîne le chant de mon
sang et mon crâne s’y baigne mais,
comme avec Christine, j'ai petit soupçon de me citer (et le remercie
en ce cas pour le coup de flash)
le
cut-up de Christine Zottele
et
sa malice
La lune est verte
En chemin vers le
blanchisseur
Aimer les arbres
Nager avec quelques
mona lisa
le
(ou les) cut-up de Serge-Marcel Roche
Paumée en
quatre saisons
presque
dignes d'une déambulation sur le chemin tournant
1
L’air et la lumière,
encagés, soutenus,
rebond de parasol en
lanterne,
élan serré de ce qui
clos
2
j’ai eu furtivement
l’impression
d’être sur un
voilier
entre spectacle et
nourriture
3
Je suis partie dans la
nuit
découvrant que mes
mains aimaient toujours la terre,
un peu essoufflée par
les guerres, alliances, retournements,
me hissant — pensant
«je gravis»,
4
Les statues sont
parties
avec juste assez de
tristesse profonde,
sous un ciel d’opale
lasse
(à cause surtout de
Vivaldi).
Et
puis le touchant cadeau final que je rapte, les arbres pressés tout
drets de Claudine Sales
long ?
Que ça ne vous dissuade pas de télécharger Dixit Paumée, ils ont
bien du talent. Et me furent compagnons dans la nuit de Marvejols au
creux de la petite chambre grise et blanche, et puis lors de mes
relectures aujourd'hui...
10 commentaires:
ravie de votre cut-up des cut-up.... un kaleidoscope très apéritif!
Merci de distiller les mots que l'on a pris plaisir à choisir entre les vôtres :-)
savais pas trop comment remercier pour l'honneur fait à pauvre vieux Paumée
Belles découvertes par ci par là connues ou moins
Merci pour ces échanges percutants d'intelligence Un régal
Chère Brigitte, merci pour cette très belle lecture des relectures. Bien amicalement.
Lucien
J'ai téléchargé le livre et, j'avoue, n'ai pas participé au cut-up proposé.
Peut-être faudrait-il un jour faire un cut-up des commentaires... ?:-)
Dominique comme des poupées gigognes (petite vieille regarderait)
des mots et des images tous les jours... merci à vous chère Brigitte
Merci pour la musique, chère Brigitte.
..perdus dans les arbres pressés
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