sortant dans rue, voyant
le bleu et l'éblouissement blanc des nuages, mes bras aimant le
contact des manches longues d'un cardigan de coton, ai eu désir de
dire au temps : «surtout ne changes plus rien, maintiens toi en cet
état aimable, garde cette chaleur sans excès, juste de quoi
transpirer béatement au mitan du jour, sans vertige, avec cette
lumière et des petites ombres passantes au gré de la brise qui
affermit les joues et fouette l'esprit…»
mais en tournant le coin
ai pensé que le vent jeunet était un peu trop plein d'entrain, mais
les bannes se sont mises à claquer, mais ma jupe a dansé avec
frénésie et en tournant rue Saint Agricol j'ai fait soudain trois
pas en arrière sans le vouloir.. alors j'ai ajouté : «c'est bien,
ton vent est sans grande violence, mais juste un peu trop joueur,
modère le, pour que les pages fassent des niches aux lecteurs mais
n'handicapent pas outre mesure la lecture, pour que les nuits ne se
creusent pas glaciales hors de l'abri des murs...»
Ai pasé le jour
agéablement mais avec toujours petite colère, incompréhension en
entendant les gens derrière les micros, alors ai pensé force
bénévolente, ai pensé beauté, et en souvenir de la réunion dans
le cloître du Petit Palais des têtes sculptées par Davide Galbiati
http://www.davidegalbiati.com
je reprends une image et le texte inspirée par elle paru chez les
cosaques des frontières https://lescosaquesdesfrontieres.com
ce serait un visage
ce serait un visage de
terre pétri de vie
ce seraient deux arcades
profondes, un nez noblement droit humanisé par un petit renflement,
une bouche close, une lèvre inférieure ferme et amère, une lèvre
supérieure ourlée de douceur par une idée de moustache et le petit
creux qui le rattache tendrement à la racine des narines
ce serait un visage
expressionniste, stylisé et très humain
ce serait en place d'une
peau tannée par la vie la marque des doigts qui lui ont donné vie
ce seraient les marques
des petits outils métalliques devenues rides, rides en chutes
austères
ce seraient, à l'ombre
des formidables arcades sourcilières, les paupières baissées sur
les globes des yeux et la tendresse du repli qui filtre une ombre de
regard
ce seraient les courbes
douces creusées sous les yeux, entre l'affirmation du nez et les
larges pommettes
ce serait la méditation
qui s'enfle autour de la bouche, cette sérénité posée sur
l'inquiète recherche
Ce serait le collier de
barbe qui avalerait les joues creuses
Ce seraient les plis de la
barbe qui porteraient le visage
Ce serait l'immensité du
front
Ce seraient des petites
touches attendries, un calme contenu, une noblesse.
11 commentaires:
Plaisir de retrouver ce visage et ce texte magnifiques
mmmmeeeerrrrcccciiii
Harmonie du texte et de la photo. Pas mal pour commencer la journée.
Il est bien que vous ayez un stock de "Ce serait"... Le conditionnel est ainsi toujours au présent !
Il y a des rencontres bienfaisantes dans le bleu du ciel qu'agite un vent coquin
le conditionnel est en fait toujours présent, même s'il se cache, dans ce que j'écris
Un conditionnel qui ne se contente pas de " si ". Merci.
Quel est l'auteur(e) de ce magnifique visage ?
je le dis juste avant le texte Davide Galbiati, et tu as un lien vers son site
Aime beaucoup ce qu'il fait
si beau texte avec la vie des " ce serait" et j'ai découvert le sculpteur !
Merci Brigitte; je suis distrait et fait trente-six choses à la fois.
Un artiste et un site intéressants.
Pierre, je fais exactement pareil :-)
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