tomber dans le jour de
plus en plus tard.. réaliser, en commençant sans grand
enthousiasme à attaquer un petit tas de repassage, que les lectures
d’auteurs choisis par RFI ont commencé au jardin de Mons, depuis déjà plusieurs jours.. finir
de repasser un pantalon, débrancher fer, et partir dans la lumière
sans vent, le jour qui se dégourdit, très en avance parce que
encore marquée par la longue file d'attente de la veille, tout en me
sentant si fatiguée (plus qu'avant le presque repos de samedi) que
je renonce à une vague envie d'un spectacle en milieu d'après-midi
dans une petite salle du off..
personne devant la porte
du jardin mais une affiche annonçant que l'accès se fait maintenant par la
maison de Vilar (en fait le jardin en question est le jardin de la
dite maison...) - deux ou trois personnes flânant, la librairie pas
encore ouverte et, pour l'accès au jardin, un il faut attendre
peut-être plus étonné que ne l'ai saisi
m'en suis allée siroter
lentement un café à la terrasse de la civette, regardant en biais,
discrètement – de toute façon ils ne me voyaient pas, ni
personne, étaient absorbés – deux jeunes femmes et Aurélien Bory
visionner une série de photos d'Espaece en cherchant celles qui
leurs plaisaient (pas facile de photographier ce spectacle) et le
membre vivant d'une statue double repeindre le manteau de la partie
morte en même temps qu'il se maquillait – un petit tour par la
place du palais où arrivaient les premiers touristes et j'ai regagné
le coin de la cour de Vilar où se tenaient quelques attendants, à
onze heures moins vingt...
Je voulais
prendre une photo, parce que le ventre des lions et les herbes dorées
séduisaient mes yeux errants en cette attente, ce fut un clips
(en garde une minute au début pour la photo et pour me souvenir d'agréables et
épisodiques échanges sans importance avec deux femmes et cet homme dont l'allure me
semblait familière qui, si je ne me trompe, était Jean Rochefort, ou
lui ressemblait fort, et avait courtoisie et humour légèrement, très
légèrement, ironique – là il s'agissait de me faire petite place
assise sur un petit banc où des revues étaient exposées), place à
l'ombre que j'ai abandonnée pour faire un tour à la librairie,
ayant coupé résolument la liaison entre mes yeux et la zone du
désir dans mon cerveau
et me suis
retrouvée au soleil, délicieusement chaud, puis un peu trop,
adossée au mur en tête de la file qui se constituait, blablatait,
un peu étonnée de voir que onze heures, heures que j'avais retenue
comme étant celle du rendez-vous passait sans aucune réaction... et
puis parmi les phrases de légère impatience qui s'échangeait, les
mots onze heures trente m'ont frappée.. et comme je me sentais
vraiment très lasse, comme mon envie s'était lentement dissoute,
m'en suis allée alors que l'attente était presque finie.
Déjeuner lent,
un peu de lecture dans la cour, une profonde sieste, rien,
merveilleusement rien.. avant de troquer bermuda qui ne sort pas dans
la rue et vieux tee-shirt pour une robe et m'en aller
vers la cour du
Lycée Saint Joseph,
pour un très
court spectacle, Soft virtuosity, still humid, on the edge de
Marie Chouinard, dans l'espoir de goûter cela, puisque j'avais
découvert tardivement, et aimé, son travail cet hiver avec,
surtout, son spectacle à propos de Michaux.
photos de Nicolas Ruel
Alors que dire
: que j'avais été alléchée par ce que disait le programme
Observer la
marche. Encore et toujours. Comme un inépuisable point de départ
vers des mondes inconnus. Regarder comment, à elle seule, une marche
porte un corps. Explorer son caractère. Déformer sa course, la
ralentir ou au contraire l'accélérer. Complexifier sa trajectoire.
Et recommencer à marcher. Ensemble cette fois, en cherchant, même
claudicant, un possible unisson. Observer cet unisson, décrocher de
son orbite, plonger dans les abysses. Complexifier à nouveau sa
trajectoire en la déviant d'un regard. Et maintenant cadrer en plan
serré ces regards qui se croisent dans une forêt de hauteurs et de
marches, dans des remous de vagues et d'ensembles, dans les jeux
complexes du perpétuel mouvement de la vie. Ce monde inconnu... Avec
son incroyable compagnie, Marie Chouinard multiplie les états de
grâce dans une oeuvre à la fois sauvage et raffinée, primitive et
sophistiquée. Ses matériaux ? Un corps « sismographe »
captant « le jeu des fluctuations qui l'environne » et cette
lumière qu'elle travaille dans une incandescence sonore. Comme ici,
dans cette épopée abstraite, tour à tour tragique et comique,
païenne et sacrée, qui célèbre d'un geste vif et précis une
humanité partie en quête de ses confins.
qu'en
regardant une vidéo trouvée dans l'après-midi
j'avais
trouvé cela beau, passant assez rapidement (la vidéo passe
d'ailleurs elle-même assez rapidement sur les longues traversées du
plateau) sur ce qui m'a sauté aux yeux en regardant ces corps
gênés, handicapés par des tics, ces corps d'handicapés mentaux
(du moins c'est ce qui s'est imposé à moi, avec tout de suite la
question : quelle est la qualité du regard porté sur eux - comme
certains visages très agrandis par les vidéos (superbe travail)
projetés sur la façade du lycée singent la douleur d'arriérés..
Mais,
il y a la beauté de ce qu'elle dit dans le programme de salle que
venais de lire je cherche des états de corps aux aguets,
perméables, pour réémettre cette forme d'intelligence qui nous
constitue psychiquement, physiquement, organiquement. Pour moi le
corps est une antenne, un sismographe. Dans mes pièces, tout le
corps – sens sens, ses pores, ses cellules sur le mode de la
perception afin de pouvoir capter ce jeu incessant des fluctuations
visibles – comme l'air, les courants - ou invisibles mais présentes
qui environnent. C'est comme avancer en ayant en main des chevaux
sauvages... et c'est sans doute moi, ma sensibilité un peu
ombrageuse qui n'a pas vraiment capté les variations, sauf vers la
fin à un moment où les corps souplement se rassemblent, se
consolent, sauf quand la danse se fait au sol, quand elle se fait
plus harmonieuse, et puis appartenant évidemment à la danse.
Alors
bien sûr ça ne m'a pas empêché d'admirer le travail des danseurs
et puis les moments de grande beauté, comme la longue partie où les
corps en partie dans l'ombre sont au sol, redressés un peu comme le
seraient des naufragés sur un radeau et où la vidéo parcourt les
visages angoissés ou concentrés sur une attente en une longue
houle.
Retour
un peu perplexe, partagée entre plaisir et gêne… gêne que je me reproche en relisant son texte.
Et plus encore ce matin, parce que cette fraternité que réclamais, elle est là… c'est moi qui me suis stupidement braquée je pense
6 commentaires:
Il ne faudrait pas additionner plus d'heures de files d'attente que de spectacles...
Heureusement, il semble que certains valent le déplacement !
pas mal dont celui là
sais pas ce qui m'a pris… et si je supprime cette idée fixe , ce bracage, c'était même très beau
(pourtant justement ai pas vu grand chose ces jours ci - sourire)
Partir juste comme ça après attente trop longue est déjà un plaisir
de liberté
Quant au reste .. difficile et la gêne est saine il me semble
Ainsi le souvenir de l'instant plus beau que le moment de cet instant vécu.
bracage stupide (devait être lasse et agacée, pourtant reposée en principe) aux premiers regards, qui est resté sous-jacent alors que voyais la tendresse (par moments) ensuite - beau en même temps - de la mauvaise réception d'un spectacle :-)
Tu repasses...et moi aussi après un mois de pause voyage. Je vois que le festival occupe une grande partie de tes losirs.
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