Dans la fraîcheur du
petit matin, un peu de repassage, un peu de ménage, et puis m'en
aller dans la ville avec draps et robes à nettoyer, passer avec remords devant le Centre Européen de poésie, deux des spectacles que j'avais cochés ne se jouent plus..
et retour avec draps
propres, toasts pour réveil et yaourts, trop tôt pour Mons... tant
pis, ce sera une année sans, je pense.
Et puis vers trois heures
et quart départ vers la poste, parce que je jugeais inutile de faire
les centaines de mètres supplémentaires vers la gare routière et la
navette, et que le bus tcra me laissait à Agroparc à une
cinquantaine de mètres du parc des expositions
– arrivée en avance –
longue attente à la recherche d'un peu d'ombre... trajet.. le
circuit entre les firmes d'Agroparc.. plaisanter (deux étions) avec
le chauffeur
et prendre la route,
seulement la grille du parc était fermée ou du moins le semblait,
et nous avons dû contourner ledit parc à pied... ai dit à la jeune
femme de ne pas m'attendre
et j'ai trouvé cela très
long avec l'ardeur dardée sur moi, les autos lancées et ces lignes
droites qui ne s'incurvaient que pour ouvrir une nouvelle ligne
droite.. une petite vingtaine de minutes avec des moments de solitude
extrême
ma triste gueule en
arrivant m'a ouvert l'autorisation de m'asseoir sur un petit banc de
béton en marge de la file.. pensais clim par là dessus, hésitais à
me reposer un moment et repartir,
mais finalement ai tenu,
grâce aux piapias, à vrai dire j'ai eu des moments pénibles
pendant le spectacle mais j'ai tenu, bouche et peau sèche malgré le
brumisateur, nuque douloureuse et amorces de vertige mais j'ai tenu
et ri
et puis il y avait eu
l'entrée sous la voute, l’éclairage assez merveilleux et ce tout
petit parallélépipède au centre, la salle montée pour le
spectacle, qui en fait donnait ensuite une impression d’immensité,
en accord avec le jeu des FC Bergman sur les rapports d'échelle.
(photos Christophe Raynaud
de Lage)
Parce que, c'est vrai,
j'allais oublier, il s'agissait d'un spectacle des FC Bergman,
collectif anversois, Het Land Nod ou
le pays de Nod (Nod
étant, si je l'ai su je l'avais oublié, le pays d'exil de Caïn
après avoir tué Abel. Il s'agit d'un endroit sans but.
Pour nous le pays de Nod est à l'extérieur du musée. Nous sommes
tous des Caïn .. mais nous pouvons trouver refuge. (dans
le musée et l'art) Le pays de Nod essaie de pénétrer la
boite, cet espace de silence et de paix)
J'emprunte
au programme sur le site sa présentation
Certaines salles de
musée, à l'instar des cathédrales, semblent avoir été
dimensionnées pour nous intimider. Ou, tout du moins, pour souligner
notre humble condition. C'est le cas de la salle Rubens du musée des
Beaux-Arts d'Anvers, fidèlement reconstituée par les FC Bergman qui
ne résistent pas au plaisir d'y installer le public. Devant nous,
alors que des oeuvres viennent manifestement d'en être retirées ;
une seule résiste, Le Coup de Lance, trop grande pour franchir le
cadre de la porte d'entrée. Privée de sa vocation – abriter les
toiles du peintre flamand – elle pourrait être une Arche de Noé,
un refuge paisible et silencieux dans un monde agité. Pourtant ce
havre est habité par des personnages en proie à la solitude et à
l'absurdité. Le gardien n'a plus grand chose à surveiller ; une
visiteuse s'évanouit devant l'oeuvre rescapée ; des techniciens et
un conservateur tentent désespérément de l'évacuer... À
l'origine de cette mise en situation, les véritables travaux du
musée des Beaux-Arts où en 2015, les FC Bergman, artistes
anversois, découvrent que la salle Rubens, avec lesquels ils
entretiennent comme leurs concitoyens une relation très intime, sera
fermée à l'instar du musée pour une dizaine d'années. Le choc de
cette vision leur inspire un spectacle d'une grandeur plastique, un
spectacle d'atmosphère, sans paroles, où les rapports d'échelle
sidérants et la poésie des situations décrivent des êtres humains
obstinés, fragiles et bouleversants.
fragiles
et bouleversants comme le sommes devant la démesure de la salle, du
tableau, comme le sommes devant la société et ses vulgarités,
duretés etc.. mais aussi d'une absurdité comique irrésistible, et
on rit beaucoup, même devant le tragique absurde de ces situations.
Il y a les trois visiteurs, celui qui se met nu (et les hésitations
du gardien à qui il confie autoritairement ses vêtements) la jeune
fille qui s'évanouit et se relève et court quand elle veut et
l'autre garçon, et ensemble ils se lancent dans une course qui es
presque une danse, en mémoire de la course des trois à travers le
Louvre dans Bande à part, il y a, alors que celui qui veut à
tout prix trouver une solution pour sortir le Rubens de la salle,
tombé de la gigantesque échelle se trouve pendu dans sa veste
accrochée à un fer, gigotant, appelant sans succès, deux touristes
japonais qui entrent, le garçon photographiant son amie devant le
tableau, les deux faisant ensuite un selfie, et ressortant sans avoir
regardé une seconde ni le tableau, ni le pauvre homme, il y a les
solutions radicales qui détruisent presque complètement les murs
(d'ailleurs on a entendu auparavant des détonations et vu de la
fumée entrer par la porte du fond, le tableau enlevé et un christ
apparaissant sur le mur. Il n'y a quasiment pas un mot, uniquement
des borborygmes.. et puis il y a cela
Nous
considérons que cette salle est un espace de silence où l'être
humain peut trouver du réconfort, de la protection contre le
monde extérieur, où le temps s'arrête.... penser la culture..
comme lieu cerné, subissant de nombreuses pressions (et de fait
elle est ce refuge à protéger, sauf que certains parmi les plus
grands artistes ont remis en cause ce côté culture-patrimoine,
nuançons donc en pensant qu'elle est le produite de ce qu'il y a de
mieux en l'homme, auquel il doit tendre, et qu'il faut préserver,
dans le musée et notre regard) mais la définition des lieux
d'art et de culture comme des sanctuaires à l'abri des tourments du
monde repose sur une fiction...
sortie
contente mais épuisée
pour
découvrir que le pompier qui devait m'escorter ne savait pas quel
chemin prendre pour la grille proche de mon bus,... ai dit bon je
m'assieds par terre et je pleure, et cela a suffi pour que je
sois autorisée à payer l'aller et retour navette (demandais pas
mieux) et me prélasse dans le dernier car prévu à cet effet et
quasiment vide.
Retrouver la ville hors et
dans les remparts et son agitation. M'arrêter à la première
terrasse pour boire un grand verre de sirop d'orgeat, m'entendre dire
vous devriez faire attention, vous avez l'air très fatiguée.
Regagner l'antre, télécharger photos, arroser, essayer de parler
comme pouvais (comme ci-dessus) du pays de Nod, et réaliser que,
même en gardant même tenue, très présentable, même en prenant
pulvérisateur en main et caramel en bouche je suis totalement
incapable de repartir faire la queue devant les Carmes pour le
spectacle, bien tentant pourtant d'un autre collectif belge
(bruxellois celui-ci)
Rumeurs et petits jours
de Raoul Collectif (photo Christophe Raynayd de Lage bien entendu)
Antenne dans trois
minutes. Le public finit de se placer. Les techniciens s'affairent.
Décontractés, les chroniqueurs d'Épigraphe s'installent derrière
leurs micros. Un clope au bec, l'un d'entre eux lance le générique,
un vieux swing. Trois, deux, un... « Faute de soleil, sache mûrir
dans la glace » : le sujet du dernier épisode de l'émission,
brutalement rayée des ondes, vient d'être posé. Pressentant
qu'autour d'eux le décor va tomber en ruine, que les lumières vont
s'affoler en faiblissant, les animateurs s'engagent malgré tout dans
un nouveau débat contradictoire. Chacun à leur manière, ils vont
défier l'idéologie libérale qui les a déprogrammés dans un
ultime assaut de pensée poétique, pleine d'autodérision....
regrets
sincères, mais quand on peut pas, on peut pas.
10 commentaires:
La salle représentée avec le grand Rubens fait penser à celle du Théâtre des Bouffes du Nord (et non du Nod !), place de la Chapelle à Paris, avec ses murs lépreux et maintenus comme tels...
Brumisateur : il va vous falloir en acheter un pack !
pour les murs oui, mais en beaucoup plus grand, du moins le semble puisque murs filant droits sans balcons et forme rectangle - très grande salle de musée simplement, et décrépite quand restent que tissus des murs et des années de poussière
(jai un pack et de tailles variées, c'est mon doudou, coupe angoisse, rafraîchisseur et coupe soif)
quelle belle salle mais
ils annoncent encore beaucoup de chaleur aujourd'hui !pensons à vous !
oui, ai choisi les trois jours les plus chauds pour des spectacles dans l'après midi et hors les murs - pas malin, pouvais pas deviner
Je me serais effondrée avant...
Si tu vas à Vedènes, la clim' ne marche pas ou peu...
Caroline, merci pour cette nouvelle
et puis là j'ai choisi de rester cool dans l'antre ce matin, et sans doute de ne rien faire d'autre que Védène (et ma pièce préférée par ce que la première connue de moi de Bernhard plus Lupa, miam)
Étonnant ce Rubens n'est-ce pas? J'ai lu quelques notes à propos de ce spectacle dans la presse. Cela valait bien de frôler les marges de l'épuisement! Ne pas oublier une petite bouteille d'eau même pas fraîche...
Je constate que même pour les Avignonais, la gestion des navettes et bus n'est pas facile. Ma première expérience, la navette pour Védène a frôlé la catastrophe et l'a été pour une amie qui n'a pas pu rejoindre à temps la Gare Routière, qui à Avignon s'appelle ... PEM... autrement dit Pôle d'Echange Modal ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Je suis vraiment impressionnée par votre marathon: sous votre apparence fragile, quelle énergie!
tendance à trouver au contraire que ça s'est pas mal amélioré (à preuve mon retour) - mais là j'avais voulu jouer les malignes (et rudement plus confortables que les bus !)
Heureusement pour vous, vos journées font véritablement 24 heures. A l'instar des marins, dans votre "antre", un repos par ci, un repos par là, et ça repart. On vous suit pas à pas, heure par heure, arrivant même à votre lecture, de transpirer devant la perspective de marcher le long d'interminables lignes droites sous un soleil vertical.
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