matin aller et retour sous
ciel bleu et dans toute petite brise vers le teinturier-blanchisseur
et comme forme est encore
bancale, renoncer, sans trop de peine à un spectacle à 17 heures 20
(quoique tentant, assez, mais pas tant) à côté au Petit Louvre, ne
partir qu'environ une demi-heure plus tard vers le dernier spectacle
choisi au Théâtre des Halles – ne pas se cantonner à lui –
sous le chapiteau du
jardin, pour dix bonnes minutes de
panique intense à cause du mal-être clim, mais de refus d'y céder,
parce qu'en même temps étais dans l'écoute de
ce que
j'appelle oubli - Olivier
Coyette disant Laurent Mauvignier (photo prélevée sur le site du
théâtre)
et ce que le
procureur a dit, c’est qu’un homme ne doit pas mourir pour si
peu, qu’il est injuste de mourir à cause d’une canette de
bière que le type aura gardée assez longtemps entre les mains
pour que les vigiles puissent l’accuser de vol et se vanter,
après, de l’avoir repéré et choisi parmi les autres, là,
qui font leurs courses, le temps pour lui d’essayer – c’est
ça, qu’il essaie de courir vers les caisses ou tente un geste
pour leur résister (fragment du texte de Laurent Mauvignier)
-
déjà chorégraphié par Preljocaj, déjà mis en scène, entre
autres interprétations, pour la Comédie française par Podalydes,
lequel écrivait
La phrase commence sans
majuscule par la conjonction « et », comme si elle avait démarré
avant, ailleurs – « et ce que le procureur a dit, c’est qu’un
homme ne doit pas mourir pour si peu » – et se poursuit au long de
soixante pages, racontant, non ce n’est pas le mot approprié,
détaillant et revivant un fait divers aussi violent que banal, un
homme dans un supermarché meurt sous les coups de vigiles à cause
d’une canette de bière volée, et avançant, la phrase, toujours
la même phrase, adressée au frère de la victime, attire, aimante à
elle quantité d’impressions, de souvenirs, d’images qui nous
mettent peu à peu dans la tête de cette victime, comme si fi
nalement c’était nousmêmes, qui lisons, disons ou écoutons cette
phrase, qui devenions, au travers de cette construction à la fois
savante et brute, pleine de rythme et de cassures, la victime
elle-même, toujours anonyme, mais dont nous recevons et portons,
comme une responsabilité, la mémoire, la dépouille fracassée, la
douloureuse et misérable humanité. ...
Et
Coyette
Ce texte à portée
universelle, a vocation à être joué partout dans le monde parce
qu'il questionne la fragilité de l'existence humaine, la brutalité
de la mort et la sauvagerie de l'irruption de celle-ci, lorsqu'elle
survient par abus d'autorité, sera livré au public dans l'esprit du
" Théâtre pauvre " cher à Jerzy Grotowski. Rassemblé
autour de la parole et du corps de l'acteur, le public est convié à
un voyage émouvant où, au coeur même de l'absurdité de ce moment
de bascule entre vie et mort, se survit à lui-même pour quelques
brefs instants encore le souffle humain.”
ma
foi en rester à cela : lui debout face à nos bancs, disant cette
brutalité banale et l'humain avec ce que cela représente de
résistance, liens.... avec son intelligence qui veut essayer de
comprendre ce qui ne peut se comprendre, alors imaginer ceque cela a
été pour les vigiles, considérés en leur humanité, c'est
de leur jouissance à eux qu'ils étaient coupables, sauf
que ce n'est pas si somple qu'il faiut trouver d'où elle venait, de
quel entraînement, avec l'étonnement que cela soit scandaleux juste
parce qu'il ne s'agissait que d'une cannette, avec le récit fait au
frère, les souvenirs rappelés, l'imagination des réactions, les
parents, le père boucher, le récit du procès, les souvenirs de
jeunesse et des rencontres ultérieures, en temps de dérive, et
cette assurance donnée la vie n'a pas été pingre pour
lui. Le texte est de Mauvignier
et donc riche, beau, et le corps un peu lourd, les cheveux un peu
bouclés, la voix presque plate comme quand on raconte, sans vouloir
en rajouter puisqu'il s'agit de bercer la peine sont bons vecteurs.
émerger
de ces cinquante minutes, avec enfin l'impression qu'il s'est passé
quelque chose, hésiter un peu à en rester là, et puis parce que
c'était près, parce qu'en avais eu envie, l'avais prévu, regagner
la rue d'Amphoux, et juste en face des ateliers, avec lesquels il
fraternise, le théâtre Al Andalous
pour
assiter à une grenade éclatée, parce
que «Cette
création évoque l’utopie d’un temps où en terre d’Al
Andalus, le bien vivre ensemble, la convivance privilégiait le
culturel plus que le cultuel. "Un voyage onirique entre texte
poétique fort, controverse masquée, violon tzigane envoûtant et
calligraphie magique ..?Une balade œcuménique au pays de l'absurde
religieux s'il n'est pas du ressort de l'amour.. Un poème de sagesse
sagace.. Le voyage est trop court quelques unes des 613 graines
restent plantées en vous» - ne pas voir l'affiche, m'étonner,
chercher, trouver un gros programme du off, vérifier et
et
partir d'un bon pas, hésitant un peu parce que ne savais à quel
niveau de la rue Guillaume Py il se situait, vers le Théâtre
Girasole, longeant les files plus ou moins longues, les attentes plus
ou moins animées devant les théâtres (le off se porte encore fort
bien)
une
attente et puis ce spectacle auquel j'avais dû renoncer cet hiver
les
filles aux mains jaunes de
Michel Bellier dans une mise
en scène Joëlle Cattino
1914-2014 : une plongée
dans la grande Histoire, celle de 14-18. Pas celle des tranchées, ni
celle des poilus, mais celle des petites abeilles courageuses de
l’arrière… C’est l’histoire simple des femmes ouvrières qui
fabriquent des obus à en avoir les mains jaunes. Dans leur usine,
Jeanne, Rose, Julie et Louise découvrent tout à la fois : la
liberté de corps, de paroles, d’esprit, les conditions inhumaines
de travail, la solidarité, la résistance. Elles vont vivre là,
jusqu’à la fin de la guerre, quelque chose qui ressemble à un
début d’émancipation…
une
vidéo trouvée sur YouTube (mais nous n'avions pas le musicien sur
scène)
il
y a ces femmes du peuple, la plus vieille dont le mari et les deux
fils sont partis, qui se voulait presque entousiaste, qui évolue, un
peu bourrue, voulant s'en tenir à sa tâche, et qui perdra ses trois
hommes fusillés, la fiancée, la jeune mère et ses deux enfants,
celle qui écoute, est troublée par les discours de la dernière,
l'apprentie journaliste, la féministe, la pacifiste, qui veut
comprendre pourquoi elles doivent boire du lait, qui découvre
l'empoisonnement lent auxquelles elles sont soumises, outre le danger
et la dureté de leur travail, celle qui se mettre en avant lors des
grèves, et qui, en effet, mourra empoisonnée. Du théâtre militant
mais pas que.. des peines morales et physiques, la découverte d'un
autre monde, et une belle santé, une fraternité et des
engeulades...
salut
et
retour dans la nuit vers l'antre
6 commentaires:
et toujours ces belles photos pour illustrer la pensée
merci, grand merci Claudine, de venir aussi gentiment peupler Paumée
(me demande si ce n'est pas plutôt pour remplacer la pensée)
Vivre est une expérience unique même qu'à la fin il n'en reste rien.
J'aime bien la photo de la pancarte revendicative "Je suis contre la mort" et je me demande si la rue Guillaume Py n'était pas une préméditation ou une prémonition plaquées de longue date ! ;-)
moi aussi j'aime (tant que j'ai été vaguement tentée… mais restent trois jours et, avec précautions pas plus de deux spectacles par jour, parce que carcasse fait preuve d'imagination dès que je m'assied devant quelque chose à quoi veut m'intéresser.. ) en tout cas j'ai répertorié en deux jours l'emplacement de quasi tous les théâtres, que n'avais jamais cherchés en dix ans
Toujours des découvertes... pour moi et le spectacle de la rue toujours aussi imaginatif
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