matin à l'heure des yeux
embrumés du second soleil un ciel délicat sur Brigetoun et sa
tartine..
bagarre canalisations,
victoire mais au lieu d'attaquer le tout petit tas de repassage m'en
suis allée sous un temps devenu gris, vaguement menaçant et fort
frais (enfin par comparaison, mais suffisant pour que mon chemisier
en coton épais me semble légèrement insuffisant), arrivant à
Calvet juste au moment d'ouverture des portes
pour chercher une place
non bâchée, pendant que le public arrivait lentement, pour regarder
le ciel, y trouver un peu d'espoir,
et puis écouter Marie
Vialle lire (et jouer de sa voix pour illustrer l'art des chantres)
la fête des chants du maris de
Pascal Quignard, en caressant des yeux les racines fabuleuses du
platane proche (que longue soit sa survie)
avant
d'enchaîner, entrecoupant le récit par de brefs airs de son
violoncelle, avec le nom sur le bout de la langue –
plaisir grand et tranquille dans le petit troupeau réuni dans le
jardin, mais aussi frissons…
retour
vers l'antre, la cuisine, en pensant qu'à toute chose malheur est
bon et que la clim d'Aubanel, dont j'ai de très très mauvais
souvenirs, perdra beaucoup de sa virulence par ce temps.
Sieste,
maison, et repartir dans un air qui s'est nettement adouci, sous un
ciel qui s'est allégé, vers le lycée Aubanel et son gymnase ;
pour
assister à Tristesses d'Anne-Cécile
Vandalem (co-production du Théâtre National de Belgique, le Volcan,
théâtre d'Annecy, Amiens etc...), et vérifier si j'ai eu raison dans
mon choix (un jeune brésilien rencontré l'autre soir, comprenant le
français mieux qu'il ne le maniait, tentait de trouver les mots pour
dire son enthousiasme).
Comme
d'habitude, ai choisi deux des photos de Christophe Raynaud de Lage
sur le site du festival, mais plutôt que le début du texte
informatif qui l'accompagne, je reprends celui du site de la
compagnie Das Fraülen, compagnie d'Anne-Cécile Vandalem
En découdre avec ce
qui nous désespère quotidiennement, dans ce monde-ci.
2016, l’Europe subit
une montée puissante des partis d’extrême droite. Parmi eux, le
Parti du Réveil Populaire, dirigé par Martha Heiger (rôle
interprété par Anne-Cécile Vandalem), est en train de
prendre le contrôle d’une partie des pays du nord. Sur l’île de
Tristesses, un suicide a eu lieu; le corps de la mère de Martha
Heiger est retrouvé pendu au drapeau du Danemark. À l’occasion
des funérailles, la venue de la dirigeante est annoncée. Deux
adolescentes vont alors entreprendre de saisir cette occasion pour
écarter celle qui menace leur avenir. Mais le jour des funérailles,
la situation bascule…
TRISTESSES est un
spectacle de théâtre musical dont le sujet principal est la
relation qu’entretient le pouvoir à la tristesse. Empruntant les
codes du polar et de la comédie politique, Anne-Cécile Vandalem
dissèque avec humour une des plus redoutables armes politiques
contemporaines : l’attristement des peuples. Au moyen d’un
dispositif à la frontière du cinéma, elle met en lumière le
pouvoir des médias et le mode opératoire d’une censure qui agit
au grand jour ou dans l’ombre, insidieusement
une
ambiance, un décor simple de village nordique tel que l'imagine, la
vidéo mais uniquement pour ce qui se passe dans les maisons, un
mélange de tragique et de cocasserie, des fous rires et l'horreur de
la violence, violence quotidienne dans les familles, autour d'un jeu,
violence envers les plus faibles, violence des faibles sur les
faibles, violence et tricherie politique et les diatribes sur les
valeurs et le risque de l'envahissement, qui se traduit par la ruine
programmée et la privatisation de la seule richesse de l'île, et
toujours ces moments de rire en les voyant, dans leurs rapports de
minuscule village déglingué, les surprises d'un thriller, une belle
distribution.. oui, cela marche, et les deux heures passent
(d'autant
plus vite que voulais partir un peu avant, ayant mal calculé mon
programme.. et n'ai pu que grossièrement m'éclipser pendant les
saluts)
une
vidéo trouvée ce soir (me méfie de celles sur le site du festival
qui déplaisent à blogger, mais celle-ci est reprise sur YouTube)
et
puis cette surprise en sortant : les 2 heures de durée prévue, qui rendaient
difficile l'arrivée à temps, pour le spectacle suivant étaient en
fait deux heures vingt
donc,
tentation de renoncement refoulée, départ non pas en courant,
n'aurais pu, mais à pas très pressés disons, en culbutant les
groupes, en fonçant, tenant sur l'élan, vers le Lycée Saint
Joseph, le jardin de la Vierge, et trois courtes formes proposés par
des belges. J'ai mis un quart d'heure et n'en revient pas encore, mes
jambes non plus d'ailleurs, ils étaient un peu en retard, j'ai eu
droit de rentrer et de me tenir debout sur le côté.
Axe (photo
DR) une coproduction du Théâtre de Liège et du Théâtre Varia de
Bruxelles - Conception et interprétation
Thierry Hellin et Agnès Limbos
Un couple de
ploutocrates décadents, accroché à ses privilèges comme la misère
sur le monde, s'épuise à se maintenir debout alors que tout se
décompose autour de lui. Comme la cire ou le glaçon qui, s'ils
fondent, ne reprennent plus jamais leur forme initiale, le retour en
arrière est impossible. Ils ont poussé le bouchon un peu loin,
l'angoisse les envahit. L'axe qui les a maintenus droits, fiers et
arrogants depuis des lustres ressemble de plus en plus à un
carrefour giratoire. La désorientation leur fait perdre le langage.
De durs, ils deviennent flasques...
et
c'est exactement ça, résolument farcesque, cela déclenche des
rires, mais en voyant cela juste après Tristesse, sans avoir le
temps de sortir de l'élan de ce dernier spectacle, on mesure sa
force politique.
en
second Heimaten d'Antoine Lambin avec le Théâtre National de
Bruxelles (avec un retard, un affairement, la vidéo ne marchant pas)
Antoine Laubin invite
Axel Cornil, Thomas Depryck et Jean-Marie Piemme à questionner le
terme Heimaten, pluriel de Heimat, qui signifie « patrie » ou
« pays d'origine » en allemand. Les quatre auteurs belges
explorent les sens de l'expression et saisissent l'occasion de
confronter leurs parcours, en convoquant au plateau des
ressortissants de plusieurs pays. À Avignon, deux acteurs belges
jouent et dialoguent en duplex avec deux acteurs allemands. Quels
liens entretenons-nous avec nos origines ? Dans quelle mesure nos
langues et nos lieux nous déterminent-ils ?
Une
belle façon de questionner pour montrer l'absurdité (mais la force
instinctive) des appartenances, pour qu'apparaisse le non-sens des
exclusions... rien de bien surprenant (du moins je l'espère, avec de
plus en plus de doute)
une
jolie idée, le bruxellois et la wallonne sont interpelés par deux
acteurs allemands (en direct ou plus vraisemblablement par
l'intermédiaire d'une vidéo) actuellement à Marseille pour un
spectacle.
Mais
sur ma fatigue grande passait le froid qui frisait en vagues vertes
la vigne des murs et, même si j'en avais envie
suis
partie sans voir les deux acrobates du spectacle suivant (la photo de
Jean Lambert me tentait bien pourtant) Bastien Dausse et François
Lemoine (Bruxelles)
et
suis rentrée, sur les nerfs, expérimentant le sens du mot
épuisement...
11 commentaires:
Tu as " fait fort !! dans cette comédie humaine entre rires absurdités et tristesses
Bravo à toi
Je ne sais toujours pas comment tu fais pour voir tant de spectacles. On serait épuisé à moins.
et grand merci à toi pour ton passage
la pièce me méfiais un peu du très bon bouche à oreilles, bien aimé sur le moment et s'améliore avec temps
quand au trajet étais très très fière de moi (pas si court et huit noeuds de foule à franchir, un petit exploit à ma mesure)
Pascal Quignard, toujours là...
Quant aux Belges, on dirait qu'ils ont trouvé un moyen rafraîchissant de se loger !
Re Viens de m'apercevoir que ce jour est particulier pour toi!! Chut ! Belle journée pour cette année de plus Belle et Vaillante
Caroline suis pleine de complexes en écoutant les gens parler de tout ce qu'ils ont vu (en attendant j'étais à côté du très sympathique et assez passionnant responsable des écritures nouvelles à Présence Pasteur et j'ai observé que, chut, il avait lui aussi des petites absences de fatigue :-)
Dominique, oui et Quignard est un petit fil qui passe, outre son spectacle à travers des lectures et concerts (vais avoir droit à un en principe) cette année - quant aux belges faut reconnaître qu'ont un esprit joyeusement révolté quand le veulent
J'apprécie particulièrement vos changements de tenues qui pimentent votre récit. Vous nous faites vivre le festival d'Avignon de l'intérieur et c'est unique.
mais ménagez-vous...;-))
j'aime vous suivre dans ces pérégrinations artistiques et le regard !
merci Anna c'est trop gentil !
mais en fait je me ménage déjà beaucoup et vis un peu à côté du festival
admirative...
Arlette merci pour ton commentaire (qui était resté coincé dans les spams sais pas pourquoi) et le chut :-)
Enregistrer un commentaire