lumière qui naît
doucement mais petit moral – m'active, forçant le trait, renverse
un paquet de crackers, fais tomber l'étalage du linge, et trébuche
sur la très haute marche descendant vers la chambre, me retiens au
chiffonnier (ou semainier comme on veut) le lâche pour tomber en
renversant ma chaise, pendant que les objets posés sur son marbre
s'envolent. Le satyre de bronze tombe mollement sur les draps en
boule, mais le bol en argent, la petite tabatière chinoise en
faïence et la toute petite danseuse ceylanaise en marbre
rebondissent sur le carrelage. Bol sans problème, col de la
tabatière cassé (tant pis, repose le bouchon directement sur la
panse, ça s'adapte..) et l'ivoire séparé de son socle, un
minuscule pied pulvérisé, irrécupérable (le pied)... la couche
dans ma main puis sur un joli mouchoir, attendra un jour moins
catastrophique pour que je tente de la recoller, sans certitude quant
à sa stabilité, et verse un torrent de larmes en secret sur les
plus de soixante ans de souvenirs que nous avons en commun.
Me sens à vrai dire un
rien brinquebalante ces temps-ci (l'aller et retour vers le théâtre
hier s'est fait à grands coups d'épaule) et décide bien lâchement
de ne rien faire de ce jour qui semble voué aux mini catastrophes,
sauf le trajet vers le blanchisseur, sous un ciel charmant, dans un
air légèrement piquant
en captant, pour
m'attribuer leur force, une machine, un éléphant sur mon chemin.
Ceci dit, tranquilo, ai
suivi une partie des débats sur le budget et ci-dessous - tant pis
vais accentuer la dégringolade - pour moi, égoïstement, j'achève
la visite du Cloître Saint Louis.
En reprenant l'escalier,
débouchant au 2ème étage, saluant la dame derrière une table et
pénétrant dans la grande salle.
Pour
continuer avec encore une fois des oeuvres que j'aime autant que j'ai
eu de difficultés à les capter, sur le mur séparant la salle du
couloir, entre les arcades, Clémentine Poquet
http://www.coulisses.biz/clementine
(beau site et belles oeuvres que je n'ai pas su capter)
Ses différentes
collaborations dans le spectacle vivant lui ont permis d’envisager
le dessin dans sa dimension spatiale et interactive. Elle réalise
alors des performances qui mêlent musique électronique
expérimentale et vidéo-projections de dessins à l’encre.
L’introduction de nouveaux médiums tels la vidéo-projection et
l’animation numérique utilisés conjointement au dessin se
cristallisent aujourd’hui en un travail multidisciplinaire.
une
série de fusains le déplacement des dunes
à
propos desquels Vic Kirilove (Kirilove Gallery) a écrit Ce
n'est pas sans une ceeraine nostalgie ou poésie qu'elle dresse la
cartographie d'un territoire bruyant et halluciné, hanté par les
fantômes d'un projet industriel finissant. Le dessin s'anime, se
fixe, se reprend et désigne l'obsédante métamorphose des formes et
Brigetoun est restée longuement le nez sur chacun dans sa
gourmandise pour l'écrasement du fusain.
Sur
le mur de droite en entrant, et au centre de la salle, les couleurs,
la finesse de
Charuwan
Noprumpha http://base.ddab.org/charuwan-noprumpha
Mon travail se
construit à partir de la lumière, de la couleur avec des matériaux
de prédilection : papier, laine, verre… Et avec des espaces
délimités. Interviennent ensuite des gestes répétés et du temps,
transformant ainsi ces matériaux communs en sculpture. J’utilise
pour cela diverses techniques, comme l'installation, par exemple à
partir de fragments de vitraux délaissés, dont je me sers pour
construire des volumes, afin de redonner toute sa noblesse à ce
matériel.
Puis tout cela est
rassemblé, en dessinant sur le papier et dans l’espace même de
présentation pour provoquer des sensations, des instants et un temps
particuliers. Poésie, légèreté et finesse sont les
caractéristiques de mon travail.
Pour
continuer avec la couleur, mais en grandes découpes, les grands
panneaux, entre les fenêtres sur la rue, de Thibault Laget-Ro
http://laget-ro.com très
violemment et joyeusement colorés sur des sujets graves centrés sur
le printemps arabe et les migrations posant dans un cadre paisible des personnages inspirés par des photos d'actualité cruelle ou guerrière (précédés de sellettes
portant de petits objets en relation)
Quels que soient les
continents, quels que soient les siècles, les hommes ont toujours
trouvé le moyen de s'entre-tuer.
Néanmoins, la nature a
cela de magique, c'est qu'elle n'encode pas génétiquement la
souffrance et que, mieux encore, elle nous offre un extraordinaire
cadeau, une mémoire à court terme.
Ainsi, nous oublions
aussi vite les raisons qui nous poussent à la guerre que les
souffrances qui nous conduisent à la paix (Brigetoun
a de gros doutes sur ce dernier point). Peindre son temps
est donc, dans une certaine mesure, un obstacle temporaire à
l'oubli.
avec,
d'abord, deux tables étroites portant les médaillons Peau de
lait
intervention
à la Laiterie de la Reine à Rambouillet en souvenir du service de
table en porcelaine créé pour les dégustations,
médaillons reprenant
les codes du bas-relief pour rappeler les sculptures de Pierre Julien
et directement
inspirés d'un relief que nous connaissons bien : la pellicule qui se
forme à la surface du lait lorsqu'il est chauffé..
et Melancolia
§ et =34
(pour ce dernier : pèse-personnes pesant des petits tas de sable
noir, en mémoire du carré scientifique de Dürer) réalisés pour
l'exposition Made by Melancolia à l'ENSAD.
En
revenant vers l'escalier, après être passée sous la dernière
arcade,
sur ce
même mur, du côté couloir, les tableaux de Bérengère Leydier
http://www.berengereleydierphotographies.net,
belles et sensibles oeuvres mais qui, quand elles sont en discret
camaïeu, défient avec leur délicatesse la grossièreté de mon
appareil
Mes images .. ne sont
que des prétextes pour saisir des compositions offertes sur les murs
de nos villes et façonnées par les éléments. Prétextes... mais
pas seulement. Ma photographie m'a fait comprendre, peu à peu, qu'à
travers elle, s’affirme un processus créatif plus complexe que je
ne l'imaginais au début, reflétant d'une part la diversité de mon
parcours et de mes passions, et d'autre part mon admiration pour les
grands maîtres de l’art abstrait. Tous à leur manière, ont
repoussé les limites du visible pour déconstruire la représentation
du réel... De l'image géométrique au foisonnement lyrique des
couleurs, la photographie expressionniste se jouent des frontières
entre réel et imaginaire, explorant les matières et les lignes, et
révélant à son insu la réalité intérieure du photographe.
Ainsi, au fil du temps, mes images s'allègent : lignes franches,
grands aplats de couleur. J'ose aller à l'essentiel de ce qui me
bouscule. Un graphisme fort, le contraste des couleurs, la puissance
du monochrome.
Mais
le plus grand défi à toutes photos était l'installation, entre les
fenêtres donnant sur le cloître, de Keita Mori http://keitamori.com
Keita Mori réalise ses
dessins avec un technique particulière qu’il développe depuis
2011 : des ls tendus sur le papier avec un pistolet à colle. Les
lignes ainsi tirées par le sont sans nuances, uniformes comme de
véritables frontières. Il crée ainsi des espaces, par
l’accumulation et l’enchevêtrement des fil : objets, systèmes
dans lesquels les fissures - ou « bug » tel qu’il les appelle
–révèlent des espaces éclatés, en mouvement, comme provisoires.
Eléonore Chatin et Pascaline Zarifian
(le
panneau central où les fils, plus nombreux, au centre, relient les
verticales de deux photos fixées par des épingles est le seul qui
puisse à peu près être reproduit.
Mais
les grandes surfaces vides que parcourent, selon des lignes très
rares et apparemment sans qu'une idée préside à leur emplacement,
direction, sont assez fascinantes – au moins un petit moment).
Et un
adieu, ou un au-revoir plutôt, aux platanes pour finir.
9 commentaires:
ce sont des articles difficiles à commenter mais cela ne signifie pas notre absence d'intérêt...;-) poursuivre
merci (comme le blanc sur blanc à photographier, et cette curieuse façon qu'a l'appareil de teinter de six manières différentes le même mur blanc)
le cloître devient familier et j'en ai quelques photos volées anciennes
des espaces, des couleurs, du mouvement... je les revisite dans la journée c'est sûr !
Brinquebalante, c'est la saison qui nous tourneboule
aux cimaises le beau s'affiche
aimer les ombres amies.
Ici, Saint-Louis, c'est un hôpital (dommage que l'on ne puisse plus entrer par l'ancienne porte donnant sur la cour superbe, mais jamais vu d'expositions - il en existe une, permanente, sur des prélèvements ou des anomalies de la peau...), là votre cloître recèle en permanence des photos et des tableaux qui valent le détour, hélas un peu loin depuis Paris !
belle la porte de l'Hôpital Saint Louis ! plus cérémonielle que celle de ce cloître (qui était je crois séminaire de jésuite et comprend outre le petit coin voué aux expositions et en été à la billetterie du festival, un hôtel - même base de mot que l'hôpital mais en très nettement plus luxueux)
C'est un parcours du combattant que tu effectues chez toi !!! , comme un jeu de domino qui s'écroule en cascade ...en désolation
Cascade d'oeuvres également et chance de te retrouver presque seule en paix pour savourer Un Grand Merci
c'est moi qui dois dire un grand merci
et fouetter ma mule - ai dormi comme jamais ce matin et suis en retard
(en plus il y a plus de la moitié des expose - petites les autres ) que n'ai pas vues !
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