petite allégresse sans
raison en marchant dans ce matin gris sur gris,
sur feuilles fanées,
poursuivre chocolats de bonne facture de boutiques dédaignées en
boutiques fermées, trouver des palets provenant de cosses variées
et revenir en léger vertige et écoeurement (le chocolat n'était
pas en cause)
vaquer, lire, doucement,
petites ondées sur la rose, laisser couler le jour en sentant danser
en moi un petit le trac à l'idée de rencontrer un tout petit
échantillon des neveux, nièces et enfants, demain soir...
et, en grimaçant un rien
en repensant au dernier portrait envoyé aux cosaques des frontières
– carcasse enserre un superbe vide ces jours –, recourir au
diable bienveillant qu'ils ont publiés
http://lescosaquesdesfrontieres.wordpress.com
Le «diable»
bienveillant
Il n'était
plus très jeune, à vrai dire il n'était pas vraiment vieux, il
avait atteint ce moment où l'on n'a plus d'âge identifiable, et il
n'était pas beau.
Il n'était pas
beau, pas vraiment laid non plus.. on pouvait lui trouver l'espèce
de beauté burinée que la vie donne, si elle a été assez intense.
Assez intense,
mais pas trop, avec des plages de tranquillité méditative, qui lui
auraient conféré une touche de sérénité, un peu de gentillesse,
et puis il souriait.
Il souriait de
toute sa bouche, des frisures de sa barbe, des plis qui se créaient
sur son front, un peu moins de ses yeux.
Ses yeux
s'écarquillaient dans le sourire, mais sans qu'une petite lueur de
gaité, ou de douceur, de réelle bienveillance, vienne s'y
promener... non ils gardaient une neutralité un peu morne, assez
inquiétante.
Oui il pouvait
être inquiétant, mais pas immédiatement, simplement un malaise
s'installait peu à peu, sans que l'on sache exactement si cela
venait de l'accueil qui lui était fait par l'un ou l'autre de ses
interlocuteurs, ou de lui, de sa façon d'être présent, de
s'engager dans les discussions, plaisanteries, rencontres, mais avec
toujours une petite réserve.
Une petite
réserve qui pouvait s'expliquer par le reste d'hostilité ou
simplement de méfiance que lui manifestaient les plus anciens
habitants du village.
Ce petit parfum
de méfiance, ou même d'hostilité, qui revenait toujours,
discrètement, tôt ou tard, et puis des petites phrases, même pas
des ragots, de vagues allusions passant rapidement dans les
conversations à son égard, et qui étaient tout de suite, ou
presque, ou le plus souvent, combattus par ses tenants.
De vagues
allusions à un passé, sans précision, à son arrivée, venu d'on
ne savait où, à l'attitude de l'ancien maire, mort maintenant, qui
savait forcément quelque chose, mais qui se taisait, à l'absence de
parenté connue, au maigre courrier qu'il recevait, et qui était la
plupart du temps administratif.
A quoi l'on
répondait qu'il s'était très vite adapté, qu'il avait rapidement
appris à connaître les habitants, leurs petits défauts et leurs
qualités, leurs manies aussi, qu'il était serviable, sans être
insistant, qu'il était devenu pièce importante du club de loisir,
du comité des fêtes, mais sans s'imposer, lentement, en étant
disponible, qu'il...
Oui justement,
il était habile, peut-être un peu trop habile.
De quoi
alimenter des conversations paresseuses quand on n'avait rien de
mieux..
Alors forcément
on passait outre, on le trouvait agréable, et au même titre qu'avec
les autres anciens du village on souhaitait être accepté par lui.
Mais, tout de
même, il y avait ses oreilles.. Au fond c'était peut-être juste
ça, la gêne, ses oreilles.
6 commentaires:
Bon voyage
merci, mais ne pars que demain après midi
On vous entend...
VOUS m'entendez
merci
La beauté du Diable....
Peut-être a-t'il entendu des choses qu'ils ne fallaient pas?
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