Mauvaise humeur au réveil,
peut être provoquée par le fait que depuis deux jours, par mon
étourderie et les vacances bien gagnées de petit toubib, n'avais
plus de traitement.
J'ai jugé finalement
qu'il était inutile de me punir d'avantage et suis partie sous ciel
boursouflé de grosses masses blanchâtres (curieusement censurée
par mon petit appareil) plaider ma cause auprès de la pharmacienne,
avec, comme de bien entendu, un succès rapide…
Ai salué en passant
l'annonce du plaisir que me réservais la soirée et suis redescendue
vers l'antre, yeux dans une douceur bleu tendre (cela s'est gâté
ensuite)
Un certain nombre
d'éternuements, quintes bien grasses plus tard, suis repartie, dans
la nuit et une pluie hésitante vers l'opéra pour assister à
l'Homériade mélodrame
composé par Martin Romberg à
partir du poème de Dimitris Dimitriadis silence d'avant la
musique (dit Romberg à propos
de ce moment où le désespoir ne permet plus que le chant ou le
poème), avec pour récitant Robin Renucci et l'Orchestre Régional
Avignon-Provence dirigé par Samuel Jean. (ils présentaient en même
temps le disque qu'ils en ont tiré et que, vertueusement, n'ai pas
acheté)
Et renouer avec le très
bon souvenir de la création, en juillet 2015, dans le cadre du
festival, de cette oeuvre par les mêmes interprètes
http://brigetoun.blogspot.fr/2015/07/avignon-jour-22-les-belges-et-homere.html
La salle était presque
vide (et mes voisins unanimement charmants et perdus dans la
musique), les avignonnais ont peut-être eu peur de la musique
contemporaine. Pourtant elle n'a rien pour les effaroucher. Longues
pages au lyrisme contenu (avec les petits éclats de lumière du
santouri) s'épanouissant entre les trois monologues, d'Ulysse,
d'Ithaque, d'Homère, ou elle sous-tend la voix, ou l'enserre, la
survole, parfois la submerge un peu, rendant très fugitivement
incompréhensible deux ou trois mots et maintenant ainsi la
tension...
Les conditions (foule,
froid de la clim en sortant de la chaleur, contre vide succédant à
l'endormissement humide de la ville) étaient très différentes, mon
plaisir peut-être encore plus fort (aime surtout l'ensemble
musique/texte d'Ulysse, même si la plus belle partie du poème est
la dernière, celle d'Homère)
Je reprends
paresseusement, là, en sortant, sur mon billet de l'époque, ceci
qui est l'approximation, l'approche dont j'étais, dont je reste
capable.
«la voix d'Ulysse, la
voix d'Ithaque, la voix d'Homère, pour le retour, le retour d'un
Ulysse très différent de celui d'Homère, dans son questionnement à
la fin de son aller-retour, héros fatigué qui ne retrouve rien
qu'Ithaque, que l'amour d'Ithaque qui l'attendait, mais Ulysse qui,
dans son rassemblement, retrouve la colère contre les terres
auxquelles appartenir,
enterré maintenant
en elle
elle
le seul monstre...
et Ithaque contre laquelle
tire, avec son arc celui qui ne voit ni sa femme, ni son père, ni
les prétendants, lui Ulysse plein de haine
S'il n'y avait pas eu
Ithaque
il n'y aurait pas eu
Troie
Ulysse qui a disparu,
laissant Ithaque
Et nous là
Là où nous sommes
Sérénité noire
Asphodèles sans fin
Silence nu
Vide glacé...
et Homère qui n'est rien,
rien qu'un vieux corps, rien qu'une sagesse, rien que l'anonymat, et
pourtant
D'innombrables. Je suis
sans que je sois aucun
d'eux
… Donner tous mes je
suis
que tous soient pris
par tous...»
pour la musique, (ma foi
j'aime assez ce que j'en disais un flot tantôt
calme comme une terre sous le soleil ou une mer étale, tantôt en
fureur, avec le ruban oriental du cymbalum, courant tout du long...
si ce n'est
que le cymbalum est un santouri comme l'ai appris ce soir)..,
je n'en ai trouvé aucun enregistrement,
alors juste parce que c'est beau et que c'est Romberg, que c'est du
grec, même si diffèrent (puisque dans l'Homeriade il n'y a pas de
choeur mais un orchestre et un récitant), si voulez en écouter un
peu : Aradia
La
toux a décidé de revenir pendant les saluts, et m'en suis retournée
sous une pluie sans violence mais déterminée.
8 commentaires:
ithaque, le seul monstre, c'est magnifique ainsi que passage musical, merci ! vous espère en temps plus cléments belle journée à vous
" enterré maintenant
en elle "
pas plus belle preuve de fidélité amoureuse.
Il s'agit d'Ithaque
Robin Renucci, un gage de qualité...
Beau Merci Tu éclaires mon jour
Dominique, Romberg et Samuel (qui a commandé l'oeuvre) non plus.. même si pas dans la recherche d'avant-garde
ces accords à la quinte
et la quinte de toux
et la quinte de tous ces gentils
beau
sourire à la quinte
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