dans ma cour ce matin,
recueillir le grand carton et les dernières feuilles que le vent y a
déposés – rentrer dans l'antre, réchauffer mes os tremblant de froid... et
comme vraiment il serait enquiquinant pour tout le monde que je
m'offre une vraie grippe, tenter de trouver une infirmière qui
accepte de me vacciner... rendez-vous pris.
Reprendre la trop longue
tartine sur le mur de l'hôtel pour l'atelier de François Bon,
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4377,
incapable de repartir à zéro, élaguer un peu, compléter un
chouya, et puis en m'appuyant sur une vieille photo retrouvée et sur
google.street.news lui donner un petit contrepoint en 2007, laisser
en attente…
Vers quatre heures, le rapetasser légèrement, et vaille que vaille l'envoyer,
me promettant de lire les autres (n'en connaissais que les sept
premiers) en rentrant, et puis m'en aller dans la ville froidement
fouettée, pour en revenir avec cigares, shampoing et une paire de
bottes parce que, vraiment, les talons de mes vieilles amies me
faisaient honte.
Et en m'installant pour
lire les 15 – (7 + 1 la mienne) = 7 nouveaux textes pour du lieu
#4 – à chacun sa rue Vilin,
découvrir que la vidéo et le texte du 35 sont en ligne...
Je
décide d'attendre demain après-midi pour découvrir, et j'en reste
à
Derniers jours de décembre
2016, le 30 je crois, oui
laisser se fermer la porte
derrière moi, faire face à la façade de l'hôtel, sur le trottoir,
plus large le trottoir devant nos maisons, celles du début de la rue
- dalles claires, au niveau de la chaussée, de plusieurs tons de
gris, un peu irrégulières, devenant beiges ou d'un autre ton de
gris - c'est assez indécis - à gauche, là où le trottoir a été
agrandi il y a quelques années pour obtenir même largeur que devant
ma porte, avant de retrouver, après la rue Saint Etienne, devant
la boulangerie, l'étroitesse habituelle des trottoirs des petites
rues de la ville, qui permettent difficilement de poser les deux
pieds parallèlement, quand ils le permettent.
Faire face donc à la
façade latérale de l'Hôtel d'Europe, immuable la bâtisse,
historique (l'hôtel d'Europe et non de l'Europe, il s'agit de
l'amante ravie par un taureau-dieu, a été ouvert en 1799 ), juste
avant qu'immédiatement à ma droite, les trois niveaux de hautes
fenêtres surmontées d'un toit presque plat, carré, quatre pentes
presque imperceptibles de tuiles romanes - anciennes les tuiles bien
entendu, et qui sont remplacées quand le besoin s'en fait sentir par
des tuiles de récupération - les deux étages revêtus d'un enduit
blanc tirant sur le beige, un peu fatigué, sur un rez-de-chaussée
en pierres apparentes, se prolongent par un mur, de la hauteur du
rez-de-chaussée, d'où dépassent les moignons du très vieux et
grand platane de la cour élagué avec rigueur chaque hiver, mur
percé, face au café qui occupe le bas de la deuxième maison après
la mienne sur la droite, par un grand portail flanqué de piles
surmontées de vases de fonte noire - accrochée à la première, la
plaque-enseigne, ressemblant vaguement, mais pas de façon trop
ostensible, à un parchemin, porte la mention Hôtel d'Europe
surmontant cinq étoiles alors qu'à la plus éloignée est suspendue
une lanterne de fiacre, au-dessus des macarons des guides
touristiques – entrée latérale de l'hôtel, celle où les taxis
déversent leurs clients, celle où dans une belle auto que le
voiturier vient d'amener, sont chargées des sacs, valises, valisons
etc... empilés soigneusement dans le coffre béant, en suivant les
indications, ou ordres distraits (mais attentifs), mêlés de
plaisanteries si j'en crois les voix, d'un couple d'âge indéterminé,
le mur reprenant ensuite – la glycine n'est plus qu'un dessin sur
les pierres -, jusqu'aux pavillons de l'entrée sur la place, des façades desquels jaillissent des mats portant, comme sur la place, de grandes
bannières blanches.
Les fenêtres du
rez-de-chaussée, les moins hautes – une bande d'adolescent passe
devant, qui vont au lycée professionnel privé, rue de la petite
Fustrerie – sont protégées par des grilles aux barreaux assez
serrés, droits, terminés par des piques, peints en gris très pâle,
presque blanc nacré, comme les volets des hautes fenêtres du
premier étage, l'étage noble, et ceux des fenêtres presque aussi
hautes du deuxième, teinte, adoptée depuis deux ou trois ans, qui
éteint la façade, malgré la très faible animation qu'apportent
les bandeaux entre les niveaux, la ferme dans une réserve, une
discrétion un peu méprisante, comme une barrière entre le monde
qu'elle abrite et la vie du quartier, des manants, en désaccord avec
la grâce aimable, sans excès, avec laquelle la vie de l'hôtel
s'insère en fait dans la rue. Derrière les voilages, assez fournis
pour bloquer la vue, des deux fenêtres du premier étage, à
l'extrémité, à gauche, avant la rue Saint Etienne, on aperçoit
les rangées, de plus en plus étroites, de petites lumières rondes
qui, la nuit, évoquent avec discrétion un sapin stylisé.
A côté de moi, à
droite, du lierre tombe dans un bac carré, reste de celui que les
précédents occupants de la boutique du rez-de-chaussée, une agence
immobilière dirigée par une femme avec laquelle j'avais des
relations d'antipathie mutuelle, faisaient grimper le long de l'un
des deux grands panneaux encadrant la vitrine. L'antiquaire vient
d'ouvrir, il sort les deux grandes vasques coniques posées sur des
trépieds en fer forgé, assez laides et sans doute assez chères,
qui marquent sa place de trottoir. C'est un bon jour et il me salue,
et puis s'en va vers le café qui doit être ouvert à cette heure
ci, même si, à cause du froid qui s'est décidé à tomber sur la
ville, les tables et chaises ne sont pas sorties.
Il rencontre devant la
porte un homme, une des figures du quartier, qui débouche de la cour
de l'hôtel – pour raccourcir son trajet entre la place, il habite
au début de la rue Baroncelli qui y débouche, et le café, il a
l'habitude, surtout en saison creuse, de traverser, avec assurance,
cet espace en principe privé - en saluant d'un coup de chapeau –
il est éternellement vêtu de bleu avec un grand feutre brun – la
voiture, les clients, les garçons. La rue s'éveille petitement,
comme en hiver...
août 2007 -
Une troupe disciplinée de
touristes du troisième âge ou plus embouque la rue, en marche, à
la suite d'un guide en bermuda kaki, vers le bout de la rue et la
porte donnant sur le Rhône au niveau du pont ; ils regardent la
porte de l'hôtel, regardés eux-mêmes par un garçon debout devant
les salles de réception et de congrès qui occupent le premier
bâtiment sur notre trottoir, par un client de l'hôtel, catogan,
pantalon et chemise noires, et deux personnes attablées à la
terrasse devant le bureau de tabac, terrasse qui dans le creux de
l'été s'est réduite et n'occupe plus l'espace devant l'immeuble
abandonné qui nous sépare de lui. La boutique, signalée par une
enseigne peinte en noire, «tapis, kilims», et par un écriteau
pliant posé sur le trottoir, est surmontée d'un bandeau métallique
festonné, beige, et encadrée de deux cartouches de même teinte
reprenant le nom de mon presque ami et l'indication «tapis, kilims»
(bandeau, débarrassé alors des festons, et cartouches qui seront
peints en noir par les successeurs).
Les grilles du
rez-de-chaussée de l'hôtel, peintes en vert, les hauts volets rouge
pompéien, rythment aimablement la façade et les mats des pavillons
d'entrée portent, au risque d'entretenir la confusion entre la jeune
fille raptée et le continent (Europe), des drapeaux colorés avec
lesquels s'amuse la brise.
Le trottoir à ma gauche
se rétrécit, laissant la place pour garer deux voitures, et, comme
juillet est derrière nous, aucune moto n'est venue se garer devant
ma porte, en passant entre les plots de pierre légèrement érodés
qui nous séparent de la chaussée.
PS mais j'ai constaté en me lisant chez François Bon avec les autres (c'est long mais devriez.. et d'ailleurs les textes qui me séduisent le plus ne sont pas forcément les plus longs) des erreurs d'inattention - tant pis je doute que quelqu'un le remarque, mais les ai corrigées ici…
PS mais j'ai constaté en me lisant chez François Bon avec les autres (c'est long mais devriez.. et d'ailleurs les textes qui me séduisent le plus ne sont pas forcément les plus longs) des erreurs d'inattention - tant pis je doute que quelqu'un le remarque, mais les ai corrigées ici…
5 commentaires:
dans votre coin, vous savez vous occuper...
Non je ne trouve pas que cela soit trop long ...c'est le but du texte et j'adore ces infimes détails qui donnent vie et font vivre l'image. .mentale
Il est bon de reporter au lendemain ce que l'on peut faire le jour même.
j'aime beaucoup ce texte
Domlinique, sais aussi y dormir trop : me réveille juste maintenant (enfin d'abord brièvement à 6 heures) et suis en retaaaaaaard
Arlette, le problème est que c'était l'introduction alors me suis arrêtée là
Pierre, Claudine, merci
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