C'est une classe, mais il
n'est pas dit d'entrée qu'elle est morte, l'auteur est polonais et a
pour prénom Tadeusz mais n'est pas Kantor, même si je l'ai cru un
moment en lisant rapidement le programme du Théâtre des Halles
(avec la remontée de tout ce que j'ai lu sur le spectacle de Kantor
et un souvenir devenu aussi vague qu'un rêve cher d'une
représentation dans le sous-sol de Pompidou, qui n'était d'ailleurs
déjà plus qu'un écho) et Tadeusz Slobodzianek n'a certainement pas
pris ce titre par hasard.
C'est le spectacle - titre
exact Notre spectacle pour choeur de dix acteurs - qui
se jouait au Théâtre des Halles, vers lequel suis allée, juste
après le crépuscule... une pièce de Tadeusz Słobodzianek,
traduite par Cécile Bocianowski (aux éditions de l'Amandier, dans
une mise en scène Justine Wojtyniak, par la Compagnie Retour
d'Ulysseprésentation sur le site
du théâtre
« Je ne crois ni au
bien ni au mal. Je pose la question de la nature d’un monde où le
mal est inséparable du bien et inversement. Tadeusz Słobodzianek »
Quatorze leçons pour
une histoire, celle de la vie de dix camarades de classe, juifs et
catholiques, des bancs de l’école à nos jours. Ils grandissent,
entrent dans la vie adulte ensemble, deviennent les acteurs et
témoins des événements traumatisants de l’histoire européenne
du XXe siècle.
Une épopée
s’inspirant de l’histoire polonaise la plus noire et dont les
Polonais parlent eux-mêmes depuis peu : les pogroms, et notamment
celui du village polonais de Jedwabne qui a vu ses habitants juifs
massacrés par leurs voisins en 1941.
Il
y a aussi cette phrase de Justine Wotjtyniak ici, en 14
leçons les enfants deviennent les vieillards, meurent sous nos
yeux, mais gardent leur présence.. et,
à propos de la pièce Elle est construite à partir de
travaux d’investigation, d’interviews avec ceux qui ont survécu,
témoins silencieux durant 60 ans. Cette parole nous met mal à
l’aise, nous secoue et nous bouleverse, mais met en lumière les
origines de la barbarie (sur le
dossier mis en ligne par le Théâtre de l'Epée de bois où le
spectacle est programmé en avril prochain)
plateau nu pendant qu'on
s'installe, et de chaque côté des fils alignés auxquels sont
pendus des vêtements parfois assez baroques (ils se changeront
souvent ou draperont des étoffes sur eux devant nous, s'en serviront
aussi parfois pour figurer un bucher, des objets...) que caressent
les acteurs plus ou moins dissimulés derrière et une seconde rangée
de fils pour accrocher les instruments.
Une représentation et non
représentation de l'action, en fait des prises de parole
témoignages, mais avec l'interaction des autres et des bouts de
dialogue, chacun incarne un des élèves et d'autres personnages
épisodiques ou prend un instrument pour jouer ou danse. Une
occupation du plateau sans interruption, l'impression parfois, très
organisée, d'improvisations très ordonnées et deux ou trois fois
des regroupements statiques comme un détournement de grands tableaux
baroques.
Les deux premières leçons
nous apprennent par allusions ou nous évoquent l'histoire des
relations entre chrétiens et juifs, autrefois, et puis peu à peu
cela prend, et des moments très forts... et le souvenir des défunts
parfois assez présent pour qu'ils soient toujours visibles.
Retour dans la
nuit et dans une ville d'après pluie.
4 commentaires:
Chance à toi j'aurais aimé Merci d'avoir relevé les points forts
une attente avant, un début un peu lent et puis une montée
La Pologne, théâtre même de l'impensable. Je ne connaissais pas ce deuxième Kantor... Merci !
Kantor il n'est point, mais polonais et Tadeusz oui, et la référence à la classe a dû s'imposer pour parler de ce mystère qui s'est retrouvé autres parts des massacres par des proches (et du lien de camaraderie qui persiste.. une belle complexité des personnages et une mécanique qui les emporte)
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