soleil sur la cour,
température qui se fait pateline, une Brigetoun démarrant pleine
d'énergie, très brièvement, amis, très brièvement, avant de
rester dans l'antre, trop lâchement douillette...
dans l'attente aussi du
soir, avec attente et un rien de curiosité, et le départ vers le
théâtre des Halles,
pour assister à la
première du spectacle monté par Alain Timar (pour quatre jours,
spectacle qui ira ensuite au théâtre du Passage à Neuchatel, avant
d'être repris pendant le festival) : dans la solitude des champs
de coton de Koltès, avec Robert
Bouvier et Paul Camus, accompagnés par la batterie de Pierre-Jules
Billon
http://www.theatredeshalles.com/pieces/solitude-champs-de-coton/
L’échange des mots
ne sert qu’à gagner du temps avant l’échange des coups, parce
que personne n’aime recevoir de coups et tout le monde aime gagner
du temps. Selon la raison, il est des espèces qui ne devraient
jamais, dans la solitude, se trouver face à face. Mais notre
territoire est trop petit, les hommes trop nombreux, les
incompatibilités trop fréquentes, les heures et les lieux obscurs
et déserts trop innombrables pour qu’il y ait encore de la place
pour la raison. Bernard-Marie
Koltès
photo de David Mignerat
Timar
a attendu d'oser se mesurer à ce
texte, que le souvenir des mises en scène de Chérreau soit
suffisament lointain (mon souvenir de l'avoir vu en 1996 est devenu
un rien flou, m'en reste un saissisement venant à bout de mon
extrême fatigue à l'époque)
Depuis, cette pièce
s’est ancrée dans le paysage du théâtre contemporain, et un
metteur en scène peut se confronter à des classiques de cette
nature Alain Timar le 5 mars
dernier sur
http://ouvertauxpublics.fr/itw-alain-timar-lorsque-je-mempare-dun-texte-je-ne-fais-pas-dans-la-demi-mesure-car-je-naime-pas-etre-dans-la-demi-mesure/
De
ce que j'avais pu trouver, dans l'après-midi, sur internet, j'avais
retenu :
plateau
: sorte d'ancien hangar que la nature commence à reprendre
et
puis
Tels ces animaux qui se
jaugent, se flairent et se repèrent, ils avancent, reculent puis
s’affrontent sans que ni l’un, ni l’autre ne gagnent ou ne
perdent. Car le combat qu’ils mènent est d’une autre nature :
ils ne visent pas à abattre l’adversaire. Entre celui qui vend et
celui qui achète, entre celui qui propose et celui qui désire,
des liens se nouent, indéfectiblement unis dans cet obscur objet du
désir. Alain Timár
et
son exigence du respect le plus parfait possible du texte dans sa
ponctuation en me replongeant dans le texte, j'ai retrouvé
la qualité de la ponctuation de Marcel Proust, d'où
l'exigence d'un respect aussi strict que possible du texte, et celle
d'un rythme sans relachement.
Alors oui c'est cela, un
carré cerné de briques, de grandes vitres salies d'une crasse
irrémédiable, des feuilles mortes au sol et des jaillissements de
grandes herbes, un petit édicule au centre au fond laissant place à
une entrée en chicane à sa gauche, à la batterie derrière une
bordure du feuilles mortes et de lierre à sa gauche
la séduction et
l'humilité affichée de Paul Camus, le costume gris, l'attitude
légèrement étriquée de Robert Bouvier et sa voix qui fait du
texte une musique intelligente, et tout est musique, musique des
ponctuations ou de l'accompagnement de la batterie, musique des
dépl acements, musique des voix, et même quand peu à peu les
statuts se fissurent, quand violence et faiblesse s'échangent, quand
les liens se créent à travers les affrontements, c'est toujours
intelligence et musique, plus sauvage, et danse, avec des moments
plus emportés.
Retour un peu à
contre-jambes qui avaient un petit caprice méprisable dans un léger
vent qui reprenait son souffle.
Comme c'était ce soir la
première, et que n'ai pas été déçue, je pense que ce sera un
spectacle à recommander chaudement à ceux qui assisteront au
festival (et le texte est superbe).
3 commentaires:
Vu en novembre dernier une autre verssion de Berling , avec Berling intéressant et tout autre , je retrouve les mêmes accents en ai gardé une forte impression
article blog du 12 novembre2016 "dans la solitude"
Désormais un classique : une pièce à cocher pour le prochain festival d'Avignon, en effet...
oui le temps est venu, peut être repris - ai aimé la stylisation légère comme toujours avec Timar et le soin mis à faire ressortir la qualité du texte grâce à ce traitement musical des voix (pas mis en évidence, juste ce qu'il fallait)
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