Est-ce la chaleur, les
remords devant mes lâchetés, mes hésitations, le fonctionnement
interne de carcasse, j'ai dormi de deux heures et demi à quatre
heures, puis de six heures vingt à sept heures et quelques...
Ai tourné et retourné,
fermé et re-ouvert, corné et décorné, comme plusieurs fois dans
la nuit, le programme du off, tenté de retrouver sur la Terrasse ce
qui m'avait frappé...
et puis décidé de négliger le flyer pris après longue et intéressante conversation, dans la fille d'attente devant le roi René, des mains de Joëlle Seranne - trop loin, trop tôt, pas le courage - de tenter
le soir la chapelle du Verbe incarné pour dire au revoir au festival
et d'aller ce matin aux halles (pas le théâtre)
Rendormie profondément
jusqu'à un peu après neuf heures... Ahurie une fois encore après
la douche de constater que j'avais plutôt grossi... vérifié que
entre paniers et réfrigérateur je pouvais attendre la marché des
producteurs du lundi soir
remplacé sandales par
tennis
et me suis attaquée à
mon autre remords, le retard dans le repassage
deux petites heures et
laisser de côté pour une crise d'activité future quatre
chemises...
trois heures de sieste
profonde... émerger comme peux, aspirateur et lavage sol
je suis moite...
arroser, prendre douche, préparer patates
et m'en aller dans la
lumière qui pensait à la nuit, vers sept heures et demie, dans la
ville déjà en partie vidée, où les petits boulots vivaient leurs
derniers moments, où les derniers spectateurs se reconnaissaient à
leur pas à la fois las et pressé, où restaient des affiches pour
donner du travail lundi aux nettoyeurs, où quelques petits bacs de bois abritaient encore de minuscules plantes vaillantes pendant que d'autres n'étaient plus que mini poubelles, vers la chapelle du Verbe
incarné, après avoir tourné au coin de la rue des teinturiers au
calme presqu'intégralement retrouvé... la librairie et l'exposition
étaient dans des cartons, ai pris, avant de renoncer, un billet pour
le dernier spectacle, dialogué un moment avec le metteur en scène
(pas à propos du spectacle mais de la ville)
et comme j'avais vingt
minutes d'avance, comme le jardin où je pensais me réfugier était
fermé, ai fait un peu de tourisme,
saluant des théâtres qui
avaient déjà perdu presque toute indication de leur fonction
éphémère, d'autres où le personnel arrosait le repos à venir,
quelques queues encore, quelques vaillants distributeurs de flyers,
et découvrant, n'y étais jamais passée, le charme de la rue du
Coq, la rue Damette et sa petite place, et suis revenue avec dix
minutes d'avance au Verbe incarné, un mélange de quelques
spectateurs, de membres de l'équipe, de voisins..
avons attendu
vingt cinq minutes et mes jambes tremblaient
Il s'agissait d'Encre
noir un spectacle qui nous
venait de la Guadeloupe pour nous faire entendre des écritures
noires, à travers une mise en scène (l'histoire de trois
prisonniers, avec quelques plaisanteries, un rêve dansé pendant
leur sommeil sur femme noire, des
échanges en créole, des chansons, un peu de danse...) sympathique
mais qui parfois noyait un peu trop le principal, ce qui les avait
motivé au départ, c'est à dire des textes (pas tout reconnu, loin
de là, et pour cause, ne connaissais pas)
de
Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Édouard Glissant, Frantz Fanon,
Léopold Sédar Senghor, Thomas Sankara, Nelson Mandela, Jean-Marie
Adiaffi, Joby Bernabé, René Depestre, Guy Tirolien, Patrick Rilcy,
Camara Laye, Sonny Rupaire, Francis Bebey, Patrice Lumumba
La situation dramatique
se déroule dans une cellule de prison à l’approche de Noël. Le
quotidien de 3 prisonniers s’y développe avec son lot de colères
et de fantasmes. La crainte de perdre toute inspiration par la
pression carcérale surgit également.
Les textes des
écrivains, politiques et intellectuels noirs nés sur les
terres Africaines et Caribéennes, se succèdent en véritables
dialogues dans l’humour, la dérision et les grincements de dents.
C’est le cri des hommes de part et d’autre de l’océan, de ceux
qui ont décidé de briser toutes chaînes et ont dit non à la
soumission et la peur.
Applaudissements
du petit public, et puis tous ceux qui restaient de l'équipe de Greg
Germain vouée aux écritures d'outre-mer improvisant une petite fête
brève et sans prétention (ai refusé de danser, économisais mes
jambes et n'aurais pas été à la hauteur... étions une dizaine en
ce cas, participant culs posés)
retour
entre les ultimes spectacles, les petits îlots qui ne se résignaient
pas, les porteurs (parfois c'était presque lourde charge)
d'affiches-souvenirs, les terrasses rangées, les derniers soupers,
les lécheurs de glace en famille,
et
comme chaque année, avais fait le projet de m'arrêter enfin à
l'Oratoire pour écouter le concert de hang de Francesco Agnello, et
comme chaque année j'avais quelques minutes d'avance et grande envie
de l'antre, et comme chaque année ai continué la rue Joseph
Vernet... quelques dîneurs sur la place et ma rue déserte...
ai
retrouvé Léon Gontran Damas et ceci, qui venait vers le début du
spectacle
….
J'ai l'impression
d'être ridicule
avec les théories
qu'ils assaisonnent
au goût de leurs
besoins
de leurs passions
de leurs instincts
ouverts la nuit
en forme de paillasson
J'ai l'impression
d'être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains
effroyablement rouges
du sang de leur
ci-vi-li-sa-tion.
8 commentaires:
Vous réussissez à donner précisément cette impression de fin de festival (et non de fin du monde), où les affiches qui traînent sont comme des mots qui balbutient encore...
Que d'images emmagasinées, que de pièces vues et écoutées ! Merci pour ces aperçus quotidiens !
merci à vous
le spectacle du verbe incarné était un peu loupé (n'aurais pas osé leur dire) mais c'était juste ce qu'il fallait
Ce n'est qu'une impression. Qui revient et s'en va. Telle une festivalière affairée et qui repasse et revient, à la recherche de quelques miettes oubliées par hasard.
saisissantes impressions de Léon Gontran Damas aussi
Un peu de nostalgie..quand tout se termine Merci pour ces jous partagés
Bonjour, j'ai posté sur mon mur Facebook votre vidéo (images hors spectacle) et je m'aperçois que peut-être j'aurais dû vous demander l'autoristaion avant?
Mais elle m'a tellement plu... ;)
vus me faites grand honneur
même si j'aurais aimé savoir qui vous êtes (et à la rigueur que mon nom soit mentionné)
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