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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juillet 31, 2017

Avignon – festival – fin – remords, repassage, sommeil mais aller écouter puissance poétique

Est-ce la chaleur, les remords devant mes lâchetés, mes hésitations, le fonctionnement interne de carcasse, j'ai dormi de deux heures et demi à quatre heures, puis de six heures vingt à sept heures et quelques...
Ai tourné et retourné, fermé et re-ouvert, corné et décorné, comme plusieurs fois dans la nuit, le programme du off, tenté de retrouver sur la Terrasse ce qui m'avait frappé...
et puis décidé de négliger le flyer pris après longue et intéressante conversation, dans la fille d'attente devant le roi René, des mains de Joëlle Seranne - trop loin, trop tôt, pas le courage - de tenter le soir la chapelle du Verbe incarné pour dire au revoir au festival et d'aller ce matin aux halles (pas le théâtre)
Rendormie profondément jusqu'à un peu après neuf heures... Ahurie une fois encore après la douche de constater que j'avais plutôt grossi... vérifié que entre paniers et réfrigérateur je pouvais attendre la marché des producteurs du lundi soir
remplacé sandales par tennis
et me suis attaquée à mon autre remords, le retard dans le repassage
deux petites heures et laisser de côté pour une crise d'activité future quatre chemises...
trois heures de sieste profonde... émerger comme peux, aspirateur et lavage sol
je suis moite... arroser, prendre douche, préparer patates

et m'en aller dans la lumière qui pensait à la nuit, vers sept heures et demie, dans la ville déjà en partie vidée, où les petits boulots vivaient leurs derniers moments, où les derniers spectateurs se reconnaissaient à leur pas à la fois las et pressé, où restaient des affiches pour donner du travail lundi aux nettoyeurs, où quelques petits bacs de bois abritaient encore de minuscules plantes vaillantes pendant que d'autres n'étaient plus que mini poubelles, vers la chapelle du Verbe incarné, après avoir tourné au coin de la rue des teinturiers au calme presqu'intégralement retrouvé... la librairie et l'exposition étaient dans des cartons, ai pris, avant de renoncer, un billet pour le dernier spectacle, dialogué un moment avec le metteur en scène (pas à propos du spectacle mais de la ville) 
et comme j'avais vingt minutes d'avance, comme le jardin où je pensais me réfugier était fermé, ai fait un peu de tourisme,
saluant des théâtres qui avaient déjà perdu presque toute indication de leur fonction éphémère, d'autres où le personnel arrosait le repos à venir, quelques queues encore, quelques vaillants distributeurs de flyers, et découvrant, n'y étais jamais passée, le charme de la rue du Coq, la rue Damette et sa petite place, et suis revenue avec dix minutes d'avance au Verbe incarné, un mélange de quelques spectateurs, de membres de l'équipe, de voisins.. 
avons attendu vingt cinq minutes et mes jambes tremblaient
Il s'agissait d'Encre noir un spectacle qui nous venait de la Guadeloupe pour nous faire entendre des écritures noires, à travers une mise en scène (l'histoire de trois prisonniers, avec quelques plaisanteries, un rêve dansé pendant leur sommeil sur femme noire, des échanges en créole, des chansons, un peu de danse...) sympathique mais qui parfois noyait un peu trop le principal, ce qui les avait motivé au départ, c'est à dire des textes (pas tout reconnu, loin de là, et pour cause, ne connaissais pas)
de Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Édouard Glissant, Frantz Fanon, Léopold Sédar Senghor, Thomas Sankara, Nelson Mandela, Jean-Marie Adiaffi, Joby Bernabé, René Depestre, Guy Tirolien, Patrick Rilcy, Camara Laye, Sonny Rupaire, Francis Bebey, Patrice Lumumba
La situation dramatique se déroule dans une cellule de prison à l’approche de Noël. Le quotidien de 3 prisonniers s’y développe avec son lot de colères et de fantasmes. La crainte de perdre toute inspiration par la pression carcérale surgit également.
Les textes des écrivains, politiques et  intellectuels noirs nés sur les terres Africaines et Caribéennes, se succèdent en véritables dialogues dans l’humour, la dérision et les grincements de dents. C’est le cri des hommes de part et d’autre de l’océan, de ceux qui ont décidé de briser toutes chaînes et ont dit non à la soumission et la peur.
Applaudissements du petit public, et puis tous ceux qui restaient de l'équipe de Greg Germain vouée aux écritures d'outre-mer improvisant une petite fête brève et sans prétention (ai refusé de danser, économisais mes jambes et n'aurais pas été à la hauteur... étions une dizaine en ce cas, participant culs posés)
retour entre les ultimes spectacles, les petits îlots qui ne se résignaient pas, les porteurs (parfois c'était presque lourde charge) d'affiches-souvenirs, les terrasses rangées, les derniers soupers, les lécheurs de glace en famille,
et comme chaque année, avais fait le projet de m'arrêter enfin à l'Oratoire pour écouter le concert de hang de Francesco Agnello, et comme chaque année j'avais quelques minutes d'avance et grande envie de l'antre, et comme chaque année ai continué la rue Joseph Vernet... quelques dîneurs sur la place et ma rue déserte...
ai retrouvé Léon Gontran Damas et ceci, qui venait vers le début du spectacle
.
J'ai l'impression d'être ridicule
avec les théories qu'ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson

J'ai l'impression d'être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion.

8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Vous réussissez à donner précisément cette impression de fin de festival (et non de fin du monde), où les affiches qui traînent sont comme des mots qui balbutient encore...

Que d'images emmagasinées, que de pièces vues et écoutées ! Merci pour ces aperçus quotidiens !

Brigetoun a dit…

merci à vous
le spectacle du verbe incarné était un peu loupé (n'aurais pas osé leur dire) mais c'était juste ce qu'il fallait

jeandler a dit…

Ce n'est qu'une impression. Qui revient et s'en va. Telle une festivalière affairée et qui repasse et revient, à la recherche de quelques miettes oubliées par hasard.

Claudine a dit…

saisissantes impressions de Léon Gontran Damas aussi

arlette a dit…

Un peu de nostalgie..quand tout se termine Merci pour ces jous partagés

Anonyme a dit…

Bonjour, j'ai posté sur mon mur Facebook votre vidéo (images hors spectacle) et je m'aperçois que peut-être j'aurais dû vous demander l'autoristaion avant?
Mais elle m'a tellement plu... ;)

Brigetoun a dit…

vus me faites grand honneur

Brigetoun a dit…

même si j'aurais aimé savoir qui vous êtes (et à la rigueur que mon nom soit mentionné)