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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, juillet 07, 2017

Festival jour 1 – F(l)ammes, la parade et une belle Antigone

Avignon avait quelques orteils dans le festival ce matin, un début de décor, un peu plus de gens aux terrasses et dans les rues, modérément, quelques spectacles à 10 heures, un peu davantage à 11 heures dont, chez Alain Timar, au théâtre des Halles, trois spectacles parmi lesquels avait été attirée par celui qui se donne dans la grande salle (Chapitre)..
Les rues étaient tranquilles, un peu plus animées cependant que d'ordinaire, et s'éveillait modérément le jardin de Sainte Claire, où me suis installée avec le Canard, mais sans lire plus qu'un articulet, trop occupée à tenter d'humer le début d'ambiance et surtout à comprendre ce que j'avais bien pu faire à mon appareil... pas vraiment compris mais l'ordre est revenu – en attendant de voir, dans une salle qui n'était encore pleine qu'aux deux tiers, F(l)ammes, texte et mise en scène d'Ahmed Madani, interprété (élaboré aussi avec elles) par un groupe d’une dizaine de jeunes femmes nées de parents immigrés pour explorer ensemble leurs identités multiples, leur sensibilité, leur désir de prendre la parole, de jouer, danser, rire, creuser en elles, se raconter. Les médias n’en parlent que rarement tant leur discrétion, voire leur disparition des espaces publics est patente...(texte de la présentation sur http://www.theatredeshalles.com/pieces/4878/) et c'est tonique, un tout petit peu trop long sur la fin, à peine, elles sont plus ou moins attachantes, différentes et proches comme le sommes tous, peu ou prou, c'est fin, ironique, colérique, on y trouve de la culture et de la cuisine, des pères et surtout des mères, de futures mères aussi
A la fin du beau texte d'Ahmed Madani sur le petit programme de salle leur spontanéité, leur faconde, leur énergie, leur imprévisibilité, leur liberté et leur justesse n'ont pas cessé de m'étonner et de me démontrer que l'art n'est pas une affaire de coeur et de sensibilité. Pour rêver le monde et garder leurs coeurs purs, ces F(l)ammes avancent telles des poètes, un pied dans la boue, un oeil sur les étoiles et un poignard à la main.
La bande annonce

retour aussi rapide que le permettait un petit coup de faiblesse – ai jugé qu'il venait d'une faim assez inattendue à laquelle me suis empressée de remédier (enfin le temps de préparer pitance) avant un petit sieston... ce trop long début de billet, un thé, 

et puis suis repartie un peu après dix sept heures, dans les rues qui commencent à se peupler, pour n'avoir pas trop de dos, d'épaules, entre moi et la parade... et bien sûr comme d'habitude c'était presque une petite heure avant le début de la parade et un rien trop tard pour pouvoir m'appuyer quelque part... 
ai fait comme pouvais, me suis agacée des dos laids, forcément laids qui s'interposaient entre moi et mon sujet... ai regretté qu'il n'y ait cette année aucun élément spectaculaire comme la locomotive d'une année, le dragon en ballons d'une autre, et me suis bien amusée, stoppé un peu avant la fin parce que mes jambes pleuraient et suis rentrée à dix neuf heures, avec l'idée de tenter de faire une vidéo pour garder trace de cette avalanche, ai commencé tri, essayé de récupérer un peu de son..(que j'ai bazardé), l'ai préparé à la va-comme-Brigetoun et l'ai laissé se mettre en place sur YouTube pendant que j'écoutais du grec ancien à travers le japonais...
Puisque, patates et morue cuites, ai enfilé une nouvelle robe, pris un veston, mon vieux petit appareil, et m'en suis allée, sous un ciel où les nuages s'installaient, vers le premier (et finalement presque mon seul) spectacle dans la cour d'honneur, avec la petite vibration de la montée de nos marches locales, 
une place au douzième rang près des rambardes, au loin des circulations - j'enrageais mais j'ai eu droit à une voisine juste un peu plus âgée que moi, pleine de malice et d'intelligence, qui a noyée mon appréhension et m'a aidé à attendre les quarante et quelques minutes de l'installation des disciplinés puis des retardataires –
pour trouver un lac de minime profondeur, et les belles images de l'Antigone montée par Satoshi Miyagi.
N'en savait, outre le fait que c'était Antigone, Sophocle et le Japon, que ce qu'en disait le programme … De la Cour d'honneur du Palais des papes, symbole d'une autorité qui aime à séparer mais aussi lieu où le mur est une surface qui dompte les égos, le metteur en scène a souhaité travailler l'eau, les flammes et les ombres pour célébrer la vraie nature de tous les personnages : double ou multiple au sein d'une histoire que l'on pourrait qualifier d'archaïque., que ce qu'en montrait les photos de Christophe Raynaud de Lage (en ai retenu deux pour les poser ici), et cette vidéo, un rien trompeuse (un petit relent de comique dont je pensais que, bien sûr, il ne se retrouvait pas dans le spectacle, et provenait, pensais-je, du montage)

désolée Ma vidéo était venue se poser là à nouveau, à la place de celle du festival, qui elle ne veut pas venir, vous la trouverez dans la série de photos sur http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2017/antigone
Mais en réalité, et là je vais rassembler mes bribes de souvenir en espérant ne rien oublier de ce qui s'est imposé tout de suite, sans digestion ni réflexion, parce que j'ai laissé sur mon siège le programme sur lequel j'avais noté, de façon sans doute illisible, mais à titre de pense-bête, quelques impressions – mais en réalité, donc, le comique n'est pas tout à fait absent et en apéritif, après que nous ayons regardé les silhouettes blanches décrire des trajets solennels dans l'eau pendant que le public s'installait, nous avons eu un résumé extrêmement sommaire, jusqu'au comique justement, dit par les acteurs incarnant les principaux personnages, en un français incompréhensible, et avec des attitudes à la foi belles et, oui, comiques..
Suivait un prologue muet, si ce n'est la très belle musique de Hiroko Tanakawa (les musiciens alignés au fond de scène accompagnent tout le spectacle), avec des actions tellement stylisées que me laissais envouter sans chercher à comprendre, sauf le duel des deux frères et leur mort qui enclenche la pièce.
Alors que dire, que c'est très beau, sans tomber dans le pur plaisir esthétique, qu'il y a, outre la chorégraphie de tous les déplacements et gestes, le moment où le choeur reprend les mots de Créon, les beaux éclairages qui projettent en très grand sur le mur les principaux antagonistes, et font vivre des affrontements, oppositions d'idée et d'attitudes sur ce mur à partir des gracieuses petites silhouettes blanches présentes sur scène, parfois très éloignées l'une de l'autre, qu'il n'y a pas toujours adéquation physique entre le récit et les attitudes comme lorsque Antigone reste immobile sur son rocher pendant qu'un garde raconte qu'elle est en train de jeter de la terre sur son frère, qu'il y a des moments où le dialogue est prononcé de façon très réaliste, presque plate, et des moments où le discours se solennise jusqu'au chant – et bien sûr le chant lors des deux stasimons, qu'ils ont embarqué avec eux le public et créé un vrai moment de communion,

que l'évacuation fut longue (ah mes places au premier rang) et que j'ai faim.

9 commentaires:

Godart a dit…

La cour d'honneur du Palais des Papes, magnifique réceptacle d'une communion humaine quand le spectacle est à la hauteur. Frustration de ne pas y être mais plaisir par procuration de vous lire.

Dominique Hasselmann a dit…

Antigone withe the (japanese) wind...

Le premier spectacle de la Cour d'honneur, vous ne l'avez pas manqué.

"Apéritif" pour un très long repas qui s'annonce !

Brigetoun a dit…

merci à vous deux mais très tentée d'en rester à des notes personnelles er de ne pas m'imposer en plus les photos, essayer de mette mots et plus encore vidéos...
je fais le désert avec ça alors vaut pas le coup

jeandler a dit…

J'aime bien la video.
Qui veut aller loin, ménage sa monture et ça démarre molto bello.

Brigetoun a dit…

l'était un peu sur les rotules la monture, et doit se ménager

Caroline a dit…

Pour les Halles, j'ai vu "dans la solitude des champs de cotons" bof bof bof

Claudine a dit…

j'aime bien vous lire, je vous relirai alors. Peut-être nous ferez vous profiter de vos notes à la saison creuse avec un peu de recul?
En tout cas profitez bien du Festival

Brigetoun a dit…

vu cet hiver, en faisant volontairement abstraction de mes souvenirs (d'ailleurs si anciens que devenus mythes presque vagues) des mises en scène de Chéreau.. et plutôt aimé (sans grand enthousiasme, mais tout de même... et je constate en moi ces temps ci beaucoup de difficultés à m'enthousiasmer..)

Arlette A a dit…

Cette Antigone me taquinait voulais savoir ce que tu en pensais toi