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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 16, 2017

Festival – jour 10 – halles en place de lecture à Mons, juste Esperanza,

Partir vers les halles pour avoir de quoi bricoler rapidement un déjeuner simple, pas exclusivement brigetoun-compatible lundi (et assurer l'ordinaire entre temps) et en revenir à temps pour poser couffin et repartir vers la première des lectures dans le jardin de Mons de textes venus d'ailleurs (d'Afrique je crois cette année), lectures que j'aime tant et que vais sans doute presque toutes louper...
et y parvenir presque, à dix minutes près, retardée par les coups de vent déviant chemin, et surtout par les flâneurs (ouin) en fin de trajet... ce qui m'a permis un déjeuner rêveur et une mini sieste tranquille
Repartir un peu après seize heures vers le jardin de Sainte Claire, le théâtre des Halles,
pour céder, pour une fois, parce que je les photographie depuis des années, parce qu'il y avait des petits bracelets (de ceux qui étaient autrefois en argent) minces et filigranés, dont plusieurs pour enfants et que me suis amusée, toute fière, en constatant qu'ils étaient toujours à ma taille (besoin d'idiotie... que j'ai continué en riant dans mon café assez fort pour avoir trois petites taches discrètes sur ma chemise de coton rayée – assez nord-africaine) mais surtout pour voir, avec petite, toute petite angoisse, parce que c'était le spectacle qui se jouait sous le chapiteau (généralement ça se passe bien, là ce fut légèrement inconfortable mais pas tant, pensais-je, pas tant..), Esperanza - un texte d'Aziz Chouaki, dans une mise en scène de Hovnatan Avédikian, une production du Théâtre National de Nice
Un groupe de migrants s’embarque pour Lampedusa sur un modeste bateau, fuyant leur pays pour une terre nouvelle. En pleine mer, le groupe reste soudé, en dépit des tensions. Chacun révèle ses attentes, ses peurs, ses espoirs fous… Sous les voiles, on parle une langue brute, jeune, poétique, on traque l’humour au cœur d’un drame collectif...La vidéo de présentation du spectacle
Comme un bouquet de cœurs des mains tendues vers nous pleines de mots soleil de chants grands et oranges
ils pleurent et dansent et rient
ils sont chacun de toi de moi de nous tous avec eux on est déjà plusieurs.
Aziz Chouaki à propos du projet
rien, ou fort peu, à voir avec les spectacles militants, sérieux, précis ou presque, (une légère différence aussi par rapport aux traversées actuelles, le texte se rapporte au temps des premiers haragas, partis d'Algérie et non pas encore de Lybie – et la chasse leur était faite par les garde-côtes algériens avec plus d'application que ne le font les lybiens, même si l'amer espéré était déjà Lampedusa),  rien ou presque à voir parce que le texte d'Aziz Chouaki est très écrit, épopée baroque, avec un mélange de gouaille, de lyrisme, de souvenirs non scolaires de l'antiquité grecque, de drame, de poésie, de rires parfois gras et d'un peu de considérations techniques sur le fonctionnement des moteurs et le GPS etc... des personnages qui sont plus riches de leurs rêves un peu décalés par rapport aux conventions du genre (et au bout de dix minutes, quand le vrai texte est arrivé, l'ai reconnu ou du moins retrouvé avec plaisir, plaisir pur et plaisir parfois de reconnaître ce que j'avais trouvé un peu plus faible, mais je n'avais pas le programme sous les yeux, je ne me souvenais pas du nom de l'auteur... J'étais juste tellement sûre de le reconnaître que je pensais le retrouver sur un rayon dans l'antre.. en fait non,  mais je l'avais entendu en 2015, dans l'une des lectures Rfi au jardin de Mons, comme celle que j'ai loupé ce matin... J'ai trouvé un lien avec la lecture qui en était donnée alors, moins lyrique, moins bousculée, par parti pris de la mise en scène du spectacle de ce soir, et parce que lecture, simplement, lecture accompagnée de remarques de l'auteur
J'aime la présentation qui est faite sur http://www.theatre-contemporain.net/textes/Esperanza-Aziz-Chouaki/ pour présenter l'édition chez Les Cygnes
Aziz Chouaki est un auteur qui construit son univers insolent toujours en haute mer et souvent en pleine tempête. Chez lui, la langue se joue à l’insu d’une colère lointainement politique. Car lorsque son Ecriture monte sur scène, c’est la Fiction et le Style qui posent les masques : c’est là que démarre le Moteur d’Esperanza. Somptueux Texte-Radeau sur lequel s’échouent tous les langages et où s’agrippent des personnages de notre village global perdus d’avance : ces migrants des Lampedusas d’Hier et de Demain, que Chouaki chérit jusqu’à les doter de débris mythologiques, burlesques et hybrides. Esperanza est théâtralement et tragiquement contemporain : c’est dans un terrible Rire que l’auteur nous prend à Témoin du naufrage de notre propre Humanité.
La différence avec cette lecture venait peut-être surtout du travail de Hovnatan Avédikian et de ses acteurs (qui a comporté quatre semaines de répétition à la Maison d'Arrêt de Nice, en application de la mission d'unCentre Dramatique National – comme Py au Pontet avec cet Hamlet que ne verrai pas puisque pour les trois seules représentations – les acteurs sont dans ce cas des détenus, à la différence de ceux d'Esperanza – on s'inscrivait pour un tirage au sort et que n'ai pas été parmi les élus.. - les contraintes de ce lieu, la Maison d'Arrêt, ayant influencé le choix artistique), et de l'intervention, évidente dans le résultat, d'un chorégraphe, Aurélien Desclozeaux... spectacle très plastique, sans que cela tombe jamais dans l'esthétisme, la danse, ou plutôt les mouvements de cette petite masse que sont les acteurs regroupés le plus souvent comme sur une frêle embarcation, corps imbriqués, avec de brusques élans, venant toujours à l'appui du drame qu'ils vivent, l'extériorisant.
Mais il devait faire vraiment chaud sous cette tente et j'étais près de la sortie que de brusques rafales ouvraient régulièrement venant nous fouetter de frais, et il semble que mon inconfort que je refoulais était plus fort que le pensais...
parce qu'après la sortie où j'ai dit «à toute à l'heure» au garçon du théâtre du Roi René, juste à côté, qui me proposait un flyer pour les spectacle que j'avais réservé à 20 heures 30, 
quand m'en suis revenue, pour ne pas tourner en rond pendant plus d'une heure, et pour me débarrassée de la chemise tachée (à vrai dire c'était quasi invisible), l'avancée dans la foule lente, indifférente, joyeuse, suceuse de glace, et amatrice de soldes, parfois méprisante pour ceux qui n'avaient pas tout à fait l'air de jouir de la vie, et de moyens affichés, avec l'aisance que donne l'absence de but, me semblait pénible, le monde avait perdu de sa netteté, fermeté, tant et si bien que place du Change n'ai plus eu qu'à m'asseoir aussi élégamment que possible au milieu du chemin, pour éviter de tomber.. 
que j'ai donc, même si une demie-heure de l'antre m'a retapée, téléphoné au Roi René pour choisir autre date et suis restée pondre ce trop long truc avant de m'allonger un peu (journée un peu rude demain et que JE VEUX être capable d'assumer parce qu'hautement désirable, je pense...)



8 commentaires:

arlette a dit…

Bien de vouloir ainsi comme ce bleu si pur dur et lumineux de ta photo

Dominique Hasselmann a dit…

La volonté n'est pas théâtrale : elle sera donc mise en acte demain !

Brigetoun a dit…

Arlette, suis nettement plus floue...
Dominique, volonté se décourage un peu devant le flasque des membres.. bon vais reprendre un peu de sommeil, bonnes journées à vous

jeandler a dit…

Les nuits sont courtes, les jours s'enchaînent, festifs tant dans la rue qu'en salle. Quelle force, quel courage, quelle audace !

Brigetoun a dit…

justement ce qui m'ennuie c'est que j'ai beaucoup de choses désirables à faire et prévues mais à peine une petite cuillère de force (pense que c'est mon dernier festival)

Claudine a dit…

Comme Arlette, je suis impressionnée par "ce bleu si pur dur et lumineux"
On marche avec la tête et le coeur aussi, bon courage

Brigetoun a dit…

bleu mistral

Godart a dit…

On suit vos pérégrinations quotidiennnes comme un road movie à la française. Mélange étonnant d'introspection et d'ouverture sur le festival. Il n'y a pas à dire, la patte brighetoun existe.