Partir vers les halles
pour avoir de quoi bricoler rapidement un déjeuner simple, pas
exclusivement brigetoun-compatible lundi (et assurer l'ordinaire
entre temps) et en revenir à temps pour poser couffin et repartir
vers la première des lectures dans le jardin de Mons de textes venus
d'ailleurs (d'Afrique je crois cette année), lectures que j'aime
tant et que vais sans doute presque toutes louper...
et y parvenir presque, à
dix minutes près, retardée par les coups de vent déviant chemin,
et surtout par les flâneurs (ouin) en fin de trajet... ce qui m'a
permis un déjeuner rêveur et une mini sieste tranquille
Repartir un peu après
seize heures vers le jardin de Sainte Claire, le théâtre des
Halles,
pour céder, pour une fois, parce que je les photographie depuis
des années, parce qu'il y avait des petits bracelets (de ceux qui
étaient autrefois en argent) minces et filigranés, dont plusieurs
pour enfants et que me suis amusée, toute fière, en constatant qu'ils
étaient toujours à ma taille (besoin d'idiotie... que j'ai continué
en riant dans mon café assez fort pour avoir trois petites taches
discrètes sur ma chemise de coton rayée – assez nord-africaine)
mais surtout pour voir, avec petite, toute petite angoisse, parce que
c'était le spectacle qui se jouait sous le chapiteau (généralement
ça se passe bien, là ce fut légèrement inconfortable mais pas
tant, pensais-je, pas tant..), Esperanza - un
texte d'Aziz Chouaki, dans une mise en scène de Hovnatan Avédikian, une
production du Théâtre National de Nice
Un groupe de migrants
s’embarque pour Lampedusa sur un modeste bateau, fuyant leur pays
pour une terre nouvelle. En pleine mer, le groupe reste soudé, en
dépit des tensions. Chacun révèle ses attentes, ses peurs, ses
espoirs fous… Sous les voiles, on parle une langue brute, jeune,
poétique, on traque l’humour au cœur d’un drame collectif...La vidéo de présentation
du spectacle
Comme un bouquet de
cœurs des mains tendues vers nous pleines de mots soleil de chants
grands et oranges
ils pleurent et dansent et rient
ils sont
chacun de toi de moi de nous tous avec eux on est déjà plusieurs.
Aziz Chouaki à propos
du projet
rien, ou fort peu, à voir avec les spectacles militants, sérieux, précis ou
presque, (une légère différence aussi par rapport aux traversées actuelles, le texte se rapporte au temps des premiers haragas, partis
d'Algérie et non pas encore de Lybie – et la chasse leur était
faite par les garde-côtes algériens avec plus d'application que ne
le font les lybiens, même si l'amer espéré était déjà Lampedusa), rien ou presque à voir parce que le texte d'Aziz Chouaki est très écrit, épopée
baroque, avec un mélange de gouaille, de lyrisme, de souvenirs non
scolaires de l'antiquité grecque, de drame, de poésie, de rires
parfois gras et d'un peu de considérations techniques sur le
fonctionnement des moteurs et le GPS etc... des personnages qui sont
plus riches de leurs rêves un peu décalés par rapport aux
conventions du genre (et au bout de dix minutes, quand le vrai texte
est arrivé, l'ai reconnu ou du moins retrouvé avec plaisir, plaisir
pur et plaisir parfois de reconnaître ce que j'avais trouvé un peu
plus faible, mais je n'avais pas le programme sous les yeux, je ne me
souvenais pas du nom de l'auteur... J'étais juste tellement sûre de
le reconnaître que je pensais le retrouver sur un rayon dans
l'antre.. en fait non, mais je l'avais entendu en 2015, dans l'une des
lectures Rfi au jardin de Mons, comme celle que j'ai loupé ce
matin... J'ai trouvé un lien avec la lecture qui en était donnée alors,
moins lyrique, moins bousculée, par parti pris de la mise en scène
du spectacle de ce soir, et parce que lecture, simplement, lecture
accompagnée de remarques de l'auteur
J'aime
la présentation qui est faite sur
http://www.theatre-contemporain.net/textes/Esperanza-Aziz-Chouaki/
pour présenter l'édition chez Les Cygnes
Aziz Chouaki est un
auteur qui construit son univers insolent toujours en haute mer et
souvent en pleine tempête. Chez lui, la langue se joue à l’insu
d’une colère lointainement politique. Car lorsque son Ecriture
monte sur scène, c’est la Fiction et le Style qui posent les
masques : c’est là que démarre le Moteur d’Esperanza. Somptueux
Texte-Radeau sur lequel s’échouent tous les langages et où
s’agrippent des personnages de notre village global perdus d’avance
: ces migrants des Lampedusas d’Hier et de Demain, que Chouaki
chérit jusqu’à les doter de débris mythologiques, burlesques et
hybrides. Esperanza est théâtralement et tragiquement contemporain
: c’est dans un terrible Rire que l’auteur nous prend à Témoin
du naufrage de notre propre Humanité.
La
différence avec cette lecture venait peut-être surtout du travail
de Hovnatan Avédikian et de ses acteurs
(qui a comporté quatre semaines de répétition à la Maison d'Arrêt
de Nice, en application de la mission d'unCentre Dramatique National
– comme Py au Pontet avec cet Hamlet que ne verrai pas puisque pour
les trois seules représentations – les acteurs sont dans ce cas
des détenus, à la différence de ceux d'Esperanza – on
s'inscrivait pour un tirage au sort et que n'ai pas été parmi les
élus.. - les contraintes de ce lieu, la Maison d'Arrêt, ayant
influencé le choix artistique), et de l'intervention, évidente dans
le résultat, d'un chorégraphe, Aurélien Desclozeaux... spectacle
très plastique, sans que cela tombe jamais dans l'esthétisme, la
danse, ou plutôt les mouvements de cette petite masse que sont les
acteurs regroupés le plus souvent comme sur une frêle embarcation,
corps imbriqués, avec de brusques élans, venant toujours à l'appui
du drame qu'ils vivent, l'extériorisant.
Mais il devait faire
vraiment chaud sous cette tente et j'étais près de la sortie que de
brusques rafales ouvraient régulièrement venant nous fouetter de
frais, et il semble que mon inconfort que je refoulais était plus
fort que le pensais...
parce qu'après la sortie
où j'ai dit «à toute à l'heure» au garçon du théâtre du Roi
René, juste à côté, qui me proposait un flyer pour les spectacle
que j'avais réservé à 20 heures 30,
quand m'en suis revenue, pour ne pas
tourner en rond pendant plus d'une heure, et pour me débarrassée de
la chemise tachée (à vrai dire c'était quasi invisible), l'avancée dans la foule lente, indifférente, joyeuse, suceuse de glace, et amatrice de soldes, parfois
méprisante pour ceux qui n'avaient pas tout à fait l'air de jouir de la vie, et de moyens affichés, avec l'aisance que donne l'absence de but, me
semblait pénible, le monde avait perdu de sa netteté, fermeté, tant et si bien que place du Change n'ai plus eu
qu'à m'asseoir aussi élégamment que possible au milieu du chemin,
pour éviter de tomber..
que j'ai donc, même si une demie-heure
de l'antre m'a retapée, téléphoné au Roi René pour
choisir autre date et suis restée pondre ce trop long truc avant de
m'allonger un peu (journée un peu rude demain et que JE VEUX être
capable d'assumer parce qu'hautement désirable, je pense...)
8 commentaires:
Bien de vouloir ainsi comme ce bleu si pur dur et lumineux de ta photo
La volonté n'est pas théâtrale : elle sera donc mise en acte demain !
Arlette, suis nettement plus floue...
Dominique, volonté se décourage un peu devant le flasque des membres.. bon vais reprendre un peu de sommeil, bonnes journées à vous
Les nuits sont courtes, les jours s'enchaînent, festifs tant dans la rue qu'en salle. Quelle force, quel courage, quelle audace !
justement ce qui m'ennuie c'est que j'ai beaucoup de choses désirables à faire et prévues mais à peine une petite cuillère de force (pense que c'est mon dernier festival)
Comme Arlette, je suis impressionnée par "ce bleu si pur dur et lumineux"
On marche avec la tête et le coeur aussi, bon courage
bleu mistral
On suit vos pérégrinations quotidiennnes comme un road movie à la française. Mélange étonnant d'introspection et d'ouverture sur le festival. Il n'y a pas à dire, la patte brighetoun existe.
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