Marchais dans un fort
reste de vent et sous un ciel rayonnant bleu fort,
portais des draps,
revenais avec robes et draps,
corps de nouveau en
désarroi léger et esprit mort à tout désir d'intelligence, de
saveur de mots, et même de musique...
me demandais bien comment
en trois jours rétablir carcasse et désirs...
J'ai salué la boutique du
festival qui attend sur la place, ce qui est bien la seule attention
que lui porterai («produits dérivés») mais suis entrée dans la mairie
pour prendre la bible du off (et en rentrant, voulant vérifier quels
étaient les trous dans mon emploi du temps – hors les renoncements
bien entendu – j'ai reporté sur mon agenda les jours et heures des
billets achetés mais aussi la durée des spectacles, pour réaliser
– ma sottise me surprendra toujours, heureusement que j'étais plus
attentive en gérant les biens des autres – que je m'étais trompée
de date pour un autre spectacle, un truc aux Carmes, "Face à la mer" qu'aimerais bien
voir, qu'il n'y plus de place pour les soirs où je suis libre, et que j'ai maintenant trois billets inutiles pour environ 90
€, sanction bienvenue à ma désinvolture passagère, mais handicap
pour les billets dans le off)
des groupes cornaqués
occupaient les rues, au surplus la vie s'écoulait tranquille
Dans l'après-midi j'ai
repris agenda et bible et imaginé des cheminements dans la foule
jusqu'à ce que l'envie me revienne (sans grand succès... enfin
j'irai demain au Cloître et au point Off, sans doute)
Et pour contrebalancer mes
envies d'immobilité et d'imbécilité résolue, ai repris des pas
que les cosaques des frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com
ont publiés
Des pas
Il y eut des
pas marchant sur les dalles, qui ont laissé une empreinte mouillée
effacée par les heures.
Il y eu des pas
sur la route, dansant dans la chaleur du goudron, et ce ne fut qu'une
course rapide.
Il y eut des
pas s'enfonçant dans le sable, pour que le regard s'éblouisse des
petites lumières qui couraient sur les vagues sages, ils ont creusé
dans cette poussière dorée une empreinte dont des dizaines d'années
de vent et de langues d'eau ont fait disparaître le souvenir.
Il y eut des
pas courant dans l'herbe humide des petits matins qui ont disparu
plus vite encore que le pré.
Il y eut des
pas en siècles coulant sur des sols dont ne restent comme trace que
l'amenuisement presque imperceptible et le poli des pierres.
Il y eut des
pas chéris dans notre mémoire, dont souhaitons que l'existence ne
s'efface qu'avec nous.
Et pensons
pouvoir recréer en nous leur mouvement, la démarche vive, ou
claudiquante, l'énergie, la dérive rêveuse, comme nous gardons
dans nos émotions la façon dont les sentiments affleuraient dans
les yeux, comme luttons pour entendre le timbre des voix mais
retrouvons, comme des petits délices familiers, des tournures de
phrase...
Mais avons
perdu définitivement la forme des pieds qui parcouraient ces vies
enfuies, et si en nous le souvenir de leur forme se réveille dans des
photos ou des films, le volume, la matérialité de la chair, des os
même, se sont dissous et ne nous en reste que la tentative, le
désir de les retrouver.
9 commentaires:
On pense fort à vous pour ce périple qui s'annonce, en espérant que le Plaisir l'emporte sur les difficultés pratiques...Bon festival chère Brigitte, que le Dieu du théâtre vous accompagne !
le Dieu, le pas Dieu, le Démon seront à proximité sans aucun doute
Magnifiques pas
Tu as déjà un bon paquet de billets ...admiration cours y cours y vite ..pas à pas
mais m'inquiètent un peu ces moments où je ne maîtrise pas (comme si j'avais tout maîtrisé quand j'étais jeune ! alors qu'en étais loin)
Pas désagréable du tout de mettre nos pas dans vos pas.
trop gentil
vous êtes "en marche" malgré vous... ! (mais vert l'art, c'est quand même différent)...
surtout pas en marche, me contente, si tout va bien et j'en suis capable, de marcher, prolétairement, et pas que vers l'art
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