Matin, la ville fouettée
par mistral naissant se pare de lumière vive
le vent s'engouffre sous
les vêtements et bouscule la petite vieille
qui, visage raffermi et
frissons calmés se tient coite en son antre regagné
Mais le soir, le vent
avait moli et le ciel s'était légèrement voilé... me suis tout
de même équipée, première fois, contre l'hiver (pas encore
d'hiver profond, mais de bon hiver) avant de monter vers le palais
de gravir l'escalier noble
vers la grande chapelle
et de chercher une place
au coeur du vaisseau de pierre (à vrai dire nous n'étions pas très
nombreux et la taille de la chapelle faisait de nous un petit
troupeau resserré et fervent) pour écouter le duo Mescolanza
(Christina Alis Raurich et Julien Ferrando, orgues positifs et
clavicytherium) dans un programme de musiques pour clavier de France
et Italie du Nord, plus un peu de Montserrat pour notre musicienne
catalane (XIVe et XVe siècles en accord avec les pierres)
Le début du XIVe
siècle marque un tournant dans l’histoire de la musique.
L’évolution du temps, de la notation musicale et des conceptions
de la polyphonie vont permettre l’arrivée de la consignation des
répertoires pour clavier. En effet, au même moment, la facture
instrumentale se développe et permet ainsi une plus grande
virtuosité. Les claviers possèdent par commodité de plus en plus
de notes noires et de fait deviennent totalement chromatiques. Les
claviers à cordes pincées, tels que le clavicynbalium à table
horizontale et le clavicytherium à table verticale, vont être de
plus en plus utilisés. Les claviéristes notent de plus en plus
leurs improvisations réalisées, le plus souvent, depuis une chanson
de cour d’un illustre compositeur comme Guillaume de Machaut et
plus tardivement Guillaume Dufay.
Ce concert propose un panorama de la musique pour clavier d’après les principales sources telles que le codex Faenza et le livre d’orgue buxheimer orgelbuch.
Ce concert propose un panorama de la musique pour clavier d’après les principales sources telles que le codex Faenza et le livre d’orgue buxheimer orgelbuch.
Entre
le mistral encore en bonne forme, surtout rue Molière et même rue
Gérard Phlippe (j'avais évité la rue Vilar et le débouché cruel
de l'entonnoir de la Peyrolerie)
et
l'escalier d'honneur qui d'ordinaire m'est clément mais pas ce soir,
un bon quart d'heure de panique avec coeur douloureux... calmé par
résolution, contemplation du très joli petit orgue portatif posé
sur une chaise et du clavicythetirum (une reconstitution par un
luthiste et Julien Ferrando) installé au centre sur une table, et la
lecture du programme, bourré de renseignements sur l'évolution de
la musique plus intéressants que le truc de l'opéra recopié
ci-dessus, mais je vous en fais grâce (juste pour en rester au
«matériel» que le premier orgue connu pour la chapelle pontificale
date du XVème siècle de la fin, mais qu'on a trace d'un orgue, l'un
des deux seuls connus pour l'Europe à cette époque – 1359 – aux
Cordeliers), comme je vous fais grâce, bien forcée, des indications
qui nous étaient données par les deux chercheurs/instrumentistes
qui cédaient un peu trop à la tentation de penser qu'ils pouvaient
se passer de micro et être compréhensibles, avec leur voix posée,
recueillie, au troisième rang … pour les suivants ce devait être
pire.
Mais la musique, plaisir, seulement ne sais trop qu'en dire ici,
simplement,
le concert ouvrait sur la musique de l'ars antiqua, des polyphonies
de Saint Martial des 12ème et 13ème siècles (transposées comme
tout le concert pour être pièces instrumentales), parce que,
semble-t-il la chapelle pontificale, est restée longtemps fidèle à
ces musiques, avec un Alleluia Nativitas entendu d'abord
depuis la sacristie puis se rapprochant avec l'entrée de Cristina
Alis Raurich portant en bandoulière son petit orgue portatitf aux
tuyaux de cuivre et au petit soufflet blanc, une musique planante et
aigrelette, un peu étrange et belle (et, avec sa robe longue, un peu
l'impression de voir un ange musicien des grandes maternités de
l'époque en mouvement parmi nous) – suivi de deux airs en duo,
Julien Ferando jouant, assis, d'un orgue «portatif» nettement trop
important pour l'être vraiment, tuyaux d'acier je pense et grand
soufflet qui nécessitait presque toute l'ampleur du bras...
J'ai
pris des notes que je ne peux lire et trop longues, vais en rester à
dire que la suite du programme était de musiques de cours (danseries
ou chansons) et religieuses, tantôt en solo par un des trois
instruments (les instrumentistes se relayant devant le
clavicytherium) tantôt en duo des orgues, le petit dessinant les
arabesques et la mélodie sur la partie tenue par Julien Ferrando,
presque comme une anticipation de la basse continue, venant ou
évoquant
la
cour de France ou l'autre côté du Rhône avec une vive
estampe anonyme du 14ème siècle (Robertsbridge) et, tout aussi
anonyme, Flos Vernalis (codex Faenza)
les
cours italiennes avec Francesco Landini (déjà plus proche de nous,
annonçant la Renaissance, Gheradello da Frienze et un anonyme,
retour
vers la cour de France, avec Guillaume de Machaut et pour finir cete
séquence, après ces musiques profanes un déjà plus complexe
Clemens deus artifex du Codex Ivrea
pour
l'époque du concile de Constance, des musiques profanes, anonyme,
Guillaume Dufay (air ci-dessous) et Johannes Cicconia
et
pour finir la cour d'Aragon avec quatre pièces du Livre vermeil de
Montferrat, fort belles et plus simples, un peu, pour être
interprétées par des prêtres...
salut,
un bis dont j'ignore tout si ce n'est que c'était danse emportée et
beau dialogue
et un
retour de Brigetoun, toute contente, dans le vent légèrement plus
clément (mais je l'entends en ce moment)
Une
vidéo pour écouter Julien Ferrando au clavicytherium accompagné,
là, de Jean-Michel Robert au luth et à la guiterne, dans un des
morceaux entendus ce soir, adieu ces bons vins de Guillaume
Dufay
et
Cristina Alus Raurich, avec son orgue portatif dans un air de Perotin
(qui n'était pas au programme)
9 commentaires:
Belle musique architecturale aussi...
un mélange de simplicité austère et de luxe discret, et puis née d'un coup en quelques années
J'aurais aimé ...dans ce vaisseau de pierre être enlevee sans coup de vent intempestif
vous êtes les yeux, le coeur, les pieds, et les oreilles d'Avignon. Vous devriez être nommée citoyenne d'honneur parce que sans vote fidèle chronique de ses multiples dimensions, Avignon serait surtout un très beau vieux palais de papes et un festival estival de théâtre.
dans le palais on est à l'abri du vent (sauf dans la cour d'honneur contre le mur nord) raison pour laquelle il est si fort rue Peyrolerie, rue Vilar, rue Molière, il se venge
oh suis loin d'être la seule !
et en petite vieille je ne vois et n'écoute pas tout
Un vent doux soufflait dans les tuyaux...
soirées musicales et plaisir des yeux et des oreilles, j'oubliais aussi le plaisir de l'esprit
Quanto tempo é possível que insistir uma civilização sem espírito?
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