Un ciel sans reproche et
un semblant de tiédeur sur mes pas ce matin vers patates et yaourts
et retour.
Avais projets en tête, ne
les ai effleurés, un peu plus qu'effleurés,
bloquée que j'étais
devant la difficulté de parler du travail de Perlinpinpin qui
occupe, avec celui d'Aurore Valade le second et dernier étage des
salles d'exposition au Cloître Saint Louis. Oeuvre qui se heurtent,
qui pourtant parlent toutes deux du temps, et des traces d'une vie.
Pour Perlinpinpin, il y
avait au fond de la salle quelques fauteuils et une vidéo très
réussie où il s'expliquait, montrait son travail, vidéo que
malheureusement je n'ai pas retrouvé sur internet... alors, mais
très insuffisante, même pas réellement allusive, celle-ci qui
regroupe deux moments d'un entretien et quelques images des mains
oeuvrant
alors je
reprends mes mauvaises habitudes et tente de trouver mon miel, ou
approchant, dans les petits textes du dépliant pour évoquer cette
oeuvre qui ne transige pas avec ce que nous sommes, à savoir,
pour parler comme Vladimir Jankélévitch, d'abord et à jamais «du
temps sur pattes». Qu'il s'agisse en effet de composer des surfaces
à partir de minuscules rouleaux de papier alignés comme autant de
dates sur un calendrier...(ou
avec lesquels il construit des cadres très architecturés qui
encadrent une photo - il est également photographe obstiné -
marquant un souvenir ou le recréant, ajoute Brigetoun)
d'ordonner,
à la façon d'un entomologiste, une collection d'objets d'allure
dérisoire – brindilles, branchettes, fils électriques ramassés
ici ou là par un petit garçon -, dès lors sublimés comme autant
de reliques précieuses... tout se passe comme si ce travail, auquel
se voue depuis des lustres un des artistes les plus appliqués et les
plus méthodiques qu'on puisse imaginer..... l'expression
d'une douce nostalgie qu'enveloppe une joie discrète,
celle d'une vie qui se rapporte à elle-même en jouant sans tricher
; autant dire, la vie d'un enfant. Pierre
Parlant
Dans
l'oeuvre Le temps n°2 sur
la lecture d'un passage du roman de Proust, l'artiste représente
l'acte de lire comme un fil qui se tisse peu à peu... Janine
Lajadie – dressant une fabuleuse dentelle de lettres collées,
alignées sur une trame.
Il
y a également ce regroupement de minuscules tronçons de rouleaux
qui représentent chacun un jour de sa vie (avec une prolongation
jusqu'en 2023 ou 24 je crois) certains sortant, déroulés, de la
surface pour marquer un souvenir particulier.. et à côté un schéma
reprenant certaines de ces dates, celles qui font saillie et sont numérotées, comme un pense-bête.
Il
y a, encadrés de petits rouleaux bien rangés, les
suicidés une collection de
photos comme un panthéon.. il y a aussi quelques photos que n'ai pas
gardées etc...
Face
à cela, les grandes photos-collages d'Aurore Valade, sur le mur
donnant sur la rue,
et
entre les fenêtres de la galerie qui s'ouvre sur le cloître
semblent
brutales, encombrées, voyantes... mais il faudrait les voir pour
elles-mêmes, prendre le temps, dans un autre voisinage peut-être,
pour apprécier vraiment sa démarche.
Rien n'est
réel dans cet espace ouvertement théatralisé mis à part la
sincérité avec laquelle s'offre à notre regard le portraituré.
Je compacte l'espace et je compacte le temps. Chaque image est le
récit d'une vie qui s'expose au moment où elle semble exploser dans
l'excès et la saturation. Je travaille avec cet excès pour donner à
mes images une lecture qui réclame toujours plus de temps. Il s'agit
d'une lecture laborieuse car il importe de déchiffrer l'image et de
faire travailler notre regard pour en saisir les innombrables
détails. Le spectateur est alors invité à changer sa position : de
contemplateur de l'image il devient enquêteur, tentant de
reconstituer un puzzle... peut-être
en les retrouvant (onglet intérieurs mexicains, mais sans doute les
autres aussi) sur son site http://www.aurore-valade.com
Là,
moi, je quitte définitivement l'exposition, retrouve le palier,
prend l'escalier...
et
vais tenter d'utiliser ce que j'avais rassemblé il y a une semaine,
et presque oublié pour un essai de réponse à l'atelier de Pierre
Ménard
http://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/le-portrait-la-memoire-et-l-2014.
10 commentaires:
Merci pour cette visite, les explications et le partage de ces œuvres d’Art, y compris celle encadrée par la fenêtre donnant sur le cloître :-)
une oeuvre qui varie au cours de l'année
J'aime beaucoup le travail de Perlinpinpin !
assez fascinant
Merci pour la découverte de cet artiste.
Le temps qui passe et le désir de reconstruire l'objet tu as remarqué au fil de nos expositions cette constante dans l'air du temps "Art Concret" les artistes sy engouffrent avec plus ou moins de bonheur Merci pour tes analyses qui completent mes infos et impressions au gré de mes errances
Décidément, ce Perlinpinpin (citer Jankélévitch est aussi une trace) laisse son léger poudroiement un peu partout...
Chri, j'y suis pour rien, c'est la mac'a
Arlette le temps et la patience étaient dans le titre de l'exposition
Dominique, il semble en tout cas avoir des amateurs (une ou deux oeuvres exposées viennent de collections privées, ce qui est assez rare dans ce genre d'expositions)
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