un sol mouillé, mais le
plafond posé sur la ville était un peu moins sombre, une Brigetoun
un tantinet retapée qui voulait se croire aussi solide que les
jeunes petites fleurs des massifs (faut dire que celles-ci avaient un
rien souffert du soleil glacial suivi de pluies navrantes)
même si je sentais les vieilles dalles humides si étonnamment glissantes
que me demandais (bon n'y croyais pas) si elles n'avaient pas
subi un traitement spécial pour justifier leur remplacement en cours par les dalles beiges du
désert auquel je ne me fais pas (à vrai dire au retour me suis trouvée assise, fort confortablement d'ailleurs, sur les dalles de la rue du Commerce)
Suis allée aux Halles
parce que ce matin le panier à patates ne contenait plus qu'une demi
pomme de terre de la Crau. Suis revenue avec des petites camargues...
il y avait pas mal d'étals en vacances, pas beaucoup de clients,
mais j'ai trouvé largement, et plus, de quoi me satisfaire pour un
bon bout de temps
ai rencontré devant les
poissons gisants mon avignonnaise préférée, et en sortant ai vu la
victoire, pour un temps au moins, du ciel bleu.
J'ai plongé le nez dans les
mensuels reçus, ai cru comprendre, ai tenté de résister à la navrante,
et puis ai repris, en passant à côté de la belle
annonciation de Bartolomeo Caporali - fin 15ème siècle– (j'aime
le recueillement de ses vierges), mon errance dans le souvenir des
salles du petit palais,
ai choisi, en restant en
Ombrie et remontant dans le temps, telle est ma fantaisie, passant de
Pérouse, sa ville, à Gubbio et, au début du quatrocento, Ottaviano
Nelli (vers 1375, mort en 1444)
avec une vierge d'humilité, glorifiée par le fond d'or,
aussi douce que les deux arbres qui se penchent vers elle, assise sur
un banc dans un jardin de fleurettes, très richement vêtue pour une
vierge d'humilité, nous regardant, patiente, pendant que l'enfant,
yeux levés vers son visage, se cramponne à un sein, sans doute, mais
alors curieusement placé,
et un Saint Jérôme,
masse barbue de gris sombre, riche manteau rouge sur bure, visage
rond dont l'air un peu bourru pourrait être attribué à l'attention
(si cet air bourru n'était pas l'attribut d'un certain nombre de
saints incarnant la sagesse) soignant la patte d'un pauvre lion
gueule ouverte sur une imploration, et ce généreux soignant a
soigneusement posé sur une pierre son chapeau – le saint se
rapprochant de notre humanité en se détachant, non plus devant un
fond d'or mais contre un paysage encore assez gauche, une
pente plantée d'arbres, d'un olive foncé qui fait chanter le rouge,
l'ensemble s'appuyant sur une église qui se glisse derrière le bas
de la pente.
De là, les Marches, avec
la solennité d'une vierge à l'enfant – main inconnue – 1ère
moitié du 15ème siècle – avec Sainte Marguerite et Saint
Dominique, un panneau sculptural, sombre et éclatant d'or et du
rouge géranium du manteau de Madeleine , sculptural mais avec
assouplissement, la vierge frontale tenant avec distraction l'enfant
et les saints plantés, figés, témoins et garde d'honneur, les
minuscules anges posés comme décor sur le trône que surplombait,
mais je l'ai gommé, Dieu le Père.
Passant ensuite en Emilie,
quatre oeuvres, les trois premières à Bologne
deux saints un rien
déformés par ma petite taille, de Pietro Lianori (connu de 1446 à
1460) solides et terriens, Saint Hommebon (ai eu recours à
Wikipedia, ne le connaissant pas et séduite par son nom, sachez
qu'il était crémonais, tailleur et fils de tailleur, très honnête,
très pieux, très généreux et mort en adoration, que les
Bruxellois le rencontrent puisqu'il figure sur la maison des
tailleurs de la grande place et qu'il est le patron des hommes
d'affaire ce qui est une rude tache) et Saint Christophe
un Saint Pierre (avec
Saint Jacques en pendant) d'un inconnu que j'aime pour la belle
géométrie, les teintes sourdes, la sage paix qu'il dégage
et un détail de la flagellation de Saint André, oeuvre de Michele di Matteo (connu de 1416 à 1465), qui m'a
séduite, et pas uniquement parce que les reflets le respectaient,
mais aussi par le dessin ferme des mollets, les plis du manteau et de la femme en blanc grisé, l'aspect d'esquisse préparatoire…
Toujours en Emilie mais
sans indication de ville, ni attribution une touchante vierge
d'humilité avec des anges (fin du 15ème), les deux principaux
anges, musiciens, appuyant la composition en prenant place aux
extrémités de l'arc doublé d'anges esquissés, du même beige
chaud que le fond, du même roux que l'ombre qui creuse l'arcade, ont
été maltraités, malgré leurs belles boucles et leurs ailes d'or,
par moi, le principal étant la stylisation (un petit côté extrême
oriental) la massivité et la douceur de la vierge et la tendresse du
geste et du regard de l'enfant, et puis la naïveté des rayons qui
hérissent l'enfant et sa mère.
et puis, l'avais oublié
dans les toscans, Borghese di Piero Borghese, (Pise et Lucques 1397
actif jusqu'en 1463) avec un panneau : Sainte Barbe 'sans sa palme de
martyre mais avec la tour où son père l'emprisonna parce que ne
voulais pas se marier) et Sainte Lucie(portant ses yeux sur un
plateau mais en ayant gardé des rechanges pour le plaisir de notre
regard) deux vierges nobles, élégantes et recueillies (un pendant
montre Jean l'Evangéliste et Saint Etienne)
10 commentaires:
L'attachement au sol même rincé alors on lève la tête sur les cadres qui ont capturé la beauté sur l'amour vadrouilleux dévalisant synaptiquement les riches convives de l'Olympe au débat de l'éternité morne.
Rouge et or en majesté : comme dans une collection enfantine...
tant et tant de souvenirs cette collection !
Merci pour le partage de cette très belle collection et désolée pour votre chute !
oh y avait pas de quoi, Marie Christine, sauf l'insistance de la jeune (enfin jeune à mes yeux) femme qui voulait m'aider à me lever, alors que n'avais pas mal, et attendais juste qu'elle s'éloigne pour me relever sans élégance (sourire)
Mais que faisais tu ,assise par terre... le quai du port de Toulon est traître aussi
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Les saints parlent si bien ...par tes mots dans leur niche d'or Merci
Tant de saints aux murs ! Faut-il s'étonner que l'enfer soit tant glissant ?
Les chutes pour tous avec ces dalles.
Belle exposition grâce aussi à vos commentaires.
Arlette, je regardais en riant la boutique de l'autre côté de la rue et j'étais bien ainsi
Pierre l'art fut longtemps religieux et puis ça tombe bien dans ce qui fut le palais du vice-légat
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