nos désirs
de printemps
se frayaient
chemin
un ciel
brouillé, en gris blanc et bleu évasif sur lequel s'endormait le
brouillard vert si neuf qu'un peu jaune des arbres quand m'en suis
allée dans le crépuscule sur des jambes enfin dociles quand pensais
à elles,
vers le Chêne
noir pour assister au dernier de ma série de trois spectacles, sans
doute pas celui dont j'attendais le plus, mais le seul que carcasse
n'a pas refusé
arrivée avec
près d'un quart d'heure d'avance, bavardé, dans une salle qui n'est
pas arrivée à se remplir (spectacle en création après une
résidence d'un peu moins de quinze jours d'une compagnie de Morières
- quartier, presque commune, d'Avignon hors remparts - au Chêne
noir) avec deux gentilles petites dames aux cheveux blancs, mais
sans doute un peu moins chenues que moi, pour ne pas m'endormir, lu
le programme avec une légère perplexité quand à ce que cela
donnerait. Il s'agissait d'un texte écrit par Gélas en 2007, lettre
à Monsieur le futur président,
«Un pamphlet hors normes,
conçu comme un slam, où poésie et politique se rejoignent pour
interpeler la conscience citoyenne et donner la parole à ceux qui
l’ont perdue, ou ne l’ont jamais eue…
« Peut-on rêver à
l’installation du Palais de l’Élysée dans la banlieue du 9-3 ?
Peut-on demander une
parcelle supplémentaire d’humanité, une prise de conscience des
ors de la République dans un monde qui bouge et où tout s’accélère
?
Peut-on rassembler
quelques instants des fragments de vie pour écouter la parole de
ceux qui se taisent ou qu’on n’entend pas ?
C’est pour tenter de
répondre à ces questions qu’à travers plusieurs témoignages
imaginaires poignants mais toujours emprunts de dignité, Gérard
Gelas écrit en 2007 cette Lettre au futur Président …, désormais
adoubé par le peuple jusqu’en 2022.
Il fallait que ce coup de
gueule existe sur scène ! Après Boris Vian, l’auteur, un
demi-siècle plus tard, s’insurge et interpelle en citoyen concerné
le sommet de l’état, afin que celui-ci change son regard sur
l’autre : des femmes et des hommes qu’il a le devoir de conduire
vers un monde meilleur.
Dès lors, une fois rendu
le verdict des urnes, ce sujet reste-t-il d’actualité ? Je le
crois. La quête de justice et d’élévation de l’âme combat
depuis des siècles notre côté obscur, mais il n’est pas interdit
de croire à ce … Conte de Noël ! » euh à vrai dire, un
président qui accepte de passer le balai et de squatter un
appartement... je pense que cela peinerait à s'incarner
actuellement.
Reste que c'était une
bonne surprise – en partie pour le texte de Gélas avec des
raccourcis, quelques faux vers un peu mirliton, une belle façon de
varier les niveaux de langue, et quelques moments de vraie poésie –
en partie pour la mise en scène de François Brett avec l'idée
d'incarner chacun des personnages-témoin rencontrés par le
président par un portant ou autre soutien vertical de lumières que
l'acteur dévoile au fur et à mesure ce qui crée une animation et
souligne le rythme (sauf qu'il le fait un peu trop virevolter et que
cela affaiblit, brouille un peu l'ensemble, alors que les
variations de voix, d'attitudes, de Franck Etenna, - c'était lui
surtout la bonne surprise, quand il n'était pas – mais c'était
rare – amené par cette agitation trop désordonnée à outrer un
peu son jeu - suffisait à personnifier les changements de rôles et
d'ambiances) avec un lustre pour le président, un lampadaire
vaguement années 50 pour la femme-de-ménage-princesse-peul, un
luminaire vertical pour le slameur etc..., et donc la bonne surprise,
puisque ne l'avais jamais vu jouer, qu'était Franck Etenna, une
belle voix et alors qu'il était là si facile de verser carrément
dans l'histrion, juste ce qu'il fallait de sobriété pour rester à
la limite.
Retour dans la nuit
maintenant presque tiède, avec des tables entourées de gens
détendus sur la place de l'horloge.
6 commentaires:
Vous montrez souvent le/vous parlez souvent du/ciel.
je sais on ne parle pas du beau ou mauvais temps sauf quand on n'a rien à dire… bon c'est pas toujours que je n'ai rien à dire mais je suis très sensible au ciel jusqu'à avoir le cafard dans une pièce sans fenêtre quand il pleut dehors (sourire) alors ma foi tant pis j'en parle
Ce n'est nullement un reproche de ma part.
je sais, et j'en souriais
Le ciel est démocratique : il lui arrive de pleuvoir (et même de neiger) sur l'Elysée.
Le dialogue récent d'un Président avec une infirmière d'hôpital pourrait être rajouté dans la pièce de Gérard Gelas : le mépris de classe affiché a été fort bien mis en scène.
non, parce que c'est le réel
chez Gélas c'est un conte et un président qui squatte un logement à Monfermeil et perd le balai de la femme de ménage pour faire son travail un moment en lui parlant
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