plaisir béat du visage au
soleil tant que peux
gribouillage et repassage
ou rangement en écoutant, avec masochisme parce
qu'écoeurement souvent, et même effarement et tristesse, les débats de vendredi, samedi, et une partie de
ceux de dimanche à l'assemblée
et puisque, hier, j'avais
lu chez Pierre Ménard, les contributions à l'atelier #4 le
mouvement déambulatoire de la marche
http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/le-mouvement-deambulatoire-de-la-marche-2009
majoritairement nettement plus
courtes et bien meilleures que mon trop long verbiage, ben tant pis
je reprends le dit verbiage, avec quelques unes des photos regroupées
sur https://youtu.be/g3v3BvA7K58
qui m'avaient servi de base
Sur
la place, une table occupée, petit déjeuner tardif - dignes et en
apparence indifférents à l'homme qui les regarde les mains dans les
poches - lunettes de soleil, font penser furtivement à un polar
Un
aspirateur qui passe d'une boutique à l'autre, un ronflement
électrique dans une autre et cette femme devant laquelle je m'arrête
un instant, propres seront ces endroits où je n'ai jamais vu
personne pénétrer ou si rarement ou leurs voisins, petite vie de
communauté entre eux, on a presque l'impression de les déranger
Les
jeunes à chaussures de sport et casquettes, comme partout, et leurs
frêles et fortes jambes, mais ici un petit côté décalé que
confirment les mots, l'absence d'accent de leurs échanges, une
certaine aisance dans la démarche aussi qui leur donnent un semblant
de parenté avec les robes et manteaux pour jeunes femmes charmantes
et apparemment sages des boutiques
La
laideur usuelle des tas couverts de noir sanglé devant les
boutiques, nouvelles frusques pour riche décontraction
Un
vieux couple dynamique, tenues de campagnards occasionnels, il tient
un couffin.
Occupant
le trottoir des tables et chaises métalliques. Une femme frôlée
par les passants boit un chocolat les yeux dans le vague, comme
ailleurs. Je me heurte à une mère à poussette à l'angle, au
moment où je me tords la cheville - chaise bousculée, je m'excuse
dans une plaisanterie et passe vite sur mes jambes indociles, tourne
le coin, sors de la vue
Un
groupe derrière un homme portant un petit écriteau de ralliement,
plus de femmes que d'hommes, corps lourds avec plus ou moins
d'élégance ou d'abandon, cheveux de toute la gamme des gris et un
regard complice d'une me dépassant, quelques mots rares et pas
d'exclamation, je tente de les situer, nordiques sans doute
Un
homme en anorak léger rouge, un gros appareil de photo ballotant sur
son ventre, arrêté à mi-hauteur de la volée d'escalier vers
l'église hèle sa femme, elle répond «c'est fermé» d'une voix si
retenue que je doute qu'il l'entende, et tourne le dos, cherche on ne
sait quoi, quelque chose à voir ? Elle porte un manteau rouge comme
son cabas à fleur bleu qui ne fait pas très touriste.
Un
quadra complet bleu de belle coupe, luisant légèrement dans le
soleil, porté ouvert, main dans une poche du pantalon, l'autre
portant une serviette, la désinvolture légère dans l'attitude, la
concentration d'un cadre... contrairement aux groupes de jeunes en
complets bleu également, produits à la chaîne comme semblent
l'être ceux qu'ils habillent et qui rient et s'ébrouent dans un
moment de furtive liberté, mais avec une application qui sonne faux
que je rencontrerai quand je sortirai de la pharmacie, cent mètres
plus loin.
Une
jeune femme, belle croupe en pantalon noir collant, sweat blanc, tête
pechée et cheveux noirs pendants vers le sol, est courbée pour
frotter la vitrine de sa boutique, juste sous le blazer de beau coton
blanc fleuri, si raffiné, dont je rêve depuis une semaine, bien
trop jeune et surtout bien trop cher pour moi, je le salue à mi-voix
et elle rie
Un
homme chauve et sage sur un vélo rêveur
Sur
le côté ensoleillé de la place, les terrasses, derrière les
petites haies, sont occupées, les têtes qui dépassent ont l'air de
toiser les passants depuis leur béatitude.
Dans
l'avenue qui vient de la gare et butte sur la place, une file de
camions de livraison attend patiemment pour tourner que passent deux
ados en trottinettes et surtout que finisse la conversation d'une
femme et de deux hommes, échange mondain, affabilité et
indifférence parfaite au reste du monde... elle réalise, ils
s'écartent, un homme fait une petite révérence, une idée de
petite révérence, juste ce qu'il faut pour faire rire le chauffeur.
Je
suis, sans y faire attention, des jambes qui longent les terrasses,
regarde les patrons et employés qui finissent d'installer les
tables, traverse la place au niveau du manège endormi derrière son
grillage, passe derrière les marchandes de bijoux qui installent
leurs étals, dans l'odeur, faible aujourd'hui, des silos d'ordures
proches en admirant leur endurance
et
dégringole par les rues vides jusqu'à ma rue.
Une
auto de sport brillante a le nez dans le portail du jardin de
l'hôtel, un bagagiste en sort les valises... les quelques clients
attablés devant le tabac observent.
7 commentaires:
Carcasse au repassage devant soleil pour témoin jaune.
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casabotha merci pour cette fidélité
anonyme ? (sourire, j'ai eu un moment de faiblesse)
Aime cette déambulation attentive où chaque détail est important ..relu avec plaisir
Protestation ce n'est pas verbiage
merci, amie… moi, j'ai fait quelques grimaces (sourire)
mais quelle importance, suis dans la tristesse de ce que devient notre pays
même tristesse pour les autres pays en Europe
je pense difficile de faire pire
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