Comme j'avais passé mon
dîner et le début de la nuit avec René Char, au jeune temps du
surréalisme, d'Eluard, de Jean, Valentine Hugo et des autres, de ne
visitez pas l'exposition coloniale, à
celui, au prix d'un saut dans le temps et dans les pages d'un livre,
des feuillets d'Hypnos, de la gravité, la politique et les moments
de grâce
(141) La contre-terreur
c'est ce vallon que peu à peu le brouillard comble, c'est le fugace
bruissement des feuilles comme un essaim de fusées engourdies, c'est
cette pesanteur bien répartie, c'est cette circulation ouatée
d'animaux et d'insectes tirant mille traits sur l'écorce tendre de
la nuit, c'est cette graine de luzerne sur la fossette d'un visage
caressé, c'est cet incendie de la lune qui ne sera jamais un
incendie, c'est un lendemain minuscule dont les intentions nous sont
inconnues, c'est un buste aux couleurs vives qui s'est plié en
souriant,... (et voici que je me
demande pourquoi choisir ce passage, ma foi parce que c'est sur lui
que me suis endormie), comme le ciel quand suis sortie, en retard, de
mon placard de bains, était radieux, comme la livrée Ceccano est
ouverte le mercredi et le samedi matin, comme je devais aller jeudi
aux halles pour libérer du temps pour vendredi, suis partie d'un pas
ferme et rapide, presque jeune, du moins au début, pour voir les
volumes conservés par la bibliothèque et les galets peints.
Surprise
de cette petite guirlande de houppes colorées dont je ne voyais pas
très bien ce qu'elle représentait,
début
de compréhension en repérant, sous certaines lanternes, les fleurs
épanouies ou plutôt l'évocation de fleurs débordant
d'épanouissement... regret des années où les roses envahissaient
le palais des papes et où je pouvais m'offrir un rosier de belle
origine, comme les deux qui ne sont plus que cadavres porteurs de
nostalgie dans ma cour
Pas
devenus plus lents et las mais toujours décidés en traversant le calme
de la place Saint Didier, en longeant un chantier, en débouchant
dans la rue du Laboureur...
sourire, en pensée, à la classe qui occupait en studieux et gracieux semblant d'anarchie le jardin,
traversée vers la porte
et
là... début d'une danse hésitante, tentative, renoncement, recul pour
comprendre, retour, poussée sur la porte vitrée, et sur sa voisine,
questions perplexes échangées entre deux petites vieilles,
intervention d'un professeur qui s'en va consulter le panneau donnant
les horaires d'ouverture à l'entrée du jardin, revient expliquer
que la bibliothèque ouvre à midi trente – mais non, le mercredi
c'est à dix heures – oui le mercredi, mais pas aujourd'hui – ben
si – nous sommes jeudi – non voyons, mercredi - je vous assure,
jeudi... sur quoi m'a laissée à ma sottise, ma compagne d'un moment
souriait, je me suis dit qu'il fallait que je fasse attention au
fonctionnement de mon cerveau fatigué...
et
me suis arrêtée chez le marchant de légume au début de la rue des
trois faucons, plein de dadames se faufilant, s'évitant, se souriant poliment, en
circulant dans le minuscule espace, pour acheter
des petites pommes de terre de Noirmoutiers, deux grosses courgettes
et des asperges violettes afin de tenir au moins jusqu'à dimanche..
ou mardi.
Quant aux gros pompons j'ai vérifié en rentrant qu'Altéra Rosa,
l'exposition de roses est de retour pour trois jours à partir de
samedi (joie) malheureusement sans vente de rosier, mais comme carcasse était
démotivée, ai remis la visite aux galets de Char à un autre jour, me suis installée dans
la cour avec mon Kobo, avant de repasser une infime partie des
corsages légers en attente.
7 commentaires:
Tous les bleus se mêlent à se dissimuler dans vos ciels
longue vie à eux (quoique n'allons pas tarder à nous plaindre de la chaleur ou plutôt à essayer de l'ignorer
horaires idiots de la bibliothèque, coucou à la dame derrière vous
Ton aventure ainsi contée est positivement réconfortante et familière Merci
en disant familière tu me remontes le moral… je guette mes défaillances mentales
merveilles merveilles merci pour ces partages
guère de merveille là pourtant
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