Au presque petit matin,
regarder, écouter François Bon faire naître ce qui sera la
quinzième proposition de son atelier d'été
https://youtu.be/phShkKS2MpY
et pour une fois trouver les premiers mots... avant de revenir
prudemment à la journée qui s'annonce.
Un aller et retour vers le
teinturier dans une chaleur qui est encore aimable (le week-end
s'annonce un peu rude à ce point de vue)... voir que de très
grandes jarres sont apparues sur mon chemin, avoir si grande envie de
capter des fleurs de laurier que la photo est floue, voir que la
boutique du festival, vide encore, est en place devant la palissade
qui, un an ou presque après la fermeture de l'opéra, entoure enfin
le chantier balbutiant et se demander si vraiment il ne sera fermé
que deux ans, cuisine, déjeuner écourté par ce que ben finalement
pas faim, un quart d'heure contre le mur de la cour jusqu'au quasi
vertige, essayer de s'attaquer au texte qui semblait si simple, et
constater que l'est point tant, dormir profondément (je me demande
s'il faut vraiment que je commence à penser festival off, mon été
s'annonce somnolent) ...
et comme je l'ai décidé
pour ces jours ci, reprendre après les dix premières contributions
https://brigetoun.blogspot.com/2018/06/encore-brigetoun-et-latelier-dete-du.html,
https://brigetoun.blogspot.com/2018/06/encore-brigetoun-et-latelier-dete-du.html
et
https://brigetoun.blogspot.com/2018/06/encore-brigetoun-et-latelier-dete-du.html
, en corrigeant une étourderie de nom (veux pas ennuyer François
Bon avec ça au moins pour le moment) ma contribution à la onzième
proposition
lieu non lieu
choisir, quelque part
dans la ville, une de ces petites bulles d’intérieur qui sont
aussi des espaces publics, et la faire exister telle quelle, comme
nous la vivons tous
Fatigue,
faim, déception de ces souvenirs flottants ou remords de son
renoncement au rendez-vous et à un engagement même léger, il a bu
trop vite, s'est presque étranglé, a attendu un moment, yeux
humides fixés sur l'arrêt de bus entre la brasserie et l'église,
et puis a laissé la seconde gorgée de chocolat s'épanouir dans sa
bouche, pendant que s'évanouissaient le remords, le regret, et que
son esprit revenait à sa quotidienneté ; il a pensé : devrais en
profiter pour finir le petit meuble – avec une vague culpabilité
parce que, là, c'était céder à ce qu'il aimait, qui prenait de
plus en plus d'importance, ses mains, le bois, entre sensualité,
calcul, application et, comme le disait en riant un retour à
l'ancêtre calfat et au grand oncle menuisier – et pour cela
passer chez Roques, en rentrant en ville... il a peut-être reçu le
vernis commandé, ce vernis fétiche de l'ami Jacques, le charpentier
retapeur de coques du Palyvestre. A terminé sa tasse, posé quatre
pièces sur la table, est sorti avec un grand geste en direction du
garçon, et s'est planté à côté de l'abri-bus, savourant le
premier cigarillo du jour et le plaisir anticipé de son passage dans
l'antre aux merveilles de Roques. Une boutique étroite dans le
quartier des halles, un bandeau indiquant en sages droites lettres
noires sur un fond beige, «Roques» et en plus petit : «produits
domestiques et autres», une vitrine exhibant deux rideaux l'un de
lanières multicolores, l'autre de petites boules de liège enfilées
sur cordage, laissant entre eux un espace libre pour qu'un peu de
lumière passe vers le boyau éclairé par d'ingrats tubes de néon,
une porte toujours ouverte, une marche de seuil un peu casse-cou
encombrée en partie par une grande bassine de zinc emplie d'éponges
naturelles sur lesquelles trônait une grande feuille enroulée, à
la belle épaisseur mate vert olive, de savon de Marius Fabre, et
puis quand on pénétrait dans la boutique, un régiment contre le
mur de droit de panier à roulettes, en osier, ou pliables en toile
de toutes couleurs, et des couffins empilés les uns dans les autres,
avec anses de corde ou de cuir, des cabas de fine paille, immenses ou
assez petits pour servir de sac à main, des paniers ronds au gros
tressage en tranches multicolores, face à un long comptoir encombré
de petits flacons d'essence de parfum, de savonnettes diverses
toujours de Marius Fabre, ou celles, rares, de lait d'ânesse venant
d'un fermier d'Ardèche, de savons d'Alep, de brimbrions étranges
mais utiles, certainement utiles, de lampes à huiles parfumées,
derrière lequel Madame Roques donnait ses conseils, envoyant un
commis ou le client à la pêche au trésor, comparant les avantages
des produits qu'elle vendait bien sûr, il fallait bien, ceux que
l'on trouvait dans tel ou tel supermarché, aux avantages plus
évidents de telle boite de pâte pour l'argenterie importée
d'Angleterre, des différents bidons ou boites de cire d'abeille
dites pour antiquaire, ou de telle vieille recette faisant intervenir
du vinaigre blanc, du brou de noix, de l'écorce de marron ou du
bicarbonate de soude, surtout du bicarbonate de soude, et là il y
avait toujours un des deux ou trois clients qui stagnaient en
attendant leur tour, pour donner son avis et la conversation pouvait
durer jusqu'à ce que quelqu'un, parti s'aventurer au long des trois
rangées de présentoir, casiers etc... qui s'alignaient dans les
deux longues pièces traversant les rez-de-chaussée de deux petits
bâtiments, reviennent pour s'étonner de ne pas trouver ce qu'il
désirait, tel modèle de scie, telle prise de courant, ou demander
laquelle des deux éponges, des deux boites de vis de même taille
qu'il ramenait de son expédition était préférable, soumettre un
nouveau problème, présenter une serpillère dont l'achat urgent ou
présenté comme tel méritait que tout s'interrompe, quérir l'aide
d'un des deux commis pour le choix, le transport, ou la mise en
réserve de planches, de pots de peinture, de bidons de solvants…
pour
l'ensemble des contributions
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
8 commentaires:
On vous sent pleine de forces malgré quelques fléchissements
espérons
vous suviez bien le rythme... j'en suis resté à la onzième proposition (ça me fait penser à Pierre Michon)...
bel hommage (mais please ne le prolongez pas trop)
ma façon de me ruer sur les propositions (ou si je ne le fais pas, d'abandonner)… trop tard pour me refaire (même si des participantes critiquent cette rapidité, ce manque de réflexion et pondération… ma foi n'ai pas non plus de prétention)
mais pas sûre de tenir le rythme dans une semaine, ou alors jusque égoïstement pour écrire mais pas pour vous lire tous, garderai ça (comme une sacrée muraille de pierres accumulées) pour août… et là ce matin un long moment de lecture programmée (quoique : deux que je saute parmi les plus chevronnés parce que malgré application, mes yeux et mon esprit les refusent)
l'indispensable inutile trésor
Beau texte !
J’admire votre constance, moi qui aie perdu le fil au dixième..
merci amies, vous me confortez… vais essayer de tenir en juillet (mais en me limitant à cela égoïstement, réservant pour la lecture des blogs et participations mes forces pour août
Admirative ,ton esprit alerté m'enchante
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