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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 21, 2018

Avignon – festival – jour 15 – en grande modération, danse, un migrant et la cour d'honneur

Repasser un tee-shirt, deux tuniques, défriper une robe trop compressée dans la penderie, préparer sauce tomate et casserole avec dés de pomme et de poivrons pour compléter un fond de bocal de pointes d'asperges (pour les pâtes), un petit tour internet (pas trop ça me donne chaud et me fatigue), 
et partir presque fraiche à temps pour espérer avoir une place chez Golovine (en fait très en avance, et j'ai attendu longtemps assise devant la porte en compagnie des danseuses et danseurs ou acteurs qui se retrouvaient puis en face parce que me sentais un peu étrangère)
Allais assister à la géographie du danger un solo d'Hamid Ben Mahi, le hip-hop quand il se rapproche de la littérature sans perdre sa force,... adapté d'un roman d'Hamid Skif.... un migrant dans une chambre de bonne, non plus simplement l'exil mais le rejet, sa peur, sa peur qui devient animale, le lâcher prise. L'homme assiste à sa propre chute, résigné, presque soulagé. Un invisible
Tout un environnement de danger l’entoure, alors plutôt mourir dans l’oubli d’une chambre étriquée que vivre dans la crainte. Les gestes du danseur deviennent alors répétitifs, le fond sonore perce les tympans, l’explosion approche et l’homme tombe au pied des spectateurs anéantis. Hamid Ben Mahi le performeur rappelle au passage qu’un homme qui meurt sans la compassion de ses semblables, c’est une humanité vouée a disparaître. Notes reprises, je l'avoue, sur https://www.boiteaculture.com/avignon-off-la-geographie-du-danger-au-golovine/ parce que paresseuse suis, parce que je trouve ça juste (si ce n'est que une fois assise ai dodeliné passablement)
Retour rapide (notant en passant qu'une troupe dont le spectacle chez Golovine est paraît-il fort beau a un sens tout particulier du partage de l'espace d'affichage) déjeuner, début de sieste un peu après quinze heures dont j'ai émergé avec un rien de flou qui m'a incitée à rester cool cool (en fait j'ai écouté d'une oreille à l'attention fluctuante le débat improvisé par les députés à l'assemblée à propos du traitement de l'histoire du faux policier – faut dire qu'intervenant en plein examen d'une modification de la constitution pouvant remettre en cause la séparation des pouvoirs....)
Et puis douche, robe large de bonne boutique, suis partie vers le palais, rencontrant un oloé abandonné en route, dans la perspective un peu démoralisante de grimper vers la porte de service, enfin presque (je continue à ne pas comprendre comment, lors de la prévente, pour ce soir comme pour le dernier spectacle de la cour, mon désir de premier rang a été réduit à cela... tant pis), pour déboucher tout en haut du gradin, dominant la dégringolade de peuple jusqu'aux privilégiés des premiers rangs, nettement trop loin pour apprécier les subtilités des danseurs d'Emanuel Gat, mais près du ciel et à même de goûter le squelette de sa chorégraphie (les lumières, la chorégraphie de Story water et les deux photos retenues portent sa signature ) et, ce qui m'intéressait surtout, sans trop perdre de la musique interprétée par l'ensemble moderne (que j'ai tant aimé suivre avant d'être coupée par mon départ en terre de musique contemporaine quasi absente)
sauf que... comme des guichets de vente étaient ouverts j'ai tenté le coup et pendant que j'attendais un homme, se disant trop fatigué, a proposé à la vente un billet – j'ai vu C pensé troisième rang, dit banco, payé le prix d'achat alors qu'il voulait me faire un prix, donné mon billet à une jeune femme en la prévenant que c'était très très haut 
et suis montée par le grand escalier, l'envie d'assister au spectacle reprenant de sa vigueur... bon arrivée dans le couloir j'ai vu que ma zone se situait à gauche, dans les hauts, regardé le billet vu que oui c'était zone C mais rang P, me suis maudite et j'ai grimpé, avant de me trouver devant l'épreuve de redescendre une vingtaine de marches abruptes, si paniquée que j'ai trouvé un bras secourable...
Finalement je gagnais tout de même bien au change... et puis deux voisines charmantes entre moi et l'escalier en cas d'envie de départ, me suis carrée dans mon siège, prête à regarder (en fait ce fut surtout écouter)
Au surplus je reprends le début du texte de présentation
Une histoire c'est comme l'eau
Que tu fais chauffer pour ton bain 

Elle porte les messages entre le feu 

Et ta peau » 
(ici ce serait plutôt comme l'eau que tu mélange d'eau froide pour la faire couler sur ta peau, mais ça n'importe pas)
Comme l'eau du poème soufi – donnant son nom à la pièce – porte les messages du feu, le corps est le véhicule entre Emanuel Gat et la danse. Story Water réunit sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des papes danseurs et musiciens pris sous les feux d'une même lumière, intensément blanche, qui sublime via les mouvements, une histoire en temps réel, jamais exactement la même chaque soir. Tous sont emportés dans le même présent par la musique mathématique et méditative de Pierre Boulez, sauvage et physique de Rebecca Saunders et celle composée par le chorégraphe et les musiciens selon les procédés d'une danse où chaque interprète propose à l'ensemble de s'accorder.
A vrai dire pendant un long moment les mouvements des deux groupes de cinq danseurs sur le plateau m'ont laissée assez ou très froide, j’étais dans le plaisir de retrouver l'Ensemble Modern, regroupé sur la droite, jouant Dérive 2 de Boulez... et puis au bout d'un moment j'ai découvert des touches d'humour et une architecture plu séduisante de la chorégraphie des dix danseurs réunis... Puis après un moment de danse silencieuse, un nouveau passage au noir l'installation d'un pupitre au centre du plateau, arrivée d'un contrebassiste et la découverte passionnée pour moi de Rebeca Sanders que ne connaissais pas et de sa musique qui pour moi valait la soirée... alors je dois dire que n'ai plus eu qu'un regard vague ou pas de regard du tout quand n'étaient pas entre la contrebasse et la table de mixage en rive de l'orchestre, et que j’étais parfaitement heureuse… 

Puis la dernière partie : d'abord des lettres blanches sur le mur rappelant les conditions de vie des gazaouis, pendant que les danseurs dans des tenues colorées hétéroclites interprétaient des danses d'inspiration folklorique (un peu trop Europe centrale comme saveur pour le rapprochement, mais c'était ma réaction personnelle) avant qu'elles s'intensifient avec claques sur mollets er genoux sur une musique composée par le chorégraphe et l'ensemble, des passages sous le titre de danse terminant de façon joyeuse.
Sortie sous un ciel qui semblait serein... et pendant que je notais cela fort orage sur la ville, avec quelques grêlons et une Brigetoun en chemise de nuit sortant sous un déluge pour libérer le plein écoulement de la cour-terrasse (bouchonnage et nouvelle chemise de nuit... m'en vais dîner)


5 commentaires:

casabotha a dit…

On voit que vous aimez voir les vues hautes

Brigetoun a dit…

mais je préfère les bues proches sur une scène (sourire)

arlette a dit…

Amusant une de tes photos au final ressemble à une fresque antique

Dominique Hasselmann a dit…

Plaisir de revoir, grâce à vos photos, la Cour d'honneur toujours aussi magique : dernier spectacle que j'avais vu là, c'était justement de la danse - durant de la nuit à l'aurore - avec la troupe de Anna Teresa de Keersmaeker...

Brigetoun a dit…

Arlette merci… facile en fait

Dominique mais là la magie (sauf cette musique) étaient nettement moins grande (et j'avais trouvé que cette magie du jour naissant était déjà un peu moins grande que celle du crépuscule sur les Célestins l'année précédente avec la même)