Lui sourire, lui dire que
oui, peut-être le rencontrerons nous plus tard... enchaîner sur ses
souhaits pour cet été, la voilà lancée... De fait, pour le peu
que j'ai cru deviner je ne pense pas qu'il soit – qui le serait
d'ailleurs ?– franchement disposé à laisser une femme, charmante
peut-être, mais totalement inconnue, et un rien envahissante, parce
qu'elle l'est facilement la pauvre chérie, se déclarer son amie, se
pencher sur lui et tenter de mettre fin à sa sauvagerie supposée ou
son éventuelle tristesse. Pas sûr non plus que le lien puisse se
faire par l'intermédiaire de Pierre, qui était juste un peu plus
jeune que, comment a-t-il dit, déjà... ah oui... que la bande de la
rue des foins, et entendant ces mots je leur ai trouvé, à travers
la brume des ans, un côté familier, Isnard s'en est rendu compte et
m'a fait une grimace. Nous n'en faisions pas partie, tous les deux de
cette bande, même si nous avions en gros le même âge, les
rencontrions pour danser chez l'un ou l'autre des parents, ou pour un
cinéma, Isnard faisait de l'aviron avec l'un d'eux, Vincent
Vinachier, le futur avocat, mais ils faisaient bloc, ils se
connaissaient presque depuis l'enfance, ils n'allaient pas au même
lycée que nous d'ailleurs, eux c'était René Char dans le quartier
derrière la gare, et ils habitaient tous le bourg, sauf lui qui
venait d'un des villages proches, mais oui il m'est arrivé d'avoir
envie d'être admis dans leur groupe, à cause de la petite Louise
surtout. Il y avait, voyons, Frédéric Roux le frère aîné de
Pierre, le Vincent bien sûr, et lui, ah un Jacques aussi, qui était
muet et transparent - drôle qu'il soit devenu Conseiller Général
celui-là -, et puis Louise qui n'est pas restée, son père a été
muté dans le Var, et les soeurs Ricordi bien entendu. Mais n'étaient
pas si liés en fait... bon, Frédéric Roux et lui on disait qu'ils
étaient comme des frères mais je me souviens : un soir, en parlant
avec Frédéric, je sentais qu'il ne m'écoutait pas, il regardait
Mariette Ricordi, lumineuse encore plus que d'habitude, qui dansait
avec lui, ce revenant – fichue mémoire : ils m'ont rappelé son
nom, l'ai déjà oublié - ... faut dire qu'il était beau alors, je
crois, en tout cas les filles le trouvaient beau – il semble qu'il
en reste quelque chose puisque ma julie... - et puis il leur semblait
un peu mystérieux, souriait, se taisait, comme souvent les timides,
et plus encore les timides qui sont populaires sans le vouloir ou
sans comprendre pourquoi - en le comprenant peut-être un peu
d'ailleurs, dans son cas, parce que ses parents étaient riches, ou
menaient «grand train» comme disaient Madame Roux et ma mère. Et
quand elles le disaient, ça ne semblait pas un compliment. Oui il y
avait des menaces de fissures, juste des menaces et que le temps
aurait pu effacer, dans leur bande, et l'amitié de leurs parents
n'était pas aussi grande que l'affichaient. D'autant qu'il y avait
l'histoire des terrains... j'ai pas très bien compris, je dois dire
que ça ne nous passionnait guère, mais il me semble que son père à
lui était propriétaire, on l'a découvert, de terrains, achetés
peu à peu, discrètement, qui, depuis le voisinage de la médiathèque
actuelle, s'étendaient parallèlement à la rue des foins jusqu'au
niveau du petit immeuble où habitaient Madame Ricordi et ses filles
– l'était à lui cet immeuble aussi d'ailleurs et c'est pour cela
qu'il y a eu brouille entre le père et le fils et qu'il est parti –
et qu'il avait un grand projet d'aménagement, mais que Monsieur Roux
qui était bien avec le maire ne voulait pas de ce projet, ou pas
ainsi. Lui ça l'insupportait de penser qu'on l'appréciait pour
cela, ce qui était faux ou pas tout-à-fait vrai.. En fait, ce qui
lui était surtout intolérable, c'était d'être le fils de ce père,
je crois ; peut-être en savait-il plus que nous, même si,
semble-t-il, il y avait des bruits... Et quand il a découvert que
l'immeuble des Ricordi devait être démoli, il y a eu une algarade
entre eux, vraisemblablement, pas forcément violente, ce n'était
pas le genre, mais sérieuse ; en tout cas il est parti faire son
droit ou je ne sais quoi chez ses grands parents à Paris. Nous a
fait ses adieux à tous, en bloc, pendant la fête de fin d'année
scolaire chez mes parents... la Mariette a souri, tête levée, sous
le regard de Frédéric et le mien, et il est parti, un peu avant que
le scandale éclate en fait. Il y a eu un jugement. Les terrains ont
été rachetés par un groupe de gens de la ville dont Monsieur Roux,
et un an après Mariette et Frédéric se sont mariés (trois ans
plus tard c'étaient Pierre et la troisième des soeurs)... Le temps
a passé, j'aimerais assez le rencontrer vraiment, si ma julie
accepte de ne pas faire son bien.
Ma contribution à la
proposition n°16 de François Bon pour son atelier d'été de 2018
https://youtu.be/FDjUPIpJRZI
«ce lieu qu'on a
construit, solidifié, complexifié depuis le début, et si on
ouvrait sa face noire, se forcer à ouvrir le négatif, à le
retourner sur lui-même...»
l'ensemble des
contributions, par auteur :
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
Ce
matin, sous ciel tendre, et belle lumière, en bonne forte chaleur,
m'en suis allée cheminant pour un échange draps-sames/draps-propres
chez le teinturier
passant
au retour, parce que j'avais mal calculé mon horaire et que j'avais
une demie-heure à tuer, dans le hall de la Mairie pou prendre –
rite qui va sans doute être sans autre utilité que d'assouvir un
peu de mon amour des rites – et jeter, en attendant, un coup d'œil
à de beaux panneaux (j'ai trouvé) résultat d'un atelier dans un
quartier ais-je cru comprendre (mais c'était à mon tour de recevoir
le viatique) avant un bon café à la terrasse du Cid...
de
façon à être à l'ouverture de la boutique où dormait ma robe
trop chère payée... la responsable se confondait en excuses mais
semblait si ennuyée pour le remboursement que la petite vieille
s'est offert une chemise pour 50% de sa valeur, en réglant la
différence
retour,
déballer le résultat de ma matinée (constatant que la charmante
dame avait dû tellement s'énerver de son erreur – j'espère –
que la pauvre robe étant si chiffonnée que je crois que je vais la
confier à une blanchisseuse de peur de parfaire l'histoire de
bousiller le tissu avant de la porter une fois
Et
puis comme suis dans une journée de petit crâne, d'envie de
plaisanterie idiote, ou de semblant de plaisanterie idiote (est-ce ce
qui fait que la fermeture de Paumée, de moins en moins visité,
quasi déserté, au moins pendant le festival me semble une évidence
ce soir, alors que bien entendu je ne le ferai pas… ce qui est plus probable c'est que je refile des billets) ait envoyé une contribution à la proposition 18, écrite
en souriant – avec un peu de soin invisible tout de même – dont
je crains qu'elle soit difficilement acceptable pour cause de
désinvolture.
6 commentaires:
Du bleu céleste au bleu célestial
jolies robe & chemise
et la phrase est toujours aussi belle
merci casabotha
merci Claudine
Ça fait du bien de sortir ! :-)
La vie n'est pas qu'un écran, ou alors il faut passer de l'autre côté...
bien pour ça qu'il faut rapprendre à marcher (sourire, je m'améliore, mais fait pas trop non plus..)
Hello, just wanted to tell you, I loved
this post. It was practical. Keep on posting!
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