journée humeur variable
d'une femme à multiples petites catastrophes – oublier – garder
plantes diverses sur mon chemin ce matin (ou leur ombre)
et recopier-utiliser ma
contribution en réponse à la vidéo 27 de François Bon
les
contributions : http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
Peut-être pour
lui rendre sensible le fait que, même pour lui, la ville avait un
passé, lui est revenu son étonnement, son désarroi fugitif lors de
son arrivée, de son retour, même si bien sûr il savait que... mais
ne l'avait pas réalisé – vrai qu'il flottait un peu à la surface
de la vie, alors, ne retenant que l'indispensable – en mettant les
pieds sur le ciment lisse, net, de ce quai très légèrement courbe,
entre une sorte de palissade qui supportait le bleu fort du ciel et
un mur de verre sous un auvent... l'impression d'arriver il ne savait
où, très loin de la ville, très loin des voutes soutenues par
jambages de fonte, de la longue façade ocre, des quais écornés
entre les voies, du souvenir, chaque fois, d'un tableau de Monet
enfumé, et des annonces tonitruantes dont on ne saisissait que
l'accent qui étaient autrefois le signe de son entrée imminente
dans le paysage de la ville. Impression qui s'est renforcée, le mur
de verre franchi, presque sans s'en rendre compte, en suivant les
autres valises à roulettes, en se trouvant au centre de cette claire
et gigantesque tranche de citron ou plutôt de melon d'eau, en
longeant les poufs de faux cuir noir parfaitement proportionnés qui
s'appuyaient aux vitres, en suivant les lattes de bois délavées du
sol, dignes d'une galerie d'exposition, qui descendaient en pente
douce jusqu'à la dégringolade, la bande de béton rêche qui,
revenant sur ce premier cheminement, l'a emporté vers le
rez-de-chaussée, pendant qu'il prenait conscience de cette évidence,
les bruits, roulements et heurts des bagages, conversations
rebondissant sous la voute, voix enregistrées – même si ces
dernières manquaient de l'accent qui lui aurait souhaité bienvenue,
et ajoutaient chaque fois une traduction en anglais, retrouvant alors
un accent mais qui avait, cette fois, une saveur un peu trop locale
–, étaient bien d'une gare, quelques affiches aussi, le long du
mur extérieur, mais elles étaient si conformes à l'esthétique la
plus récente, si discrètement évasives, qu'elles ramenaient
fugitivement l'idée d'une galerie. Et là, parvenu en bas, en
regardant la grande esplanade sur laquelle s'ouvraient des portes,
face à un couloir qui conduisait à d'autres portes vitrées sur des
taches de verdure, il s'était demandé vaguement où diable était
passée la ville, de quel côté la chercher, puisque, bien sûr il
le savait, elle n'était pas là, ou plutôt elle avait chassée la
gare loin d'elle, elle qui pourtant un siècle et demi plus tôt, ou
davantage, avait été si folle d'enthousiasme pour le rail qu'elle
avait pensé lui faire l'honneur d'une gare sur le fleuve, en lui
sacrifiant ses remparts. Il a entendu des annonces qui, comme dans
toute gare était presque complètement incompréhensible, il a
retrouvé, pendus à mi hauteur les petits panneaux indiquant taxis,
toilettes, parkings, il s'est senti découragé, absurdement,
flottant... et puis comme il y avait, sous la galerie, les mêmes
cubes vitrés avec les mêmes enseignes diversement colorées que
dans toutes les gares, pour proposer souvenirs – curieusement cela
semblait consister surtout en calissons et petits savons dits de
Marseille, quelques bouteilles aussi – lectures et tabac ou
buvette, il s'est assis sur un tabouret tournant au cuir aimablement
usé, pour attendre que s'intéresse à lui une jeune femme juste
assez distraite par sa conversation pour qu'il reprenne pied dans le
réel, a obtenu un café trop chaud et parfaitement nul, s'est senti
rassuré par ce retour du familier, à écouté vaguement ce que
disaient les groupes qui passaient contre lui, a demandé comment
rejoindre la ville, a emprunté le couloir, longeant autre librairie,
autre bar, vers la sortie qui semblait être sortie de derrière, un
peu d'herbe sous le soleil, quelques marches, un groupe de voyageurs
qui attendaient un car.
8 commentaires:
Un tatouage chu du ciel sur un mollet accueillant
c'st y pas beau (difficile à prendre discrètement mais tant pis je n'ai pas résisté)
La gare d'Avignon, toujours spacieuse et claire... :-)
et maintenant un peu moins chère d'accès (depuis la "virgule" vers la gare centre)
Gare ici gare là ...gare aux souvenirs dans les gares on s'égare ma Chère
chouette regard de paysagiste urbaine - un métier pour vous toute seule, je devrais essayer de convaincre les échevins de la ville de Luxembourg de vous engager
Arlette, il ny a pas là l'ombre d'un souvenir personnel, il fallait décrire l'arrivée dans la ville (imaginaire mais pas tant ici)
pauvres échevins Claudine …. (sourire)
Oui c'est moi qui m'égare
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