Le mistral s'en était
allé emmenant avec lui le souvenir des derniers jours où nous
jouissions de plus de 30°, ma température, nous laissant un petit
vent léger et frais, tonique pour le visage, trop froid pour les
bras, qui a entrepris de repeupler le ciel. Je venais de briquer mon
sol, ajouter à la récolte des feuilles fouettées jusqu'à ma cour,
me fatiguer un peu, dans la rage impuissante, la culpabilité qui
devrait nous rester marque pesante, l'exaspération devant les
débats, rencontres de dirigeants, bisbilles de politiques dont la
radio nous approuvait, cramponnée à mon désir de partager un peu
le désarroi de l'équipe de l'Aquarius et de ses passagers, la
douleur des gens qui se noient maintenant sans espoir, dans la
crainte du moment inéluctable où nous nous habituerons, dans
l'exaspération des grands mots dont on pare nos égoismes, avec une
petite chanson sousjacente en l'honneur d'une naissance apprise au
réveil.
Ai terminé mon texte pour
l'atelier d'été du tiers livre, grimacé devant les traces de
l'effort que ces quelques lignes sans grand sens m'ont demandé, me
suis résignée à les envoyer, et je reprends, à cru ou presque,
telles que, les images ramenées de deux des expositions vues samedi
à la Maison pour tous de Monclar
avec, en entrant, la
surprise de se trouver dans la grande salle face aux peuples de
travers
thème
choisi par Caroline Delaye et l'association Karité pour ces ouvrages
réalisés, dans le cadre de l'atelier de La Gribouille à Saint Jean
du Var
https://www.kaire.fr/accueil/atelier-la-gribouille/
par des pensionnaires d'un foyer d'accueil médicalisé à Toulon
https://esperance-var.org/esperance-var-pole-hebergement-foyer-fam-jean-michel-carvi
texte
figurant sur le programme
Véritable Cour des
Miracles, ils sont à la fois mystérieux, intrigants, insolites ou
effrayants.
Effigies, pantins,
totems, épouvantails, objets d’art populaire, ils naviguent entre
poésie et gravité.
Patiemment, au fil des
heures, chaque créateur a fait émerger, du plus profond de son
histoire, de sa sensibilité ou de sa fantaisie, ces œuvres
enfouies.
Autour
de ses personnages qui sans anatomie précise, sans visage, n'en sont
pas moins, pour certains, extraordinairement présents,
s'alignent le long des
murs l'association de panneaux dessinnés, brodés, portant des
brides de texte, et d'une poupée
comme
ici
Jihane
attend
dans son
immense
désert
brûlant.
Jihane
guette
l'odeur
bleue
de la mer.
Et
puis, après cette allusion à Toulon,
en franchissant un grand rideau noir, on plonge, en prenant le
temps nécessaire, dans l'émotion de La ballade des gens heureux
http://cestpasduluxe.fr/programme2018/la-ballade-des-gens-heureux/
L’errance est
habituellement associée à une activité masculine et conjuguée
presque principalement au masculin (vagabond, clochard, ou plus
communément SDF,…) D’ailleurs, les études existantes sur les
femmes qui se déplacent relèvent toutes cette distinction de genre.
Volontairement plus discrètes et moins visibles, leur situation
semble moins spectaculaire. Nous avons voulu connaître ces femmes,
comprendre ce qui les avait projeté dehors, et avec elles tracer les
contours de leurs déplacements et illuminer les espaces où elles
disparaissent à nos yeux.
Dans
le noir un grand panneau portant de minuscules vidéos de vie
courante où passent les femmes invisibles
et
des manequins de couturière portant des smartphones qui diffusent
chacun le témoignage d'une de ces femmes, diverses, unies par cette
invisibilité.
11 commentaires:
Pommelage nuagé, ciel en bienveillance distraite
c'est assez ça, en effet
en fait il y a eu des moments plus bleus mais les 30° ne sont pas revenus
La Cour des miracles n'est hélas pas seulement dans un musée. Les beaux discours à New York n'empêchent pas la frilosité des méprisés "bons sentiments". Il y a loin de la mer aux lèvres.
Merci pour cette visite détaillée et surprenante !
aime beaucoup tous ces personnages et le thème de la ballade, beaucoup
Dominique, les femmes qui ont créé ces presque personnes sont hors de vie des faiseurs de discours (si Macron se laissait aller à dire ce qu'il en pense, que l'on peut deviner de ce qu'il fait subir aux soignants...)
Marie Christine, oui c'est sans doute un peu trop (ai le réflexe trop fréquent) et encore vous êtes exemptés de ce que disaient les voix dans la seconde (chance, j'ai écouté sans tenter de noter - sourire)
Claudine, j'avoue que plusieurs jours après j'ai hésité à ne pas garder les photos pour moi (et il y a un second tome à venir) parce que pas certaine que cela passe "la rampe"
Terrible... ce "pour que l'on s'habitue"
Images inventives et colorées qui font oublier le dehors en froid. Merci.
Arlette c'est pourtant ce que nous allons faire, ou au moins nous fatiguer de protester et puis ne plus être écouté comme dérangeants
Pierre, sourire : faisait pas froid du tout dehors ce jour là !
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