J'hésitais (j'avais
repéré horaire train, trajet dans Marseille la grande ville que je
ne connais pas ou presque pas) à aller écouter François Bon parler
de Kenneth Goldsmith l'écriture sans écriture mais
ma fichue timidité qui est à son zénith m'en dissuadait... alors
est-ce pour trancher la question me suis rendormie et réveillée à
pas d'heure, ou à neuf heures et demi et quelques, avec comme de
bien entendu une carcasse en révolte (la nervosité agissant sur les
suites de mon ancienne opération du bide, désolée)... affolement,
j'hésitais toujours mais m'étais presque résignée, enfin pas tout
à fait, mon veston était prêt à être endossé, quand
l'antiquaire du rez-de-chaussée, éternel rouspéteur, souvent avec
raison, contre les défauts de l'immeuble (mais pour lequel suis
beaucoup moins prête à me sentir coupable à tort et bien disposée
depuis que, c'est bête, je l'ai entendu tenir, en tournant en rond
sur le trottoir en téléphonant selon son habitude, un discours
presque digne des imbéciles identitaires qui ont occupé les locaux
de SOS Méditerranée) est arrivé pour me prévenir qu'il ne fallait
pas utiliser les toilettes, me chargeant de prévenir tout le
monde... l'ai fait, vite, les quatre autres logements étant vides,
suis descendue pour connaître la suite, ni lui ni le propriétaire
auquel il téléphonait ne pensait à la solution simple,...ai
téléphoné à des plombiers jusqu'à en trouver un, il est arrivé,
et conclu qu'il ne fallait pas, non plus, utiliser l'évier au
moment où la garniture des pâtes étaient sur le feu, qu'il ne
savait pas s'il pourrait intervenir (plein de gentillesse et de bonne
volonté au demeurant)
ai
pris mon sac, suis allée demander à un restaurant sur la place
nourriture et toilettes, me suis pour une fois assez appliquée pour
manger proprement des linguines, mais si elles étaient bonnes,
carcasse un tantinet nouée a rapidement déclaré forfait, et refusé
le changement de cadre pour le reste...
suis
revenue, l'antiquaire devenu plus gracieux à force de désespoir
tentait de joindre quelqu'un venant avec un camion dégorger
l'évacuation...
Bon
j'en ai fini avec le sordide parce que ne pouvant rien faire pour
eux, suis partie, forçant carcasse au sourire vers le Cloître Saint
Louis et une des deux plus grosses expositions du Parcours de
l'art... d'où suis revenue un peu avant cinq heures pour apprendre
que tout était réglé et qu'il était inutile que je cherche une
chambre d'hôtel.
Ai
pris force photos, vais en rester pour aujourd'hui à la petite salle
du rez-de-chaussée, et à la galerie avec l'accueil que m'adressait
ce gros tuyau non utilisable, oeuvre de Cora
von Zezschwitz (qui travaille à Uzès, et qui expose aussi aux
Célestins et à l'hôtel de Forbin où la retrouverai certainement)
sur
le catalogue elle cherche une
dialectique entre le visible et l’invisible, entre l’apparaître
et le disparaître, là où se trouve le « paraître ». (vais
chercher le rapport avec ce bout d'intestin jaune, séduisant au
demeurant)
Sur
le mur face à la porte et sur le mur contre l'escalier, de grandes
et belles photos d'un couple qui se fait appeler Les Niveaux (que je
retrouverai aux Célestins – Athis Mons)
Le couple Les Nivaux
voyage avec un véhicule équipé d’un studio numérique
composé de scanners de bureau. Ils parlent de nomadisme artistique
et de photoportation. Leur travail sur les mains en Afrique nous
livre comme des empreintes ethnographiques de leurs rencontres.
Tandis que celui sur les sols nous parle d’histoire et de mythes.
S'opposant
ou s'alliant à ce profond noir et blanc, sur le même mur, éclatent
les couleurs, huile sur canevas, de Vanessa Wallet Hardi (Annecy –
aussi aux Célestins et chez Arts UP) https://www.vanesahardi.com
Au
centre de la salle, mon petit coup de coeur, pour les têtes de Kun
Kang, coréen de Paris (aussi aux Célestins)
https://www.kangkun.net/
À travers des objets
symboliques comme une aiguille, des fils, du silicone, les portraits
expriment les émotions que je provoque en moi, ma perturbation
d’identité et la situation ambiguë que m’impose la société.
Je traduis métaphoriquement mes réflexions sur la fixation de
l’identité par autrui dans des autoportraits sculptés et
dessinés.
Occupant
tout le mur sur la galerie du cloître, très coloré, très
figuratif, et qui, contrairement à mes goûts habituels, m'a séduite
(recommande aussi son site
http://gangloffjoel.wixsite.com/gangloffjoel
oeuvres, textes, ) Joël Gangloff (Romans-sur-Isère, exposé aussi
aux Célestins et à l'hôtel de Forbin)
Avec le sujet, je veux
retrouver la sensation première, fabriquer la couleur, peindre
l'émotion...
J’écris
l’envahissement, je déchiffre sa luxuriance, le fouillis,
l’enchevêtrement, ralenti par l’apesanteur qui gravit vers la
lumière. Superposition, recouvrement, je recherche de la profondeur.
Le glacis du temps,
rapidité, urgence de la matière,
coulure, verticalité
de l’histoire. J’étale, je structure, je détruis, l’ensemble
pour faire l’horizon du présent.
Paysage frontal, portrait-miroir d’une nature.
Paysage frontal, portrait-miroir d’une nature.
Ressenti intérieur de
l’extérieur,
nourri par des études
d’après nature reconstruites par l’imagination.
Restait,
discrète, dans la pénombre, et en panne de son (deux garçons
s’affairaient lentement) une jolie vidéo de Benjamin Just que je
retrouverai au deuxième étage/
Mais,
si ces photos, entre reflets et crispation, sont assez piètres,
celles des étages supérieurs où se trouvaient choses belles ou
intéressantes ou les deux, me semblent encore pire.
PS
morale
de l'histoire. J'ai maintenant une vie trop douce, réagis mal aux
contrariétés...
12 commentaires:
Carcasse exagère : si vous ne pouvez plus manger de linguines!
oh j'en ai tout de même mangé la moitié à peu près et tous les cèpes (en plus n'avais pas envie de rentrer vite)
Des "péripéties", comme dirait le Grand Ordonnateur des pompes funèbres invalidées.
Vous réussissez toujours à vous rattraper sur place : l'Aquarius, sur son quai marseillais, restera à quai.
Dominique, et bien loin d'y être pour quelque chose, j'en suis furieuse
Laisser passer les contrariétés et ne garder que le meilleur...
Marie Christine j'ai expulsé le mauvais en le disant (et je sais ne devrais pas)
me rester à trier ce qui n'est pas trop trahi du meilleur
Quelle aventure éprouvante et tes images me séduisent autant que la phrase jubilatoire de Dominique je note pour mes archives!!!!
les photos sont quand même intéressantes, les têtes impressionnantes
grand merci à vous (Claudine, mais d'autres beautés dans les étages ont fui mon appareil.. vais tenter de sauver des pépites)
Vivacité de l'esprit devant l'imprévisible. Il est remarquable de voir avec quelle souplesse vous mettez en place des solutions de rechange par rapport à une contrariété matérielle. Restaurant, hôtel si nécessaire, que sais-je.........Mais le plus étonnant est votre faculté, envers et contre tout, de continuer vaillamment à préserver votre curiosité culturelle et de partager celle-ci. Desproges aurait dit : "étonnant, non ?".
on apprend à se sauvegarder plus ou mois facilement (et j'avais la chance d'un compte en banque regarni un peu… quitte à supprimer s'il le faut un peu de superflu)
j'adore les mains au point que j'ai chipé une de tes photos pour la coller sur mon carnet de lecture pour illustrer "Un monde à portée de main" de Maylis de Kerangal que tu illustres si bien quotidiennement!
Enregistrer un commentaire