réveil excessivement
tardif, activité qui tentait d'être à la fois efficace et rapide,
ce qui était, me concernant, deux impossibilités
le bleu filtrant son
sourire à travers l'étendue blanche des premières heures au dessus
de ma cour a perdu son pouvoir et ce fut une journée sans lumière,
comme se réservant, retenant avant la pluie
lu quelques pages,
promenade enchantée, bigarrure de voix qui devenaient toutes voix de
Christine Jeanney, de la langue de la girafe
https://t.co/WzmMJHQqaf
qui le sont devenues plus encore lorsque je l'ai écoutée https://soundcloud.com/cestabrupt/la-langue-de-la-girafe-c-jeanney
écouté
la lecture par François Bon de sa traduction de la chose sur le
seuil de Lovecraft https://youtu.be/f_pybGPPWdA
rêvé
en me promenant dans les petits ports après Gênes sur
google.street.view en écoutant de modernes griots
et lu
les 28 (je crois, il faudrait que je recompte) dernières contributions à l'atelier du tiers.livre en
4000 mots – recherches sur la nouvelle avec quelques moments de telle admiration que m'auraient dissuadés si je n'avais pris les devants, signe que je suis moins détachée que le prétends http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?rubrique17
et ma
foi, n'ai guère fait davantage, alors je reprends ma réponse à la
proposition 7 de François Bon sur https://youtu.be/-hhNEr1w9zA
Les yeux sur les poutres
du plafond, sur la légère ombre que pose la poussière sur
l'arrondi au contact des lattes, sur une entaille laissée par
l'outil du charpentier, sur un éclat dans la peinture lasse, me
demander d'où sont venus, avec l'âge, ce rite, ce risque : écrire,
et comme c'est ce que prétends d'ordinaire avec une certaine dose de
sincérité, pointe vaguement l'idée que c'est une façon de marquer
la course des jours, une tentative d'ancrage dans le réel, fut-il
parfois assez éloigné de la réalité, le soupçon souriant que je
renoue avec la fillette qui, sous les muriers de l'avenue, là où
nous attendions un car scolaire, infligeait chaque matin à ses
petites soeurs, un nouveau fragment improvisé d'une histoire – me
souviens d'un oiseleur – ou qui, le soir, remplissait un cahier
moins secret qu'elle ne l'imaginait de phrases, de petites histoires,
qui se voulaient osées. Pour cela ou non, timidement, me défendant
soigneusement d'y mettre un enjeu, avec un plaisir qui devient
nécessité, je suis entrée dans un monde où l'écriture se fait
besoin – me reste pourtant de ma vie d'antan l'impératif, presque
toujours respecté, de ne jamais effleurer mes petits démons cruels,
qu'importe si je reste dans une aimable médiocrité, compte le
plaisir des mots, de leur mise en ordre, d'une petite musique puisque
suis réellement inapte à en produire une autre. Ce m'est soutien,
médicament... Seulement, comme ne suis pas un écrivain, et parce
que l'organisation, le sérieux, ont bien trop enserrés mes jours
pour que je ne tente pas maintenant de les éviter, ne le pouvant pas
vraiment parce que l'habitude est une bête indomptable, je n'ai pas
de véritable rite. Il y a ces moments entre deux réveils, la
délicieuse somnolence entre l'aube et le saut dans le jour, où
viennent des idées, des mots, des syllabes à compter pour que
demeure l'impair, le sentiment que tout est clair, quand s'énoncent
des phrases, des poèmes qui, si je n'ai pas sauté hors des draps
pour gribouiller une ébauche sur un carnet, s'effaceront dès que je
reposerai un pied sur les carreaux de terre cuite, que j'aurai poussé
les volets bleus, levé les yeux vers le soleil, bu le reste du café
de la veille... Il y a l'eau de la douche qui emporte les soucis, les
petites douleurs de l'entrée dans la quotidienneté et ces moments
où la pomme et le gant, immobiles, laissent couler sur moi une eau
accompagnée d'une formule, d'une phrase que je tente de figer, que
je me remémore en m'habillant, m'interrompant pour les écrire si
elle résiste. Il y a surtout la marche, mes yeux qui flottent sur
les pierres familières, la lumière, leur amitié ou leur mutuelle
ignorance, les êtres rencontrés qu'il n'est pas d'usage de scruter
et qui laissent une trace pleine de possibilités dans un coin de la
mémoire, un poème qui vient, que je note sur le minuscule carnet
extrait de la profondeur de mon sac, si petit qu'une page ne contient
qu'une dizaine de mots. Il y a les jours où l'été descend dans ma
cour sans être encore morsure douloureuse, où adossée aux pierres,
les paupières fermées sur de mouvantes lueurs violettes, je tente
de décrypter les images et idées qui tournoient lentement sous mon
front que le soleil repasse, avant de faire un pas et de me pencher
sur la table bouffée par les orages, le carnet expédia ou, en son
absence, les pages de garde du livre abandonné, et noter avec le
crayon, le stylo bille, l'outil qui git à côté – outil objet de
hasard, quel qu'il soit à condition d'être lisse, sans facettes –
et d'inscrire quelques mots que j'aurais du mal à relire, comme les
notes prises dans le noir pendant un spectacle, supports avec
lesquels ma mémoire jouera éventuellement si je décide d'en tirer
parti. Il y a les jours vides où je choisis une image, la fixe
jusqu'à ce qu'en jaillisse ou suinte quelque chose qui, vaille que
vaille, deviendra petit billet. Il y a le principal, quelle que soit
l'heure où je le décide – si possible quand je crois disposer
d'une longue plage de temps – : ma chaise, qui devrait aller chez
un rempailleur et le coussin brodé qui la protège, le contact
contre la base de mes paumes de l'acajou de la table-bureau héritée
de mon grand-père, pendant que les doigts dansent – un peu trop,
je dois les faire revenir en arrière pour corriger les fautes de
frappe – sur le clavier de l'ordinateur, le carnet posé à côté,
dont je recopie scrupuleusement les mots ou que je dédaigne pour
broder à partir de ce dont je me souviens, l'écran sur lequel un
fichier qui se garnit peu à peu, cache presque complètement le
dernier texte lu.
10 commentaires:
j'aime bien la deuxième photo découpée en 4, personnellement ça me donne envie de vous prendre dans mes bras
c'est gentil (en fait ce sont quatre photos plus ou moins éloignées dans le temps)
beau texte. je dirais "pareil" pour les couleurs si je savais écrire. un ami commun disait "tendre les mains" pour recueillir les mots
Claudine mais parmi "les petits jeunes" ou plus jeunes il y a des choses bien plus abouties
Beau travail Merci du partage cela rend meilleur de lire ainsi "bellement" comme tu dis souvent
oh on lit tout aussi bellement sur tiers livre (et il y a là des textes bien meilleurs)
"Les yeux sur les poutres du plafond". Seraient-elles en attente de mots de sagesse ?
même si le plafond n'est pas très haut elles sont mon lointain
Vous écrivez à la main avant de vous mettre au clavier ? :-)
je note les idées qui me viennent quand je pense qu'elles vont fuir avec l'action dans laquelle suis, et puis je me base sur elles ou parfois sur la piste qu'elles me suggèrent (comme tout le monde, non , surtout si mémoire aussi fuyante que la mienne)
et puis parfois je suis loin de mon ordinateur, ou d'autres fois je m'en éloigne pour ne pas être tentée de m'interrompre pour lire un peu n'importe quoi et tenter de trouver un espace de temps vide
chacun ses manies
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