Bleu tendre couronnant la
cour et ferme détermination, m'en suis allée, trouvant face à moi
nuages blancs espacés ou masses grises,
enfilant la rue Carnot, de
travaux en livres, et m'arrêtant un instant devant la vitrine de La
Mémoire du monde, un instant un peu trop long parce qu'un désir
impérieux m'a poussée à entrer pour en ressortir très vite mais
avec un livre d'un peu plus de six cents pages, alors que je ne
voulais plus en acheter pour pouvoir relire et parce que pas beaucoup
de place ni pezzettes, alors que me demandais comment j'allais porter
ce que j'allais quérir, alors que n'en savais rien de ce livre mais
parce que le nom de l'auteur et le titre était des aimants.
Ai continué jusqu'au
Carrefour de la rue Carnot, erré un peu parce que n'en ai pas
l'habitude et puis pour déterminer ce que pouvais prendre parmi ce
qui figurait dans la petite liste griffonnée avant de partir après
avoir vu sur la page Facebook de Rosmerta quels étaient les besoins
les plus urgents (ce qui m'avais mise en mouvement) et qu'au bout
d'un moment, poussant le panier de plastique avec mon pied, j'ai
réalisé qu'il fallait limiter un peu la masse (peu onéreuse mais
pesante) de ce que devrai porter ensuite. (et l'ambiance à la
caisse, plus encore que dans mon supermarché habituel, était preuve
que la formule «sans caissière» est une mauvaise action non
seulement pour les femmes privées d'un emploi même de très très
piètre qualité mais tout autant pour les braves gens du quartier)
suis ressortie, ayant
réparti entre couffin et sac deux litres d'huile de tournesol, deux
litres d'huile d'arachide, moi qui ne les aime pas, deux litres de
lait frais, une grosse boite de thon (en avais remis deux en rayon
parce que ne pouvais soulever charge), cinq cent grammes riz
basmati, deux gros paquets riz long, un paquet farine, huit patates
douces, dix oignons, un filet gousses d'ail, un bidule dont je ne me
souviens plus, ayant renoncé aux pots de coulis pour cause de charge
et oublié stupidement les oeufs... et un peu de bleu m'a saluée.
Ai patienté un moment
devant la porte dûment décorée, légendée que le bruit que
faisais (aucune sonnette ne fonctionne) attire une grande, racée,
souriante femme... un petit piapia avec des renseignements qui
passaient rapides,
et suis repartie avec mon couffin, mon sac, mon
livre, pour rejoindre la rue que j'appelle du conservatoire, juste au
moment où des mères en sortaient avec de très jeunes musiciens
La place Pie avait presque
l'animation détendue d'un samedi printanier et, même si je n'aurais
eu besoin d'aller aux Halles que mardi,
ai fait un petit marché
(cédé aux premières asperges que j'ai vues cette année,
renforcé provision morue et pommes de terre de Camargue et
vertueusement remplacé l'habituel dos de cabillaud par un peu de
lieu noir, sélectionné légumes et fruits pouvant attendre)
et comme cela ne pesait
point tant lourd, j'ai pu m'offrir quatre euros de primevères qui
suffisaient à me mettre en petite joie (avec le plaisir des
rencontres rue Pasteur)
et m'en suis revenue,
avançant vers le bleu qui avait choisi de s'étendre sur le fleuve
et mon coin de ville.
Sorti, feuilleté très
très vite, juste pour le plaisir de le toucher, avec une attente
intimidée et respectueuse, le livre qui est le premier tome (ce qui
nous soulève) de Désirer désobéir de Georges Didi-Huberman
http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-D%C3%A9sirer_d%C3%A9sob%C3%A9ir-3293-1-1-0-1.html
et j'ai réconforté le
dernier petit narcisse survivant en l'épaulant avec les primevères
pour qu'ils me disent bonjour le matin.
13 commentaires:
bravo cara brigetoun !
molto grazie
Des "Citron" comme dans les films sur la Résistance...
Il doit être très bien, comme d'habitude, ce Didi-Huberman (on le croise parfois dans le Xème...). :-)
Il reprend d'abord quelques textes figurant dans le programme de l'exposition "soulèvements au Jeu de Paume (je crois), et d'autres dans des revues et il complète avec de nouveaux
Errer sous le ciel tremblant
un cabas d'impatience rempli
pour soutenir un siège
en vitrine
aperçu le très intéressant n° d'América
la race chez Trump.
encore un mois avant les asperges allemandes...
De belles images et pour finir un bien beau bouquet printanier qui te mettra en joie dès les prochains matins.
oui mais suis obligée de me limiter un peu Pierre (d'autant que je lis de moins en moins… enfin encore mais moins, et avec tendance à revenir en arrière, à rêver sur une phrase, à partir vers autre chose à quoi elle m'a fait penser
Claudine, j'essaie de privilégier le local
Tanette en tout cas ce matin… mais ça ne va pas durer très longtemps et je jetterai me sentant coupable le pot dans les ordures ménagères (pas le courage de prendre un car pour aller à la déchetterie - shame)
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un peu surprise mais d'accord (sorry je ne me risque pas à l'anglais....)
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